Sofia Borges — Les artifices — Galerie White Project — Exposition — Slash Paris

Passé : 9 novembre → 21 décembre 2013

Sofia Borges joue avec la photographie. Si par « jouer » on entend interroger, questionner, interpeller inlassablement la photographie, en tant que moyen intermédiaire d’accession à la réalité. Car en effet — qu’on ne s’y trompe pas — dans ces grands formats qui lui valent d’ores et déjà une reconnaissance certaine dans son pays natal, le Brésil, ce n’est pas tant le sujet, en soi, qui focalise l’attention de l’artiste, que le langage utilisé pour traduire cette réalité ; la photographie elle-même.

Mais si Sofia Borges joue bel et bien, c’est à la façon de ces enfants sages, conscients et lucides de leur environnement, bien décidés à ne tenir pour allant de soi la réalité ou les différents moyens la transcrivant, jusqu’à se faire passer pour elle. Jouant sur le couple signifiant/signifié, Sofia Borges a retenu la désormais célèbre leçon de la Trahison des images de Magritte : « Ceci n’est pas une pipe ». Ou pour le dire à l’affirmative, ceci est la représentation d’une pipe. Davantage encore que la peinture — dans le cas de Magritte — la photographie se donne pour illusionniste, pour neutre et immédiate impression de la réalité. Et c’est bien sur cette intersection précise que l’artiste travaille, puisque la photographie n’est pas la réalité, mais un langage puisant dans cette dernière. Un langage aboutissant à une représentation, à un sens, auquel l’artiste s’intéresse en ce qu’il est possible de le subvertir et de le manipuler.

Celle dont on parle en tant que « plus jeune artiste sélectionnée pour la trentième biennale de São Paulo » ne choisit pas une position de confort. Pour elle comme pour le spectateur. Volontiers inquiétant et étrange, son travail réside dans le fait de se poser des questions, pareillement adressées à l’encontre du spectateur.

Sofia Borges, née en 1984 est diplômée en Arts Visuels de l’Université de São Paulo. Elle vit et travaille entre São Paulo et Paris.