Lionel Redon
Georges Didi-Huberman dans son livre « Être crâne — lieu, contact, pensée, sculpture », nous entretient de la difficulté à penser le lieu de la pensée.
Par définition ce lieu nous est invisible et malgré des tentatives d’associer des fonctions à des régions cérébrales ou d’en imaginer, pour d’autres une cartographie schématique, la définition se réduit à l’idée de la caverne, terme générique d’un lieu que nous savons exister, mais en tout cas un lieu qu’il nous est difficile « à imaginer, à représenter, à définir, à questionner même ».
Mon travail est basé sur le principe de l’analogie. Le postulat initial est une équivalence arbitraire et intuitive : je compare et mets en résonance l’architecture en tant que construction/habitation et l’architecture mentale, ce territoire de la pensée, dont nous parle GDH, ou peut être plus exactement son occurrence.
Dans ce rapport très étroit à l’architecture, entre représentation et présentation, mes installations mettent en jeu une certaine perturbation des sens de la perception et le spectateur peut se trouver dans une situation ambiguë (espace pénétrable ou pas) et ou inconfortable : les éléments techniques que j’emploie le sont de façon décalée : le mouvement des moteurs électriques est imperceptible (et non opérationnel) ou invisible, le son est inaudible, les constructions sont en déséquilibres, un réseau de câble électrique au sol gène le déplacement, une structure entrave l’accès, le rythme aléatoire de lampe flash perturbe la marche.
J’envisage l’objet sculpture comme une (simple) trace de l’œuvre, une enveloppe qui témoigne d’un espace purement mental. Ces contenants aux lignes architecturales très dessinées, que j’intitule du générique polysémique « cellule » sont des interfaces avec un ailleurs insaisissable, indiscernable, immatériel… cette absence, ce manque devient une conquête mentale.Lionel Redon
Contemporary