Shanta Rao — À propos — Slash Paris

Shanta Rao procède par accumulation de strates différentes via un mélange de procédés divers ; les machines — mécanique/informatique —, le geste aussi, qui recouvre et brouille l’acte de la machine, et vice-versa. Accumulation de signes qui invalide tout message informatif ou symbolique et, malgré la rémanence d’un motif — un bâtiment qui n’existe plus, une intervention militaire — plus d’histoire(s), l’image se délite en grains, en pixels épars ou encore en taches, devient infonctionnelle et s’abstrait.

Accumulation de plans décalés dans l’espace, d’images d’un même lieu mais différées dans le temps, car il est question aussi de temporalité dilatée. Accumulation encore de matières qui se froissent, se fendent, se consument, se défiant sur le même support — des encres sérigraphiques qui « jouent » dans des directions inverses, contrariant la toile ou la trame du papier — et des couleurs qui se mêlent jusqu’à désactiver de toute reconnaissance, innommables. Là, malgré l’accumulation de strates qui ne s’ajustent pas, malgré l’épuisement des signes et de la matière, quelque chose se donne à voir. Les matériaux mêmes et une pluralité de process, à l’instar d’un agglomérat géologique dont la complexité ne sera appréhendée que par la coupe transversale, créant leur propre nature et établissant leur propre unité de profondeur, d’épaisseur indivise du temps.