Uncoupdedés.net — Le Cairn, centre d’art

Evénement

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Le Cairn, centre d’art

Passé : 13 février 2013 → 14 février 2014

Le terme de site, souvent évoqué en art contemporain est particulièrement approprié pour qualifier les activités du Cairn, centre d’art situé à Digne-les-Bains, en Haute-Provence alpine. Les artistes interviennent et réalisent des œuvres pérennes sur le territoire protégé de la plus grande réserve géologique d’Europe. Ces créations sont intégrées dans les collections encyclopédiques du musée Gassendi, lui même organisé comme un vaste cabinet de curiosités. Invité à travailler sur ce sujet, le critique d’art Fabien Faure rappelle le lien entre activités de prospection minière des géologues américains et histoire du Land Art.

En 1995, Nadine Gomez, conservatrice du Musée Gassendi de Digne-les-Bains et Guy Martini, qui fonda la Réserve géologique de Haute-Provence en 1984, décident de la création du CAIRN-Centre d’art. Il s’agit à l’époque d’imaginer une structure résolument consacrée à la création contemporaine, qui tienne cependant compte de la spécificité de cette région rurale des Préalpes du Sud, en marge de l’axe rhodanien. Dévolu à la production d’œuvres et d’expositions monographiques, le CAIRN accueille depuis lors régulièrement des artistes en résidence, auxquels il est proposé de travailler « dans l’esprit des lieux ». En d’autres termes, si le CAIRN a pris appui sur la Réserve géologique de Haute-Provence — c’est-à-dire, concrètement, sur le territoire de 200 000 hectares que celle-ci offrait —, nombre d’artistes, en retour, se sont attachés à relire, à interpréter et à reconfigurer les sites constitutifs de ce territoire. De ce dialogue renouvelé depuis bientôt vingt ans sont nées plusieurs dizaines d’expositions et d’œuvres pérennes dans, et surtout « hors les murs ». Il en a peu à peu découlé une collection nettement, et délibérément située. Or, si le terme de site semble aujourd’hui tout indiqué pour qui souhaite éprouver et analyser la spatialité de nombre de propositions tridimensionnelles — extérieures, certes, mais pas seulement —, il peut s’avérer utile, s’agissant des fondements du travail conduit à Digne, de revenir sur les liens unissant l’art récent à la notion de site, elle-même historiquement déterminée.

[…] Confrontés à la constitution d’une culture scientifique géologique, dont la région dignoise est, en Europe, l’un des dépositaires majeurs depuis le 19ème siècle, les aspects précédents portent à reconsidérer le travail réalisé au sein du CAIRN, s’agissant, par exemple, des projets conduits depuis une dizaine d’années par des artistes aussi divers que Mark Dion, Herman de Vries, Andy Goldsworthy et Richard Nonas. Conscient des enjeux hérités de l’œuvre de Smithson, l’Américain Mark Dion a, lors de son exposition personnelle à Digne, durant l’été 2003, subtilement noué les liens unissant un territoire géologiquement surdéterminé et un pan essentiel de l’histoire de l’art récent : recouverte des marnes noires caractéristiques du Pays dignois, la construction en escalier de son Deep Time Closet (For Réserve Naturelle Géologique) cite les conventions nominales gouvernant l’ordre feuilleté des Ères géologiques et, court-circuitant les temporalités, emprunte librement aux configurations sédimentées des Glass Stratum, Leaning Strata et autres Alogons smithsoniens. Deux ans auparavant, lors de sa première exposition au CAIRN, Herman de Vries avait déjà tiré parti de la matérialité des mêmes marnes noires et des suggestions topographiques et paysagères qui leur sont associées. Régulièrement déposées sur le sol, celles-ci formaient un grand rectangle poudreux, traversant la galerie du centre d’art dans toute sa longueur. L’œuvre aréolaire attestait l’intense présence visuelle, tactile et spatiale des « choses mêmes », pour reprendre une expression chère à l’artiste. Depuis lors, de Vries a fréquemment séjourné dans la région. Inauguré en 2003, son Sanctuaire de Roche-Rousse définit un site protégé. Implanté à 1 400 mètres d’altitude, sur un terrain auquel on parvient après une bonne heure de marche, cet enclos semi-circulaire prenant appui sur une paroi de calcaire gris orangé est constitué d’une simple grille en fer forgé : « à l’intérieur, on trouve la vie sauvage, la vie intacte. C’est tout le processus de la nature qui se trouve là », confie l’artiste. Les Sanctuaires sont des espaces dont le caractère d’inviolabilité nous place en position de témoins. Leur efficacité tient à la situation paradoxale qu’ils instaurent : restituant la nature au déterminisme de ses lois et, partant, nous demandant de renoncer à toute forme d’ingérence sur son territoire, ils nous proposent de méditer sur notre appartenance au monde.

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Le Cairn Centre d’Art
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1, boulevard Victor Hugo

04000 Digne-les-Bains

Horaires

Du mercredi au dimanche de midi à 19h

Tarifs

Accès libre

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