Thomas Fougeirol, Black Sun

Exposition

Dessin, peinture

Thomas Fougeirol, Black Sun

Passé : 2 avril → 7 mai 2011

Thomas Fougeirol utilise depuis de nombreuses années des surfaces trempées dans la peinture et appliquées sur des toiles, généralement de grandes dimensions, pour réaliser des sortes de contacts, des empreintes, qui mettent ses œuvres au plus près du réel. Commencée avec des rideaux, l’œuvre a continué avec des draps, des grilles métalliques. Tous les objets ont des volumes ou une trame, avec plus ou moins de reliefs qui permettent à la peinture, lors du contact, d’occuper le tableau de façon all over.

« En 2008, j’ai travaillé sur cette série, que l’ai appelée les « Crash Curtain », accidents de rideaux, qui posait la question de l’ornement. Ces rideaux, je les froissais ou les tendais à l’extrême avant de les appliquer sur la toile. La laideur de ces rideaux ayant déjà vécu disparaît pour ne laisser que la trace des ornements, arabesques, une deuxième vie en quelque sorte. Puis j’ai utilisé des draps d’hôpitaux ; le résultat, très abstrait, esquisse une géographie lunaire, organique, explosive. La dernière série, entièrement noire, est une sorte d’aboutissement, il ne reste que quelques plis, qui donnent l’impression d’être face à des champs électriques. Si on transposait cela dans le champ sonore, je voudrais arriver à réaliser ce que l’on appelle le bruit en musique, c’est-à-dire qu’il n’y aurait plus de musique mais seulement les cracks du disque. J’ai toujours voulu me placer dans un espace entre radiographie, négatif photo, peinture, empreinte. Une espèce de machine sensible qui déjouerait les attentes. »

Thomas Fougeirol est un de ces artistes qui se posent éternellement des questions sur la mise en place des processus utilisés, sur leurs significations, sur leurs buts ; tout en sachant qu’il n’y aura jamais de réponse, et que l’œuvre restera empirique. Ce n’est pas un peintre abstrait qui utilise la figuration, mais un peintre figuratif qui produit de l’abstraction. Son rapport au tableau est extrêmement physique et souvent, il le malmène pour tenter d’en extraire autre chose que ce à quoi on peut s’attendre avec le medium.

Il cherche à neutraliser l’expressionnisme en peinture en supprimant la main mais paradoxalement, le corps s’y retrouve tout entier. Le fait de mettre en contact des objets avec la surface à peindre le contraint, en effet, à déployer tout son corps pour presser et appliquer les matières sur la toile. On remarquera cependant que Thomas Fougeirol se transpose sur la toile sans que jamais l’on puisse voir la moindre trace de sa présence, avec une distance suffisamment grande pour que les regardeurs puissent s’y projeter entièrement, construisant ainsi deux sortes de leurres : il est dans sa peinture tout en donnant l’impression de ne pas y être, évitant le côté « aime-moi, je suis dans la toile », il nous empêche de réduire le travail à un simple constat de virtuosité. Il ne dénigre pas le savoir-faire, mais estime que la main qui tient le pinceau fait apparaître les formes selon des codes extrêmement intégrés, usités, donc devenus normatifs qui donnent à la peinture un caractère d’évidente lisibilité. Pour ce faire, les mécanismes de départ sont déconstruits pour fabriquer un nouveau vocabulaire. (…).

Extraits de l’entretien avec Alain Berland, Particules, N°27, Janvier-Mars 2010
  • Vernissage Samedi 2 avril 2011 11:00 → 20:00
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5, rue des Haudriettes

75003 Paris

T. 01 45 86 20 00

www.praz-delavallade.com

Rambuteau

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h

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