Wols — Une toute petite feuille pour contenir le monde
Exhibition
Wols
Une toute petite feuille pour contenir le monde
Past: March 4 → May 13, 2020
L’exposition inédite que consacre le Centre Pompidou à Wols propose au travers d’une centaine de dessins, d’une trentaine de photographies et de quelques peintures, une relecture de son dessin à la lumière de ses autres pratiques : écriture, photographie et peinture. Conçue comme un parcours initiatique, elle comporte cinq sections — piéger, transmuer, concentrer, désagréger, éclabousser — décrivant la manière dont Wols appréhende le monde, et le transpose dans ses images.
De Wols, on ne retient souvent que le destin tragique si intimement lié à la grande histoire : le choix de l’exil alors que l’Allemagne est rongée par le nazisme ; la précarité de l’émigré sans papier cherchant refuge en France, en Espagne, puis en France à nouveau ; l’internement dans les camps de la zone sud après l’éclatement du conflit ; les errances, après-guerre, dans le Saint-Germain-des-Prés existentialiste où il achève son lent suicide par l’alcool. Dans ce récit, Wols incarne à la fois l’artiste qui, à la manière d’un Fautrier, expierait les crimes du nazisme et de la guerre, et le peintre maudit qui paierait son génie, au prix de l’exclusion. Certains ont d’ailleurs tôt fait d’opposer l’impulsivité de ses peintures — qui représenteraient une sorte de point zéro d’un nouvel art (Georges Mathieu) — à la subtilité de ses dessins. Mais qu’en est-il vraiment ?
Wols, de son vrai nom, Otto Wolfgang Schulze, naît dans une famille aisée, en 1913. Durant son enfance choyée à Dresde, il reçoit une éducation libérale où les arts (la musique surtout) tiennent une large part. En 1929, la mort de son père semble le précipiter dans une longue période d’apprentissage qui ne s’achèvera qu’à la fin des années 1930. Touche à tout, Wols travaille dans un atelier Mercedes, s’initie à l’ethnologie auprès de Léo Frobenius, pour se former finalement chez la photographe Genja Jonas. À Berlin, puis à Paris, il côtoie les protagonistes des avant-gardes et évolue bientôt, grâce à sa compagne Gréty Dabija, dans les cercles du surréalisme. Sans jamais se départir d’une sorte de dilettantisme, il emprunte aux différentes tendances, là, un sujet, là, un cadrage ou encore une technique. Peu de clichés d’époque subsistent (l’artiste abandonne définitivement cette pratique en 1941), mais grâce aux tirages modernes réalisés sous la supervision de sa sœur, Elfriede Schulze-Battmann, il est possible de discerner leur originalité : la mise à distance de ses sujets qui apparaissent comme scrutés à travers la lentille d’un microscope. Bien que longtemps reléguées dans l’ombre de ses dessins et ses peintures, ces photographies nous renseignent non seulement sur la formation de son regard mais aussi sur ce qui en fait la spécificité.
En 1941, l’artiste esquisse un ambitieux projet, le Cirque Wols — somme de l’ensemble de ses recherches — en vue d’obtenir un visa pour les États-Unis. Conçu comme un système élaboré de projections, le Cirque est autant une machine à voir qu’à montrer. Bien que Wols abandonne par la suite toute visée utopiste, ses dessins conservent une fonction semblable. Intrinsèquement liés au texte — si l’artiste répugne à les exposer dans le cadre classique d’une galerie, il cherche à les rassembler dans un recueil aux côtés de ses aphorismes –, ses dessins illustrent cette manière de penser le monde en deçà des apparences, dans un syncrétisme où les philosophies extrêmes orientales rencontrent la réflexion de Nietzsche.
Opening hours
Every day except Tuesday, 11 AM – 9 PM
Late night on until 11 PM
Admission fee
Full rate €17.00 — Concessions €14.00
Gratuit pour les moins de 18 ans, billet exonéré pour les moins de 26 ans. Et pour tout le monde, les premiers dimanches du mois.
Venue schedule
The artist
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Wols