Avec motifs apparents

Exposition

Techniques mixtes

Avec motifs apparents

Passé : 22 mars → 10 août 2014

Avec motifs apparents est d’abord une invitation faite à cinq artistes de créer ou de recréer in situ une œuvre monumentale, emblématique de leur travail. S’appuyant sur l’architecture conçue pour des espaces particuliers, leurs œuvres débordent souvent la surface utilisée pour interpeller les visiteurs. Leur motif est clairement apparent : il s’agit de séduire pour attirer l’attention, et de créer la tension entre le « charme » plastique de ce qui est montré et la réalité du sujet traité. Sans heurts, à peine cachées sous des œuvres d’apparat, elles nous posent néanmoins certaines questions de façon impérieuse : la régulation de la natalité dans le cadre d’une société masculinisée ; l’addiction morbide pour la douceur la plus utilisée dans nos aliments ; l’édification stigmatisée par l’air vicié du temps ; les savoir- faire oubliés avec ceux qui les ont créés ; et, enfin, l’ingénieuse Afrique à l’imagination durable et au développement pourtant toujours relégué.

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Pascale Marthine Tayou, Favelas, 2012 Courtesy Galleria Continua, San Gimignano / Beijing / Le Moulin — Photo © Pascale Marthine Tayou

Pascale Marthine Tayou

Favelas

Favelas est une pièce constituée de nichoirs d’où émergent des murmures, comme si chaque petite maison était habitée.

Empty Gift

« J’aurais tant aimé définir le sens de la rencontre.

C’est quoi un cadeau si ce n’est le portrait de l’inconnu ?

Que signifie ce geste d’offrir ou de donner ?

Pour l’Homme-Monde je propose un lot de cadeaux mystères

Qui, telle la terre qui tourne,

Prend la forme, d’un globe d’offrandes pour célébrer ma générosité égoïste. (…) »

— Pascale Marthine Tayou

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Pascale Marthine Tayou, Empty Gift, 2013 Courtesy Galleria Continua, San Gimignano / Beijing / Le Moulin — Photo © Markus Tretter
Court-Circuit

Le sujet de Court-Circuit est la connexion, tant entre les personnes (les tables et chaises sont là pour les accueillir) qu’entre les objets (les fils électriques relient tous les éléments). Des relations qui ne sont pas toujours simples.

Depuis le début des années 1990 et sa participation à Documenta 11 (2002) à Kassel et à la Biennale de Venise (2005 et 2009), Pascale Marthine Tayou est connu d’un large public international.

Son œuvre se caractérise par sa variabilité, vu qu’il ne se limite pas dans son travail artistique à un support ou à un ensemble particulier de questions. Ses thèmes varient, mais utilisent tous l’artiste lui-même en tant que personne comme point de départ. Dès le tout début de sa carrière, Pascale Marthine Tayou a ajouté un « e » à son premier et deuxième prénom pour leur donner une terminaison féminine, en se distanciant avec ironie de l’importance de la paternité artistique et de l’orientation homme/femme.

Ceci est également valable pour toute réduction à une origine géographie ou culturelle spécifique. Ses œuvres non seulement s’interposent en ce sens entre les cultures, ou exposent les relations ambivalentes entre l’homme et la nature, mais sont également produites en reconnaissant leur caractère de constructions sociales, culturelles ou politiques. Son travail est délibérément mobile, hétérogène, et se dérobe à tout schéma préétabli. Il est toujours étroitement lié à l’idée du voyage et de l’entrée en contact avec ce qui est étranger au soi ; son œuvre est si spontanée qu’elle semble presque désinvolte. Les objets, sculptures, installations, dessins et vidéos produits par Tayou possèdent une caractéristique récurrente commune : ils réfléchissent sur un individu se déplaçant à travers le monde et explorant la question du village global.

Et c’est dans ce contexte que Tayou négocie ses origines africaines — il est né à Nkongsamba, au Cameroun, en 1966 — et ses attentes en découlent.

Prune Nourry

Terracotta Daughters — halle Aubervilliers

Directement inspirée par la célèbre armée de Xi’an, l’artiste française montante Prune Nourry présente sa propre armée de Terracotta Daughters. A la suite de son projet Holy Daughters en Inde, Prune Nourry s’intéresse aujourd’hui au déséquilibre démographique en Chine. Elle infiltre la culture locale et s’inspire des fameux Soldats de Terre Cuite, si symboliques, pour créer une armée de plus d’une centaine de Terracotta Daughters, grandeur nature. Après avoir été présentée dans sa totalité à Shanghai à la Galerie Magda Danysz cette œuvre monumentale réalisée au cours d’une année passée en Chine investit la halle principale du Centquatre.

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Prune Nourry, Terracotta Daughters, 2013 Magda Danysz Gallery, Shanghai Courtesy galerie Magda Danysz — Photo © Prune Nourry

En atelier 5, un film d’introduction au projet Terracota Daughters sera projeté. Réalisé par l’artiste, il permet de mieux comprendre le projet dans son ensemble, de son aspect sociologique à la collaboration avec les artisans et à l’implication des petites filles, modèles des sculptures.

