Elika Hedayat
Elika Hedayat travaille aux frontières de la performance et de la vidéo — la performance servant à constituer un réservoir de signes, de postures, un vocabulaire si l’on veut, que la vidéo va retravailler pour produire de nouvelles formes. Cette démarche n’est pas sans lien avec l’histoire personnelle de l’artiste, l’exil et la nécessité de se réinventer, de recomposer avec ce qu’il reste (des souvenirs, de la langue, des amis) une nouvelle identité.
C’est tantôt un retour vers l’enfance que l’artiste nous propose, sous la forme d’un petit théâtre avec ces drôles d’accessoires chargés chacun de « leur histoire secrète faite de jeux partagés et d’histoires imaginaires ». Le jeu est alors l’antidote de la perte, la nostalgie mêle toujours la tristesse et la joie. Tantôt, dans une véritable métaphore de ce que serait une identité nouvelle, une construction de bric et de broc, un bricolage de signes recomposable à souhait, ou bien comme c’est le cas dans les projets les plus récents, une métamorphose ratée, dans une tentative pour échapper à la censure, « à la disparition , l’inexistence et la mort ». Apparaît alors une assemblée de portraits en vidéo, reconstitués à partir de dessins partiellement effacés et démembrés.
Elika Hedayat fait partie des félicités de 2008 de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Née en 1979 à Téhéran, la voilà qui débarque en 2004 à Paris pour intégrer l’atelier d’Annette Messager. Dans ses bagages, elle emporte les images quotidiennes de sa vie d’hier. Elle réalise surtout combien était grand le poids de la censure, l’angoisse de la dénonciation et dure la vie de la femme en Iran. « C’est l’ambiance dans laquelle j’ai vécu », précise Elika. Dans l’une de ses valises, elle a aussi enfermé ces masques populaires et peints dont elle a revêtu les acteurs des six courtes vidéos en noires et blancs assemblées par paires. Avec un cadrage serré et en plans fixes, la caméra enregistre les mouvements de ses acteurs. Ils sont saccadés, répétitifs, bloqués dans leurs mouvements, refusant d’avancer mais reculant toujours.
« J’ai créé mes propres personnages mythologiques. Ils n’ont pas d’identité. Il ne vivent pas ce qu’ils voudraient vivre »
La jeune femme a également composé la musique, mixant bruits d’aspirateurs et ambiances d’usines. Dans son « Bestiaire des félicités sous contrainte », Elika évoque par ses images joyeuses et efficaces, mixant vidéos et dessins, un quotidien dont la dictature est le cœur.
Elika Hedayat
Contemporain
Dessin, peinture
Artiste iranienne née en 1979 à Teheran, Iran.
- Localisation
- Paris et Teheran
- Site Internet
- www.elikahedayat.blogspot.fr/
- Thèmes
- Dictature, humain, idéologies, mémoire
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