Josef Hofer
Josef Hofer ne parle pas. En revanche, il s’exprime inlassablement par le dessin. Né en 1945, il souffre tout comme son frère, d’un retard mental, de difficultés d’audition et d’élocution auxquels s’ajoute, pour Josef, une mobilité réduite. Afin de soustraire leurs fils aux moqueries de l’entourage et surtout aux traitements qu’auraient pu leur infliger les occupants nazis puis soviétiques, les parents élèvent leurs fils reclus dans une ferme en Haute-Autriche. A la mort du père, en 1982, la mère part vivre avec ses enfants à Kirschlag, donnant à Josef l’occasion de contacts sociaux, ainsi que la possibilité de fréquenter un hôpital de jour. Ces changements s’avèrent bénéfiques : Josef prononce même quelques mots. Par la suite, il est pensionnaire d’une institution à Ried, où Elisabeth Telsnig, historienne de l’art, repère son talent et encourage sa créativité.
Pepi — c’est ainsi qu’il signe — se regarde, Pepi se raconte. Dans le miroir qu’il se tend et qu’il nous tend, nous assistons, médusés, à l’enfance de l’art. Comme le souligne Michel Thévoz, « Josef Hofer est en état de grâce ». Une grâce érotisée, indomptée, où le corps tente de prendre son essor dans le carcan du cadre.