L’artiste étaye son travail par de nombreuses recherches et entretiens auprès de scientifiques. À visée anthropologique, son travail s’inscrit dans une démarche participative. Elle réalise également des interventions artistiques dans lesquelles elle met en scène son propos et entre en interaction avec le public.

Xavier Juillot

Déprime passagère château d’eau

Xavier Juillot réalise des interventions urbaines et paysagères. Il conçoit des utopies urbaines en recourant à l’expérimentation des matières et des techniques.

Ce plasticien remet en jeu l’espace et les bâtiments existants en intervenant grâce à son matériau premier : le vide. Ainsi l’architecture est transformée, des éléments connus apparaissent transformés, nouveaux, mêlant ainsi deux mondes, un monde onirique à une inquiétude naissante.

Xavier Juillot a ainsi investi des sites classés au patrimoine mondial de l’Architecture comme la Saline royale d’Arc en Senans, des sites à l’identité visuelle très forte comme la Baie de Sydney ou des sites très marqués par leur fonction comme la Cité des Sciences de Paris Villette.

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Xavier Juillot, Dépression localisée, Abattoirs de Marseille, 1989 © Xavier Juillot

Jérémy Gobé

La Liberté guidant la laine — atelier 0

Installation entre maillage et toison, ouvrage et geste gigantesque, cette œuvre met à l’honneur le travail, celui que l’on oublie ou qui se fait oublier. Inlassablement, le motif se répète et subit des distorsions inattendues.

Le propre de l’homme — atelier 2

Une installation constituée de meubles recouverts de tricot, partiellement ou totalement. Comment donner une autre vie à un objet perdu, comment lui redonner corps, peut-être lui retrouver un propriétaire fantomatique.

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Jérémy Gobé, Résident, 2012 © Jérémy Gobé
Chairs — dans les différents espaces du Centquatre

Jérémy Gobé investit une partie du mobilier du Centquatre. Les assises du lieu sont investies par l’artiste à l’aide de vêtements récupérés. Leurs personnalités se dessinent, aux visiteurs de se les approprier.

Jérémy Gobé, artiste français né à Cambrai en 1986, travaille à Paris. Dès le début du développement de sa pratique artistique, Jérémy Gobé se pose la question du travail, et du geste répété. Mais il se pose aussi la question des usines abandonnées qui laissent des ouvriers sans ouvrages et des matières sans ouvriers, des objets sans usage et des ouvrages non façonnés.

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Jérémy Gobé, Chair, 2009 © Jérémy Gobé

Alice Mulliez

Vestiges — atelier 5

L’œuvre Vestiges d’Alice Mulliez prend la forme d’une immense installation faite de plusieurs tonnes de sucre cristal. Sous cette nappe de sucre déversée, apparait quelques rosaces, vestiges des temps bourgeois. Mais aussi des briques, parpaings, tout autant d’éléments architecturaux. On ne sait finalement pas si ces éléments réapparaissent ou s’ils s’enlisent pour disparaître à tout jamais.

Il est ici question de décadence, d’épuisement, de gâchis, d’un cycle qui ne trouve plus les ressources pour se renouveler. Tout autant de problématiques contemporaines qui sont au cœur de nos sociétés.

Ses œuvres oscillent délibérément entre objets de consommation et œuvres d’art. Le choix de l’artiste, d’utiliser la nourriture comme matériau premier, a été déterminé par l’envie et le plaisir du partage. Elle offre un terrain simple et commun pour traiter de questions esthétiques et plastiques.

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Alice Mulliez, Vestiges © Alice Mulliez

Rien de naïf et d’anodin à ces assemblages gourmands qui empruntent les formes d’objets issus du quotidien. Les partages de repas qu’elle propose sous forme de performances cherchent à mettre en valeur la transformation de la matière alimentaire. Pour y parvenir, l’ensemble des composantes symboliques du repas est sollicité, de la recette à la consommation, de l’appétit à l’interdit, de la distinction sociale à l’appartenance culturelle, du rituel établi à l’invention d’une nouvelle forme.

Tantôt révélant une fragilité par sa condition éphémère, tantôt puisant sa force dans les symboles historiques et les codes sociaux. Élaborée pour déployer toute sa beauté, la matière alimentaire, intemporel objet de plaisir est nécessaire à la vie comme réponse à une société où tout s’avale et se digère de plus en plus vite.

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5, rue Curial

75019 Paris

T. 01 53 35 50 00

www.104.fr

Riquet
Stalingrad

Horaires

Du mardi au vendredi de midi à 19h
Samedi et dimanche de 11h à 19h
En fonction de la programmation (concerts, spectacles), les espaces de représentations sont ouverts au public le soir.

Tarifs

Gratuité pour les enfants de moins de 6 ans (hors visites groupes) — Tarifs selon exposition

Les artistes

  • Pascale Marthine Tayou
  • Jérémy Gobé
  • Prune Nourry
  • Xavier Juillot
  • Alice Mulliez