Vivien Roubaud — Vide secondaire
Exhibition
Vivien Roubaud
Vide secondaire
Past: January 19 → March 23, 2019
Interview Vivien Roubaud — L’Onde, Vélizy Objets hybrides, mécanismes autonomes, processus séquencés et protéiformes ou assemblages recomposés dans l’espace, telles pourraient être décrites les pièces aussi intrigantes que fascinantes constituant l’œuvre éclectique de l’artiste français Vivien Roubaud. Dans le cadre de son exposition Vide secondaire au centre d’art de L’Onde, il y dévoile jusqu’au 23 mars deux nouvelles œuvres in situ. Retour avec lui sur la genèse d’un travail en constante mutation.Loin de vouloir susciter la fascination, Vivien Roubaud, attentif aux environnements techniques dans lesquels nos corps évoluent, cherche à déplacer notre sens de l’observation et à faire naître la curiosité. Notre monde physique se révèle sous un jour nouveau.
Imprimante désossée rampant sur le sol, lustres à pampilles affolés, machine à prolonger des stalactites ou fils de barbe à papa en volutes aériennes sont autant d’œuvres dans lesquelles Vivien Roubaud détourne la machine, en contourne les fonctions, bricole, désorganise la technique et reprogramme. Il teste la matière et ses propriétés physico-chimiques.
Pour son exposition personnelle au Centre d’art de l’Onde, Vide Secondaire, Vivien Roubaud conçoit une proposition spécifique prenant l’air comme dénominateur commun. L’installation centrale quatre filins, freins, moteurs, polyane, quarante huit volts joue avec les conditions atmosphériques de la galerie. L’artiste présente également un projet inspiré par des techniques anciennes de fabrication d’ampoules à filament.
Au premier regard, l’installation de Vivien Roubaud semble rejouer à l’infini l’instant hasardeux et fugace d’une bâche qui s’envole et dérive dans les airs. L’œil plus attentif, après avoir glissé le long des filins, décèle pourtant de curieux mécanismes. Ce corps flottant et mobile à la trajectoire aléatoire réagit aux mouvements de l’air ambiant à peine perceptibles par notre épiderme. L’air devient le matériau central de cette installation. La bâche de polyane donne corps à ses mouvements. À travers cette installation, l’artiste sculpte l’air ambiant et rend visible un phénomène non spectaculaire qui échappait jusque-là à notre attention. Le choix des matériaux occupe une place prépondérante : leurs propriétés physiques priment sur leur symbolique ou leur beauté. La légèreté et la fragilité des bâches de polyane créent une tension palpable puisque l’installation menace aussi de céder.
L’artiste présente également coton, verre, quarante-cinq volts, atmosphère protégée, un ensemble de sculptures lumineuses dont l’apparente simplicité relève pourtant d’une technique aussi complexe qu’insolite librement inspirée des premières ampoules à filament imaginées par Joseph Swan et Thomas Edison. En se plongeant dans des traités d’électricité du XIXe siècle, Vivien Roubaud a l’idée de remplacer le filament initialement conçu en matière organique (chanvre ou coton) par de la dentelle carbonée. Dans une recherche totalement expérimentale, il soumet de la dentelle à une cuisson hermétique à plus de 1500 degrés empêchant ainsi toute entrée d’oxygène. La dentelle ne se transforme alors pas en cendres mais en chaine carbonée conductrice et capable de consommer de l’électricité. La sculpture lumineuse qui en résulte joue autant sur un objet du quotidien désuet (le napperon au crochet) que sur des techniques de pointe (le mode de cuisson) dans une contraction temporelle inédite.
Ces deux projets témoignent du rapport au monde physique qu’entretient Vivien Roubaud. À travers des expérimentations audacieuses relevant autant du défi technique que de l’invention, il sublime le réel et fait naître l’émerveillement.
Né en 1986, Vivien Roubaud vit et travaille à Bruxelles. Diplômé de l’école supérieure d’art de la Villa d’Arson en 2011, il est lauréat du Prix Révélations Emerige en 2014. La même année, il expose au Palais de Tokyo dans le programme Modules — Fondation Pierre Bergé — Yves Saint Laurent. Jusqu’en 2015, il est artiste résidant à La Station à Nice. En 2016, il s’installe à Bruxelles et participe à la création d’un espace d’ateliers d’artistes autogérés. Vivien Roubaud est représenté par la galerie In Situ-Fabienne Leclerc à Paris.
Opening hours
Tuesday – Friday, 1 PM – 6:30 PM
Saturday, 11 AM – 4 PM
Les soirs de spectacles, ouverture 1h avant la représentation
The artist
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Vivien Roubaud