Zoom — Projection III — Les Fileuses (The Spinners)
Exposition
Zoom — Projection III
Les Fileuses (The Spinners)
Passé : 28 janvier → 25 février 2017
“ Parques, annoncez lui son sort… ” Pour cette exposition, on aurait envie d’écouter le fameux trio d’ Hippolyte et Aricie 1. Il y’a une coïncidence étrange entre le fait de montrer des films d’un trio d’artistes femmes, et que l’expression filaire soit commune à toutes. Cependant, on n’évoquera ici ni les déesses antiques, mais plutôt la forte originalité de chaque artiste et de leurs vidéos. Pourquoi ne pas chanter Aguas de Março 2, en pensant aux œuvres de Clarissa Baumann? Des premières paroles, il ne resterait que la pierre, mais plus la fin de la route remplacée par la mer ou le hasard. Chez Minia Biabiany, le dessin ne raconte pas une histoire linéaire mais montre un regard en va et vient comme des traversées. Les images animées seraient-elles des souvenirs sur tableau noir? Le foisonnement de couleurs, la finesse des fils dans l’installation Sœurs et dans la vidéo Breathing chez Natalia Villanueva nous mettent face à une question : Est ce que les fils de couleur qui se rejoignent seraient une métaphore de la naissance de toute chose, d’une origine commune, mais que nous sommes aussi des individualités, comme ces fils de couleurs, avec chacun un destin ?
Clarissa Baumann est une artiste née à Rio de Janeiro. Elle possède une double formation, étant diplômée de École Supérieure des Arts Décoratifs de Rio de Janeiro et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle possède aussi une formation en danse contemporaine reçue dans l’Ecole Angel Vianna. Clarissa Baumann est lauréate du Prix des Fondations des Beaux Arts de Paris et du Prix ADAGP des Arts Plastiques en 2016. Transitant entre le dessin industriel, les arts plastiques et la danse, sa recherche interpelle le lieu du corps et des actions quotidiennes au milieu d’une conception constructiviste et fonctionnelle du monde. Prenant souvent la forme d’un jeu entre des processus éphémères et différents médias qui questionnent les limites entre le visible et l’invisible, son travail se construit à partir d’actions intervenant sur des contextes et des relations déjà existantes. L’artiste propose une nouvelle installation Pli, contrepoids qui est composée d’un fil, qui commence depuis l’espace extérieur de la galerie, transperce la baie vitrée, et finit son chemin enroulé dans un pavé de rue, importé de Rio de Janeiro. Quant à la vidéo Architecture pour la mer, elle montre une vue de Rio de Janeiro où la ligne de mer traverse horizontalement le cadre d’une fenêtre. Dans la tentative d’ajouter une perpendiculaire à cet horizon, un fil à coudre est déroulé depuis l’intérieur de la maison, croisant l’architecture sinueuse de Burle Marx, les voies de circulation et le sable jusqu’au bord de la mer. Dans Eloge du hasard, Clarissa Baumann lance au-dessus du pont du Garigliano à Paris, trois dés sur des péniches qui transportent de la terre le long de la Seine. Cette version d’un Mallarmé décalé déclenche une quête dont le résultat ne se dévoile jamais : chaque péniche suit son cours, la terre pouvant être déversée en différents points de la ville ou continuer son trajet indéfiniment jusqu’à des ports plus distants, en Chine ou au Mexique…
Minia Biabiany est née en Guadeloupe, en 1988. Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon en 2011. Elle vit et travaille entre Paris et Mexico D.F. Son travail questionne les entrecroisements entre l’intimité et le politique à partir du lieu et du territoire. Ses installations in situ prennent l’espace comme source et construisent une poétique du lieu à partir de ses caractéristiques et d’objets véhiculant histoire personnelle et collective (de ses origines caribéennes). En février 2016, elle a initié et réalisé collectivement le semillero Caribe, expérimentation pédagogique et artistique questionnant des concepts d’auteurs caribéens par le corps. La vidéo Blue spelling… a été réalisée par accumulation de dessins faits à la craie sur tableau noir et photographiés avec un cadrage fixe. La répétition de dessins et le rythme changeant toujours saccadé de Blue spelling… induisent une image fuyante, qui résiste à être comprise totalement. L’œuvre épelle des oublis, elle écrit un doute dans la surface noire et le temps non linéaire d’une Histoire faite de ruptures. Une sortie de corps qui se regarde elle-même; un imaginaire de la représentation du corps noir, de comment il se voit et de comment sa vision de lui-même se construit. Dans le sommeil léger, la perception du temps diffère pour l’écho brisé. La craie épelle à vitesse douce un exil, et la répétition dessine entre persistance et effacement.
Natalia Villanueva Linares est une artiste Franco-Péruvienne, diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris avec les félicitations du jury. Son travail a été présenté dans deux expositions majeures au Palais des Beaux Arts de Paris, dans des galeries et foires à Los Angeles, Madrid, Chicago, Peoria, IL, Berlin et Lima. Elle est la fondatrice du magazine d’art Ukay-zine. Natalia a deux approches très distinctes de son travail : elle construit des moments de taille monumentale comme une célébration du volume et des couleurs et dévoile également des situations orientées vers le détail, chargées d’un esprit métaphorique intense. Elle procède souvent à la destruction d’objets pour produire des transformations et ouvre l’objet aux autres, permettant ainsi que la destruction devienne un geste de répartition où naît la notion de dévouement. La plupart de ses pièces ont un rôle protecteur, elles sacralisent la surproduction pour mettre en valeur une multitude d’imperfections sui generis. Pour Sœurs 1- 10, chaque sœur est une boîte en métal de couleur et taille différente. Ces boîtes sont posées ouvertes sur une étagère et contiennent une quantité de bobines de fil en bois usées. Tous les fils sortent de la boîte pour se rencontrer dans un même point cloué au mur. Ce geste permet de rendre visible le contenu de chacune, ce qu’elles ont de plus fin, ce qu’elles ont de plus coloré. Quant au film Breathing, il capture, mèche par mèche, la création de la pièce Sœur n°0. C’est une rencontre entre la générosité de l’objet, un bout de son histoire et le regard du passant. L’action est vitale pour le devenir de la pièce et révèle la nature symbolique des matériaux qui s’offrent petit à petit, se transforment en écriture, cachée du regard mais d’une forte évidence sensible.
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1 Hippolyte et Aricie (1733) est un opéra de Jean-Philippe Rameau.
2 Aguas de Março (1972) est une chanson d’Antonio Carlos Jobim.
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Zoom — Projection III — Les Fileuses / The Spinners Vernissage Samedi 28 janvier 2017 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous
Les artistes
- Minia Biabiany
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Clarissa Baumann
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Natalia Villanueva Linares