Aurélien Porte — À propos — Slash Paris

Il est aisé de perdre ses repères quand on circule dans l’univers d’Aurélien Porte.

« J’ai une pratique assez variée qui par moment m’embrouille, je fais tout avancer en même temps, je n’élabore pas mon travail en série, je passe vite à autre chose, au dessin, à la peinture, aux volumes, aux écrits fictifs. Au bout d’un moment, je reprends les choses et j’avance ainsi » confie-t-il. Tous les médiums, toutes les directions sont possibles, et ses œuvres peuvent prendre tous les visages. D’ailleurs les têtes font l’objet d’une grande attention. Que ce soit avec les nombreuses gravures découpées de livres animaliers sur lesquelles il intervient, à l’aquarelle, en remplaçant la tête par une sorte de figure rose de moine chauve, ou bien en affublant un couple de perdrix taxidermé sur socle d’un masque et d’une cagoule, ou encore en sculptant des figures dans des pierres qu’il vernit d’acajou pour donner l’illusion du bois.

Éviter d’entrée dans une case, se laisser porter par le désir mais sans idée préconçue du désir, ne jamais permettre au regardeur de trouver de piste, semble l’impératif obsessionnel de l’artiste. Il souhaite aussi ne pas créer de récits ou bien les perturber en multipliant les signes pour obtenir une polysémie. Quand Aurélien Porte présente une exposition de peinture, (son médium à l’école des Beaux-Arts de Nantes) la peinture de châssis devient accessoire et il préfère porter son attention sur les socles. Ainsi il aménage dans un tronc peint, de 400 kilos, un creux dans lequel il insère une petite toile faite le matin même du vernissage de l’exposition. Il place le tout dans le noir puis il éclaire l’œuvre avec une douche de lumière, à la façon des musées ethnographiques.