Uncoupdedés.net — La Villa Arson

Evénement

Techniques mixtes

Uncoupdedés.net
La Villa Arson

Passé : 16 février 2013 → 19 février 2014

Le centre national d’art contemporain de la Villa Arson joue le jeu avec Jean-Pierre Cometti

Liée par son statut à une école des beaux-arts, un lieu de résidence et une médiathèque, la Villa Arson met en valeur les relations entre création, enseignement, recherche et expérimentation. Les expositions sont issues soit de projets menés en interne, soit de collaborations avec des structures extérieures et s’appuient sur la présence des artistes en résidence. Des invitations sont aussi lancées à des chercheurs désireux de mener sur place des expériences originales, comme ce fût le cas en 2010 de Jean-Pierre Cometti lors du séminaire et de l’exposition Double Bind / Arrêtez d’essayer de me comprendre !

Eric Mangion : « Depuis quelques années nous parlons beaucoup de recherche en art. Il y a encore pas si longtemps de cela nous utilisions le terme d’expérimentation ou d’art expérimental pour désigner la même chose. Comment se situe votre pensée par rapport à ces trois termes « amis » qui peut-être ne le sont pas autant que cela ? »

Jean-Pierre Cometti : « Il me semble que le terme « recherche » a été introduit dans la discussion à partir des dispositions qui ont été prises pour aligner les écoles d’art sur le système LMD (organisation Licence-Master-Doctorat). « Expérimentation » est plus ancien et correspond davantage aux conditions dans lesquelles les pratiques artistiques se sont orientées vers des démarches nouvelles ou réputées telles dont la signification était liée à ce qu’elles mettaient en œuvre de façon plurielle et hypothétique, sans nécessairement s’achever dans un objet susceptible d’en recueillir et d’en épuiser le sens.

Ces termes sont pourtant « amis », comme vous dites, car l’expérimentation, de manière générale, ou l’ « art expérimental » en particulier, participe de la recherche, entendue comme ensemble des démarches destinées à répondre à une situation problématique ouverte sur le champ des possibles, que ce soit en matière de connaissance ou d’inventions pratiques, voire formelles. Si toutefois ces mots sont « amis», je ne suis pas sûr que leurs usages le soient toujours. La recherche, aujourd’hui, dans le champ scientifique ou industriel, est tenue de répondre à des objectifs qui, comme on le sait, s’accordent rarement avec ce que les scientifiques appellent recherche « fondamentale », c’est-à-dire libre de tout objectif contraint, prédéterminé et lié à des intérêts restreints. La performativité et la sélection, au titre d’une logique de l’excellence étroitement instrumentale, en sont la contrepartie. Ce versant est certainement celui dont les artistes ont toutes les raisons de se méfier. Mais l’essentiel n’est pas là. Le plus important me semble résider dans l’habitude qui oppose aveuglément, sous des variantes diverses, l’intelligence ou l’entendement d’un côté et la sensibilité de l’autre. Ce que l’on redoute alors dans la « recherche », c’est une sorte de mise au pas contraire aux démarches artistiques et à ce qu’on se représente comme le « sensible ». On ne dira jamais assez les ravages de ce mot et des dichotomies qu’il traîne avec lui, à commencer par celle qui oppose l’art et la connaissance, voire la pensée, comme deux pôles distincts et antagonistes. Il n’y a pourtant pas l’intellect d’un côté et la sensibilité de l’autre. L’art n’est pas plus étranger à la connaissance que la science n’est étrangère à l’invention et à l’imagination. Il faut éradiquer ces fausses oppositions. (…) »

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