Benoît-Marie Moriceau
Le travail de Benoît-Marie Moriceau se développe dans une définition de l’œuvre d’art « située » dans son environnement, son contexte physique, économique, social, politique, historique et institutionnel. L’impulsion lui est donnée par le lieu où il est invité auquel il intègre des mécanismes liés à la représentation. Depuis Psycho (2007), son intervention au titre hitchcockien, où il recouvrait intégralement de peinture noire une maison ancienne (l’espace d’exposition de 40mcube à Rennes), on connaît sa capacité à évoluer à travers des formats d’interventions très variés, du plus spectaculaire au plus invisible, installant toujours une atmosphère, un climat.
Ici c’est « la maison du gardien » datant du 19ème siècle qu’il a choisi comme sujet. Parce que c’est à la fois une maison, mais aussi une belle sculpture à l’échelle du bâtiment américain qui est venu se glisser, voire se coller à elle en 1913. Depuis le Crédac, la vue plonge sur le toit coiffé de cheminées, véritable déclencheur d’histoires, d’évocations cinématographiques et littéraires. Moriceau amplifie ce promontoire imprenable sur l’espace urbain chahuté d’Ivry, en construisant dans l’espace d’exposition une « réplique » du toit, à la fois décor de cinéma et image.
Le dédoublement, la réplique architecturale ou historique font partie des sujets explorés par l’artiste. En 2005, dans Novo ex Novo (toujours à 40mcube à Rennes), il proposait déjà au spectateur de faire l’étrange expérience du dédoublement et du vide. A la façon d’Yves Klein dans son exposition Le Vide (galerie Iris Clert, 1958), il traitait une première salle de la galerie puis il proposait au visiteur de pénétrer, après un sas, dans une autre salle qui était la réplique de la première. Le spectateur était confronté à l’expérience du vide et à sa citation.