Olivier Metzger
Que l’on prête une attention soutenue aux photographies d’Olivier Metzger et la perception en sera plus grande, plus ample et plus aigüe. Il apparaîtra dès lors un univers familier, connu somme toute et en même temps singulier ou étrange. Malgré leurs apparentes simplicités, il se dégage en effet de ces images une impression qui mêle « le déjà vu » avec « un pas encore vu », qui mêle le documentaire à la fiction ou mieux qui se joue de ces deux postures, les rendant ainsi complices l’une de l’autre.
Un personnage quelconque et souvent isolé, un lieu la plupart du temps vide ou déserté, violemment éclairé ou pas, un objet détourné de sa fonction ou simplement là, presque en apparat, photographiés tour à tour ou tout ensemble, tel est ou serait le protocole récurrent du photographe. On pourrait le dire autrement : une dramaturgie ambiguë qui suppose de la part d’Olivier Metzger un regard attentif, scrutateur même, porté sur l’environnement contemporain.
Loin de toute critique bavarde et tapageuse à l’égard du monde actuel (le nôtre, techno — capitaliste), loin également de toute nostalgie ou de son contraire l’héroïsation aveugle du monde présent, Olivier Metzger est là, seulement aux aguets pour enregistrer avec obstination des moments quelconques que l’acuité de son regard, la précision optique et la qualité plastique du tirage photographique rendent inouïs et étranges. Tout se passe comme s’il attendait patiemment pour construire des moments où tout ce qui nous est commun devient, par un surcroît de familiarité, inquiétant, lointain parce que trop proche.