Jeffrey Silverthorne

Depuis plus de quarante ans, Jeffrey Silverthorne a choisi de situer l’essentiel
de son œuvre dans le dialogue entre l’artiste et son modèle, que ce soit dans
un intérieur, à l’atelier ou dans une chambre, dans un espace abstrait comme
dans des lieux publics. Différentes pratiques photographiques conduisent à ces
huis-clos. Le photographe peut mettre en scène son modèle, il travaille avec
des acteurs, réalise certains montages à partir de clichés vernaculaires, ou
bien encore traite de sujets plus documentaires au travers de mises en scène
évoquant les poses classiques de l’histoire de l’art. Chez lui l’image est
posée, composée, jouée : performée. Le nu érotisé domine son œuvre, tout comme
l’autoportrait qui figure dans nombre d’images de ses derniers travaux. Son art
peut-être à la fois distancié et redoutablement direct.

Michel Poivert (extrait)

Jeffrey Silverthorne, After the Bath, série Susanna and The Elders, 2004 Impression jet d’encre — 27 × 34,5 cm — édition de 12 Courtesy of the artist & L’ahah, Paris
Jeffrey Silverthorne, The Staircase from Growing Older series, 2006 Impression jet d’encre — 34 × 24,5 cm Jeffrey Silverthorne

Instrument et non pas chose (corps-objet), le modèle est nommé (Rachel, Suzy)
il devient figure fonctionnant comme dans la mythologie : à la fois hors du
temps et acteur d’un récit moral. Certains objets mis en scène jouent également
ce rôle, ainsi en est-il du sapin apparaissant entier, à demi ébranché ou
complètement taillé. Installé dans le champ de la prise de vue, il vient
scander les scènes comme un motif de vanité : la perte des branches évoque le
vieillissement d’un corps qui se transforme peu à peu en squelette : une sorte
de double du personnage masculin, figurant lui-même l’artiste au travail

Jeffrey Silverthorne, Rachel undressing, série Growing Older, 2006 Impression jet d’encre — 34 × 24,5 cm — édition de 12 Courtesy of the artist & L’ahah, Paris
Jeffrey Silverthorne, Still Life, Brittany, 2019 Courtesy of the artist & L’ahah, Paris
Jeffrey Silverthorne, Glass of Water, France, 2019 Courtesy of the artist & L’ahah, Paris
Jeffrey Silverthorne, Preparation to Dream #2 from Monte Castello series, 2015 Inkjet print — 22.5 × 34.5 — édition de 12 Courtesy of the artist & L’ahah, Paris
Jeffrey Silverthorne, Model and Her Mother from Monte Castello series, 2015 Impression jet d’encre — 22,5 × 34,5 cm Jeffrey Silverthorne
Jeffrey Silverthorne, The Preparation to Dream from Monte Castello series, 2015 Impression jet d’encre — 22,5 × 34,5 cm Jeffrey Silverthorne
Série Morgue Work, 1972-1991

Sa célèbre série Morgue Work concentre cette esthétique où quotidien
et universel se rejoignent. Traitant les corps comme des sculptures funéraires,
indiquant les causes de la mort, l’artiste transforme des victimes de faits
divers en gisants modernes. Lorsqu’il introduit, des photographies directement
ou bien par montage ou collage auprès des cadavres dans la série Letters from
the dead house, il rejoint l’idée de rite funéraire.
Perpetual studies, le désir ne meurt jamais
Jeffrey Silverthorne semble toujours chercher, jusque dans le corps mort ou
vieillissant, jusque dans les zones sombres du désir et parfois du grotesque,
le pouvoir du geste créateur.

Jeffrey Silverthorne, Beating Victim from The Morgue Work series, 1972 Tirage argentique — 50,8 × 40,64 cm Jeffrey Silverthorne
Jeffrey Silverthorne, Lovers, accidental Carbon Monoxide Poisoning from The Morgue work series, 1973 Tirage argentique — 50,8 × 40,64 cm Jeffrey Silverthorne
Jeffrey Silverthorne, Cat and Man, 1988 Jeffrey Silverthorne
Jeffrey Silverthorne, Eggs, Tel Aviv, 1988 Jeffrey Silverthorne
Jeffrey Silverthorne, Near Historic Site, 1988 Jeffrey Silverthorne

Jeffrey Silverthorne

Contemporain

Photographie

Artiste américain né aux États-Unis. 

Localisation
États-Unis
Thèmes
Société

Présenté par