Blair Thurman
Exposition
Blair Thurman
Passé : 18 octobre → 30 novembre 2012
Retour à l’œil et au-delà
« Certain feu prétend vivre, il s’éveille ; se guidant le long de la main conductrice, il atteint le support et l’envahit, puis ferme, étincelle bondissante, le cercle qu’il devait tracer : retour à l’œil et au-delà. »
Au-delà de l’aspect monochromatique, l’artiste peint parfois des lignes qui reprennent les formes ovales et circulaires de la structure, ce qui renforce l’aspect sculptural et grâce aux effets de painterly brise l’illusion et le littéralisme d’un « What you see is what you see ». Car, ce que vous voyez est un Blair Thurman. A l’image d’une carte de visite géante (My Business Card, 1996), la forme ovoïde devient à la fois un motif, un symbole, mais aussi un signe et une signature. Le travail Blair Thurman est révélateur de l’évolution de l’abstraction dans les années 1980 et leur contexte appropriationniste, et cela à travers un double mouvement : l’ouverture du champ pictural et symbolique et une mise à distance de l’abstraction et du minimalisme des années 1960-1970. L’œuvre abstraite de Thurman retrouve la vision de la sensation des débuts de l’abstraction qui puise ses origines dans la théorie des vibrations. De la même manière que le son, le spectre lumineux transmet des ondes, que l’artiste observe dans la nature et traduit subjectivement dans sa peinture. « La vie est caractérisée par la vibration. Sans vibration il n’y a pas de vie. Le monde entier est soumis à cette loi. Individuellement nous formons un tout ; notre organisme est actionné par un moteur unique et, suivant la plus ou moins grande perfection de cet organisme, nous sommes plus ou moins capables de vibrer et par conséquent de sentir ». Thurman perçoit quant à lui dans le monde contemporain, l’esthétique automobile comme une forme de pureté formelle, vivante et vibrante. L’abstraction s’inspire de la réalité, mais en même temps vient la recodifier à travers des formes simples. Cette présence de la subjectivité dans l’œuvre de Thurman se traduit aussi par les titres souvent liés à des anecdotes personnelles, des références cinématographiques ou des jeux de langage. Le caractère libidineux des titres American Sluts 2 (1998) ou Just Passing Through (2008) confirme les ambiguïtés interprétatives de ces toiles évidées en leur centre, ouvertes directement sur la blancheur virginale du white cube. Cependant si la peinture permet d’évoquer par la pulsion scopique les sensations extatiques et érotiques, la réalité de la vie rejoint celle de la mort. Que ce soit avec Mr. Black (2008), un shaped canvas qui rend hommage à Parrino, l’installation lumineuse Mask of the Special Red Death (2009) ou l’allusion d’un titre à « Mr. Whoppit », la mascotte du recordman Donald Campbell retrouvée flottante sur le lac dans lequel ce dernier perdit la vie à plus de 300 miles/heure. Une œuvre telle que The Tunnel at the End of the Light (2009-2012) peut-être lu de plusieurs manières : l’image d’un circuit automobile, d’un cercle de feu dans lequel viendrait sauter un tigre ou encore celle d’un capteur de rêves amérindien. Dans tous les cas, la figure du cercle est présente comme le symbole du passage entre deux mondes, entre un « avant » et un « après », un « ici » et un « au-delà » dont on ne peut pas toujours revenir. Une forme d’infini. I Turn Left I Turn Right I Go Straight.
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous
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