Whitney Bedford — Bardo Parade
Exposition
Whitney Bedford
Bardo Parade
Passé : 10 février → 1 avril 2017
Whitney Bedford — Galerie Art : Concept La galerie Art : Concept présente, jusqu'au 1er avril, une très belle exposition de la peintre Whitney Bedford, Bardo Parade qui br... CritiqueLa galerie Art : Concept présente la quatrième exposition personnelle de Whitney Bedford, artiste américaine établie à Los Angeles, avec une série de nouveaux paysages réalisés à l’huile et à l’encre sur bois.
Le travail de Whitney Bedford est une œuvre pleine de contrastes et d’oppositions. Au premier regard, le spectateur se délecte d’agréables paysages aux couleurs vives et lumineuses, peuplés de cactus, de palmiers et autres végétaux. Pas de doute sur leur pays d’origine. L’atmosphère californienne est palpable. Pour autant, ses motifs réalisés à l’encre avec une extrême précision (quasi photographique, mais en négatif) se détachent presque avec violence de leur horizon uni, lisse et solaire, et deviennent des ombres inquiétantes. Les titres le sont tout autant : Good do Bad (le bien entraine le mal) ou encore The Rattler (serpent à sonnette). La végétation vient faire barrage. Elle crée une sorte de frontière infranchissable qui délimite deux mondes. Celui du calme et du chaos, du serein et de l’inquiétant, du beau et du sublime. Les paysages de Bedford puisent en ce sens dans les écrits d’Edmund Burke et notamment sa Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau. Publié en 1757, ce traité d’esthétique théorise pour la première fois une analyse subjective et physiologique du goût, distinguant le beau, qui provoquerait un sentiment de joie et d’apaisement, du sublime qui au contraire serait source d’une émotion écrasante, proche de la terreur. Cet antagonisme, cette impression contradictoire de sérénité chaotique imprègne toute l’œuvre de Whitney Bedford. Qu’il s’agisse de ses navires naufragés, de ses icebergs mélancoliques ou de ses feux d’artifices, tous incarnent des sortes d’oxymores visuels, des soleils noirs teintés de romantisme.
Pas vraiment abstraites ni tout à fait naturalistes, les œuvres les plus récentes de Whitney Bedford opèrent un glissement progressif vers la représentation d’une réalité autre, mystérieuse et ambivalente. Peut-être convoquent-elles le bardo, cet état intermédiaire décrit dans la philosophie bouddhiste qui a inspiré le titre de l’exposition ? Ou tentent-elles d’atteindre une forme de « surréalité » si chère aux Surréalistes ? Les forêts réalisées par Max Ernst entre 1927 et 1928 ne sont pas bien loin. La technique diffère, mais le résultat est semblable : absence de perspective, frontalité du motif végétal, temporalité suspendue. Transposées presque un siècle plus tard à Los Angeles, les « forêts » ou jungles de Whitney Bedford ont quelque chose d’artificiel. Elles assument leur absence de volume, ne cherchent pas à faire illusion sur leur bi-dimensionnalité. Propres à des décors, ou des panneaux publicitaires se dressant au milieu de nulle part, elles affichent insolemment la part d’ombre de ce La-la-Land.
Julia Mossé
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Vernissage Jeudi 9 février 2017 17:00 → 20:00
Horaires
Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Les samedis de 11h à 19h