Tony Cragg — Sculptures
Exposition
Tony Cragg
Sculptures
Passé : 21 février → 16 juillet 2016
La Galerie Thaddaeus Ropac de Pantin présente une importante exposition d’œuvres récentes de Tony Cragg, figure majeure de la sculpture contemporaine. L’exposition réunit 25 nouvelles œuvres de l’artiste réalisées en acier, en bronze, en bois, en fibres de verre et en pierre. L’événement se déroulera en parallèle de l’une des expositions monographiques de l’artiste organisée au musée de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg (de mars à juin 2016) ainsi que de la rétrospective du Von-der-Heydt-Museum de la ville allemande de Wuppertal (d’avril à août 2016).
Venu à la sculpture par l’entremise de la performance et du land-art anglais, la pratique de Tony Cragg continue de se distinguer par une formidable richesse et créativité plastique. L’artiste se définit comme “matérialiste”, dans la mesure où le cœur de sa démarche réside dans l’exploration des matériaux. Entre ses mains, les objets récupérés et les déchets industriels, empilés, entassés, amoncelés, se prêtent à des interprétations inattendues. Dans ses œuvres récentes, il privilégie l’acier, le bronze et le bois pour créer des accumulations de strates presque géologiques.
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« Le matérialisme de Cragg revêt plusieurs significations. Dans son appréhension la plus large, il implique un point de vue philosophique, une conception du monde centrée sur les phénomènes physiques et les circonstances qui y sont liées directement. Son œuvre développe une conception de l’être humain façonnée par sa relation à l’environnement- des formations géologiques aux constructions urbaines, des outils que nous utilisons pour modeler le monde, aux meubles et aux objets que nous produisons pour satisfaire nos besoins. »
Lynne Cooke, dans Tony Cragg: Signs Of Life, cat. exp. Málaga, CAC, 2004
Depuis quelques années, têtes et visages constituent des leitmotive de l’œuvre de Tony Cragg, et ses sculptures sont rythmées par un puissant mouvement de spirale. Les strates et les contorsions de la matière donnent naissance à des paysages corporels faits de pleins et de vides comme dans un jeu de positif-négatif. Tony Cragg conçoit ses sculptures à partir de « sédiments artistiques qui semblent provenir de strates temporelles de différentes ères » (Eva Maria Stadler, 2008.) L’étirement horizontal de ses formes biomorphiques rappelle les procédés employés par les futuristes italiens Umberto Boccioni et Giacomo Balla pour recréer l’impression de vitesse, tandis que l’élan vertical de ses sculptures érigées en colonnes n’est pas sans évoquer Constantin Brancusi, qui tendait lui aussi vers une simplification des formes naturelles au moyen d’un vocabulaire abstrait. Que ce soit dans ses micro ou macrostructures, la nature constitue le thème dominant de l’œuvre de Tony Cragg au cours des dix dernières années (à l’instar des sculptures monumentales Must Be, 2012, Mean Average, 2014 et Contradiction, 2014, qui seront présentées lors de l’exposition).
Pour sa série intitulée Early Forms et commencée à la fin des années 1980, Tony Cragg a réalisé un ensemble de sculptures uniques inspirées de récipients de toute sortes — de la gourde antique au tube à essai, en passant par le pot de confiture, et la bouteille de détergent — qu’il a déformé et étiré pour créer des formes nouvelles. Le titre de la série se réfère au fait que les récipients sont les artefacts les plus simples et les plus anciens crées par l’homme. En termes archéologiques, ce sont des marqueurs culturels essentiels. Au cours des années 1990, Tony Cragg fait évoluer ses Early Forms de manière de plus en plus complexe. Dans ses sculptures les plus récentes, l’artiste prolonge le concept initial de sa série, tout en poussant l’élasticité et le mouvement de ses compositions à un point tel qu’il devient difficile de croire qu’elles soient faites en bronze. La sculpture monumentale Stroke (2014), gigantesque coup de pinceau figé, semble exemplaire de cette recherche de dynamisme menée par l’artiste.
Ses dernières sculptures se caractérisent également par une nouvelle manière de délimiter et de modeler la forme, à l’œuvre dans Hardliner (2013), Parts of Life (2014) et Parts of Life II (2015), dont les surfaces extérieures semblent avoir été découpées presque sans effort.
