Céleste Boursier-Mougenot — acquaalta
Exposition
Céleste Boursier-Mougenot
acquaalta
Passé : 24 juin → 13 septembre 2015
L’acquaalta est cette inondation annuelle touchant la lagune vénitienne. À l’été 2015, ce même phénomène va s’emparer des espaces du Palais de Tokyo. Céleste Boursier-Mougenot imagine en effet un paysage lacustre qui entraîne le visiteur dans une expérience visuelle, tactile et auditive modifiant sa perception des lieux : le déploiement dans l’espace d’un dispositif, en relation avec un lieu ou une situation, correspond pour moi à ce que d’autres musiciens accomplissent en faisant des concerts.1 En traversant cet espace inondé, le visiteur est introduit dans un flux d’images créant les prémices d’un voyage halluciné qui l’amènerait à naviguer à travers sa propre psyché. Avec cette production inédite, c’est aussi un nouveau format d’exposition qui est exploré.
L’artiste complète ce paysage par un zombiedrone, principe qu’il a déjà expérimenté et qu’il définit ainsi : un système de traitement du signal vidéo crypte les images, ne laissant apparaître sur l’écran que les parties en mouvement dans le cadre. Tout le reste se fond dans un noir opaque. L’effet saisissant de la transformation de l’image vidée de son message est accompagné par un son lancinant, provenant de la conversion du flux des images en un continuum sonore.
C’est donc un continuum, une onde, qui guide le visiteur dans l’exposition via un dispositif cohérent ayant pour fonction la connexion des flux (des visiteurs, de l’eau, de la vidéo et du son) : les visiteurs parcourent l’exposition, leurs mouvements étant filmés et retransmis en direct sur les murs. Tous se retrouvent sur une île, lieu d’un éboulement minéral ou chacun pourra s’allonger pour mieux se noyer dans les images environnantes. Tout au long du parcours, le visiteur est acteur de l’exposition, son sujet et son objet. À l’issue de cette expérience sensible et hallucinatoire, et selon les mots de l’artiste, pour sortir de l’exposition, le visiteur traverse — littéralement — l’image.
Cet univers fantasmagorique évoque autant la mythologie antique (de Narcisse se noyant dans son reflet à Ulysse résistant au chant des sirènes) que le cinéma (la fuite en barque des enfants dans « La Nuit du Chasseur »). Le rapport entre nature et culture est ici renversé, l’artiste étant comme il le dit lui-même « un simple médium, permettant aux visiteurs de donner des formes à leur sensations », soit l’oubli de soi face à des images et des sons hypnotiques.
(Daria de Beauvais, commissaire de l’exposition).
À l’occasion de cette exposition, le Palais de Tokyo publie une monographie de l’artiste, intégrant un entretien entre Céleste Boursier-Mougenot et Daria de Beauvais ainsi qu’un texte inédit de Frédérique Aït-Touati.
1 Céleste Boursier-Mougenot, « Ecoutes à l’œuvre — entretien avec Samuel Bianchini » in Céleste Boursier-Mougenot, Etats seconds, Edition FRAC Champagne-Ardenne, Reims. Analogues, Arles, 2008, p. 114.
Horaires
Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit
Fermé le mardi
Tarifs
Plein tarif 12 € — Tarif réduit 9 €
Gratuité pour les visiteurs de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux…