Waste Landscape

Exposition

Installations

Waste Landscape

Passé : 22 juillet → 11 septembre 2011

Architecte et plasticienne, Elise Morin et Clémence Eliard captent les lieux et les non-lieux de ce monde en mutation où l’action humaine façonne étrangement la notion de paysage.

Depuis trois ans, elles collaborent afin de mener une recherche héritière de la tradition plastique occidentale paysagiste. Cependant, loin des paysages bucoliques et romantiques, les portraits de la nature d’Elise Morin et Clémence Eliard ont de quoi inquiéter.

Amoncellement d’objets symboliques, ici une recherche autour du CD, les installations des deux artistes exhibent des réalités que l’on ne voudrait pas voir, et qui pourtant, une fois figées en installations monumentales impressionnent le promeneur. Une volonté d’étonner le visiteur, le pétrifier et le séduire.

Car si l’immensité des étendues captées par l’imagination des artistes cherche à happer et à englober le regardeur de toute part — telle le veut la tradition artistique du paysage —, les questionnements que leurs œuvres provoquent ne découlent pas de l’échelle des sujets représentés, mais dépend également du caractère d’« entre-deux » (nature/culture) de ces derniers. Loin de montrer le triomphe de la nature, leur interprétation des paysages contemporains exposent les résultats du modelage de l’homo sapiens sur son environnement.

Loin d’être une donnée objective immuable, la notion de paysage est intrinsèquement liée à l’évolution des rapports entre l’homme et le monde naturel. Formé à partir de l’italien paesaggio, qui signifie « ce que l’on voit du pays », le mot « paysage » apparaît à la Renaissance alors que le genre du « paysage » se développe en peinture et que l’on associe une valeur esthétique et sentimentale à la vue de la nature. Plus souvent associé aux paysages ruraux qu’aux paysages urbains, la notion de paysage est demeurée pratiquement inchangée pendant plusieurs siècles. Or, suivant l’industrialisation massive, l’époque contemporaine connaît, selon Anne Cauquelin, l’émergence de nouvelles « formes de spatialité ».

« Les traits qui servaient hier encore à attribuer au paysage un caractère contemplatif, ingénument teinté du sentiment de la nature, disparaissent peu à peu sous le souci causé par sa dégradation ».

Alors que la notion de paysage s’élargit et se voit appropriée par de nombreuses disciplines — éthographie, sociologie, urbanisme, architecture, écologie —, les notions de lieux, de non-lieux et de site la remplacent progressivement lorsque son utilisation semble ambiguë ou détachée de son sens original. Alors que certains paysages emblématiques sont devenus des « objets de consommation » — les chutes du Niagara, le Kilimandjaro, le Grand Canyon, etc. —, de nombreuses étendues de pays sont cachées pour camouffler les ravages de cette même dynamique consumériste. Travaillant plastiquement autour des notions de répétition ou de vide, de monochromie ou de forts contrastes tonals, les projets d’Elise Morin et Clémence Eliard possèdent un équilibre intrinsèque qui les rend, malgré leurs contenus fort inquiétants, visuellement agréables à regarder. La vue des représentations paysagistes des deux artistes fait surgir incessamment une question cruciale : « Vivrons-nous dans un monde où les paysages naturels — vierges de toute intervention humaine — auront complètement disparus ? »

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5, rue Curial

75019 Paris

T. 01 53 35 50 00

www.104.fr

Riquet
Stalingrad

Horaires

Du mardi au vendredi de midi à 19h
Samedi et dimanche de 11h à 19h
En fonction de la programmation (concerts, spectacles), les espaces de représentations sont ouverts au public le soir.

Tarifs

Gratuité pour les enfants de moins de 6 ans (hors visites groupes) — Tarifs selon exposition

Abo original

Les artistes

  • Elise Morin
  • Clémence Eliard