Les œuvres de Tony Cragg « ne sont pas des objets fermés, ils ne sont pas des ébauches totalement imperméables de réalités. Au contraire, leur façonnement particulier, leurs rongements perforants ou leurs lignes aventurées, tout cela les convertit en structures ouvertes, en béantes incitations à une hypothétique universalité. Il s’agit des structures d’une langue sculpturale prête à communiquer avec l’autre, le différent, prête à s’ouvrir au dialogue. Cependant, les contours de ces sculptures ne présentent jamais des structures géométriques classiques, elles ne sont pas des récits visuels traditionnels. Le regard du spectateurs tombe sur elles et, après le contact initial, se trouve livré à une seconde lecture, faite de surprises optiques, de déséquilibres visuels, qui pourtant sont entre eux organisés de manière à ce que, malgré leur apparente anarchie, ils aient finalement un équilibre géométrique sans règles. » (Demosthenes Davvetas, 2016)
Tony Cragg se distingue par une quête incessante de formes inédites, mêlant les composants biomorphiques aux références technoïdes. On pourrait, pour décrire sa démarche, se référer à la conception de l’art énoncée en 1911 par un autre sculpteur, Raymond Duchamp-Villon : « Les arts n’ont point pour but unique la description, ni l’imitation. Ils créent des êtres inconnus avec des éléments toujours présents mais non apparents. » (Note manuscrite de Raymond Duchamp-Villon, reproduite dans Raymond Duchamp-Villon, cat. exp., Rouen, Musée des beaux-arts, 1976)
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Tony Cragg, né à Liverpool en 1949, vit et travaille à Wuppertal depuis 1977. Il a étudié au Gloucestershire College of Art and Design de Cheltenham (1969-1970), avant d’intégrer le Royal College of Art de Londres en 1973. Son œuvre acquière une visibilité internationale dès les années 1980, grâce à sa participation à la Documenta de Kassel de 1982 et 1987, à la Biennale de São Paulo en 1983, à la Biennale de Venise en 1980, 1988 (où il a représenté la Grande-Bretagne), 1993 et 1997. Lauréat du Prix Turner en 1988, il a également reçu le titre de chevalier des Arts et des Lettres en 1992. Depuis 1979, Tony Cragg enseigne à l’École des beaux-arts de Düsseldorf, où il occupe une chaire depuis 1988. Il occupe également une chaire de sculpture à l’École des beaux-arts de Berlin depuis 2001. Membre de la Royal Academy of Arts de Londres depuis 1994, il est élu à l’Akademie der Künste de Berlin en 2002. En 2007, il reçoit le Praemium Imperiale. En 2009, il succède à Markus Lüpertz en tant que recteur de l’Ecole des Beaux-Arts de Düsseldorf (jusqu’à fin 2013). En 2013 et 2014, Tony Cragg donne de nombreuses conférences au Collège de France de Paris.
Plusieurs grandes institutions à travers le monde lui ont consacré des expositions monographiques à partir des années 1980, parmi lesquelles : la Kunsthalle de Berne (1983), le Louisiana Museum d’Humlebæk (1984), le Brooklyn Museum (1984) de New York, le Kunstsammlung Nordrhein-Westphalen de Düsseldorf (1989), l’Art Institute of Chicago (1990), le Musée national centre d‘art Reina Sofia de Madrid (1995), le Von der Heydt-Museum de Wuppertal (1999), la Tate Liverpool (2000), la Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland de Bonn (2003), le Neues Museum de Nuremberg (2005), le Lehmbruck-Museum de Duisbourg (2007), le Musée du Belvédère de Vienne (exposition avec F. X. Messerschmidt en 2008); la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe (2009), le Museum der Moderne de Salzbourg (2009), la Scottish National Gallery d’Édimbourg (2011), Nasher Sculpture Center de Dallas (2011), ou encore le Museum Kuppersmühle de Duisbourg (2011). En 2011, le Louvre a accueilli neuf œuvres de Tony Cragg, dont une sous la pyramide d’I.M. Pei et les huit autres dans les cours Marly et Puget. En 2012, une rétrospective itinérante est allée au Himalayas Art Museum de Shanghai, au MOCA de Chengdu et à la Central Academy of Fine Art Museum de Pékin. D’importantes expositions monographiques ont également été menées en 2013, 2014 et 2015 au Musée d’Art Moderne de Saint Etienne, au Heydar Aliyev Center de Baku en Azerbaïdjan, et au Musée Benaki d’Athènes.
Pour accompagner l’exposition, la publication d’un catalogue comprenant des essais critiques de l’artiste, philosophe et poète grec Demosthenes Davvetas est prévue pour avril 2016.
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Rencontre & signature Evénement Samedi 23 avril 2016 à 15:00
Discussion entre l’artiste et Demosthènes Davvetas à propos de la publication du catalogue de l’exposition « Sculptures ». À partir de 16h, signature de la publication.
L’artiste
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Tony Cragg