Tragique du paysage — Chapitre I — Galerie Eric Mircher — Exposition — Slash Paris

Passé : 7 mai → 18 juin 2011

« Tragique du paysage » est le mot fameux du sculpteur David d’Angers qui découvre une toile de Gaspard Friedrich La mer de glace, il aura cette célèbre phrase pour définir l’art de Friedrich : « Voilà un homme qui a découvert la tragédie du paysage. » Si le titre reprends ce mot connu, il ne s’agit pas forcement de paysages « tragiques » au sens littéral mais plutôt une exposition montrant comment des artistes aujourd’hui perçoivent le paysage dans l’art contemporain à travers la peinture, la photographie.

Si selon Oscar Spengler¹ la nature est une expérience saturée à fond par un contenu personnel, on peut dire que le paysage en général n’existe pas. Il n’y a que des natures singulières et lorqu’on saisit l’existence humaine dans sa dualité concrète : temporalité et spacialité se correspondent.

En allant plus loin et pour dépasser tout déterminismes, on peut alors parler selon le philosophe japonais Watsuji Tetsuro² du paysage comme « médiance » : le paysage comme moment structurel de l’existence humaine dans un milieu donné. L’artiste, membre d’une communauté à un moment historique est le témoin privilégié de ces moments structurants qui forment ce que nous nommons le paysage. Il en décèle ses lignes de forces, les souligne ou les dénoncent. Chaque artiste ici à travers la peinture ou la photographie nous montre ce qu’est un le paysage, ce milieu prairial, en Europe. C’est donc la peinture de paysage qui nous a appris à voir les paysages.

Comme la perspective, le paysage met le spectateur au centre et à distance de sa construction : sans regard, pas de tableau, pas de paysage. Il n’est pas seulement objet de nature mais aussi construction culturelle, une invention.

¹ Oscar Spengler Le déclin de l’Occident.1918. I. p 234.

² W. Tetsurô Fudo le milieu humain. Traduction Augustin Berque. CNERS Ed.