Isabelle Lévénez — Le voyage d’hier
Exhibition
Isabelle Lévénez
Le voyage d’hier
Past: January 11 → February 22, 2014
Isabelle Lévénez, Le Voyage d’hier — Galerie Isabelle Gounod Pour sa troisième exposition à la galerie Isabelle Gounod, Isabelle Lévénez fait le choix de l’installation. Y défilent différents ... CritiquePour sa troisième exposition personnelle chez Isabelle Gounod, Isabelle Lévénez nous invite à traverser un environnement où sons, vidéos, néons et dessins l’habitent littéralement. Véritable mise en lieu d’un paysage, l’artiste transforme la galerie en un sas pour un autre monde. Pas si sûr d’être face à un ailleurs. Même si la nouvelle série de dessins Le voyage d’hier, au format 16/9, évoque des fragments d’horizons imaginaires, son titre suggère des relevés à la mine de plomb, effectués lors d’une expédition passée sur la banquise australe. Une fois de plus, Isabelle Lévénez cherche à nous troubler avec un certain goût de l’équivoque.
Un néon nous donne le titre de l’exposition : Bruit blanc.
Un bruit blanc est une réalisation d’un processus aléatoire dans lequel la densité spectrale de puissance est la même pour toutes les fréquences, dixit wikipédia. L’exemple le plus connu de bruit blanc est le son produit lors de l’effet de « neige » sur un téléviseur. L’artiste en diffuse une bande son dans tout l’espace de l’exposition. Cette dernière a pour fonction de nous envelopper et de nous faire oublier notre corps afin de devenir purement rétinien. Ainsi le spectateur devient un regard et une image dans un même mouvement dilué dans un paysage sensoriel et temporel infini. Le temps devient l’acteur principal de cette histoire de paysage. Réel ou fictif, tout cela n’a plus d’importance, seul compte le modelage du temps. Isabelle parle d’un « mouvement complexe ou le temps est réfracté, arrêté, démultiplié, scindé et toujours rabattu sur un présent. » Condamné à errer dans les limbes d’un pays cristallisé, seul notre regard compte et persiste, dans un éternel temps présent.
« D’ouïr tout le ciel et la carte
Sans fin attestés sur mes pas
Par le flot même qui s’écarte,
Que ce pays n’exista pas. »
Ce quatrain de Stéphane Mallarmé, extrait du Poème Prose pour des Esseintes (1884), utilisé par l’artiste comme programme-création, annonce le combat à mener face à la dématérialisation programmée de notre corps physique. Mais avons-nous encore le temps ? Des phrases projetées, sonnent comme des sentences : « Il possède en lui le silence vide », « IL se penche en avant et peu à peu son corps quitte l’image », « Il écoute le bruit sourd de la chute de l’image », « Il chute dans le silence de l’image », … Ces phrases seraient les derniers écrits — fait main — d’un humain tourmenté et fasciné par sa perte abyssale.
De toute évidence, Isabelle Lévénez dépasse la dualité du genre humain pour celle entre l’espace et le temps. Fil conducteur depuis ses débuts, le rapport féminin/masculin n’aurait plus lieu d’être car la disparition des corps, après une lutte acharnée, s’enfoncerait dans les flots d’un océan de sel. Etranges et inquiètes, les œuvres d’ IL continuent d’interroger nos sens, et nous obligent à réfléchir à l’avenir de notre être biologique. Honoré de Balzac dirait : « Là le paysage a des idées et fait penser »1.
1 Ursule Mirouët, 1841.
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Opening Saturday, January 11, 2014 4 PM → 9 PM
Opening hours
Tuesday – Saturday, 11 AM – 7 PM
Other times by appointment