Yevgeniy Fiks — Homosexuality Is Stalin’s Atom Bomb To Destroy America
Exposition
Yevgeniy Fiks
Homosexuality Is Stalin’s Atom Bomb To Destroy America
Passé : 10 janvier → 22 février 2014
Reprenant le titre d’un article de 1953 du journaliste Arthur Guy Mathews, partisan de la Guerre Froide, ce projet explore les liens historiques et idéologiques entre l’anti-communisme et l’homophobie aux États-Unis, ainsi que les recoupements entre le communisme et l’identité sexuelle telle qu’elle s’est construite au cours du siècle.
Le projet s’intéresse aux histoires imbriquées des peurs « Rouge » et « Lavande » à l’époque du Maccarthysme, où les sentiments anti-communistes et anti-gay se confondent dans la rhétorique de la chasse aux sorcières de la Guerre Froide. Experts et haut fonctionnaires américains imaginent alors une conspiration : l’Union Soviétique ferait la promotion de l’homosexualité pour détruire l’Amérique. Parallèlement, le gouvernement fédéral purge son personnel de tous les homosexuels en les désignant comme des « menaces à la sécurité » : des agents soviétiques pourraient les faire chanter et les contraindre à travailler pour eux.
Paradoxalement, le Parti Communiste Américain réagit en imitant son ennemi idéologique, et purge également ses rangs des homosexuels connus, en les désignant également comme des « menaces à la sécurité », de crainte que les communistes gays soient à leur tour vulnérables au chantage et puissent devenir des informateurs des Feds. La charte officielle du Parti Communiste Américain, dès avant sa purge anti-gay des années 1950, défendait strictement aux homosexuels de devenir membres, adhérant en cela à la politique du Parti Communiste de l’Union Soviétique où l’homosexualité avait été officiellement criminalisée sous Staline et stigmatisée en tant que « dégénérescence capitaliste ».
Sont présentés à la galerie dans le cadre de ce projet la série Stalin’s Atom Bomb a.k.a. Homosexuality ainsi que l’ouvrage Moscow. Stalin’s Atom Bomb a.k.a. Homosexuality est une série d’impressions qui mettent en exergue des citations paranoïaques anti-communistes et anti-homosexuelles des politiciens et experts américains de l’époque.
Quant à l’ouvrage Moscow, il documente les lieux de drague gays de Moscou durant l’ère soviétique, du début des années 1920 à la dissolution de l’URSS au début des années 1990. Photographiés en 2008 dans un style documentaire simple, ces lieux de l’underground queer d’antan présentent un Moscou caché et oublié, avec une emphase particulière sur les sites communistes révolutionnaires appropriés par les Moscovites queer. Le livre se conclut sur la première publication en langue anglaise d’une lettre de 1934 à Joseph Staline dans laquelle le communiste britannique Harry Whyte présente une défense marxiste de l’homosexualité, qui vient alors d’être recriminalisée en URSS.
Artiste conceptuel, Yevgeniy Fiks (né en 1972 à Moscou, vit et travaille à New York) par l’installation, la performance, la peinture ou l’œuvre sur papier questionne la complexité des relations politiques et historiques entre la civilisation américaine et le communisme soviétique. Son travail a fait l’objet d’expositions internationales : Philadelphia Museum of Modern Art, Moscow Museum of Modern Art, Sala de Arte Público Siqueiros (Mexico City), MoMA (New York), Museu Colecção Berardo à Lisbonne ou encore la Biennale d’Art contemporain de Moscou (2005, 2007, 2009 et 2011), la Biennale de Sydney (2008) ou la Biennale d’Art Contemporain de Thessalonique (2007).
L’artiste
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Yevgeniy Fiks