Isabelle Lévénez, Le Voyage d’hier — Galerie Isabelle Gounod
Pour sa troisième exposition à la galerie Isabelle Gounod, Isabelle Lévénez fait le choix de l’installation. Y défilent différents paysages qui semblent jouer en sourdine la partition du corps humain. Ce Voyage d’hier merveilleusement composé mène aux confins du sensible.
« Isabelle Lévénez — Le voyage d’hier », Galerie Isabelle Gounod du 11 janvier au 22 février 2014. En savoir plus À première vue, l’exposition donne autant d’indices et traces d’une expédition vers la banquise, ici retranscrites à travers différents médiums. Bruit blanc en bande son du parcours, mines de plomb sur papier représentant des paysages glacés. Et plus loin, un néon dont la pâle lueur dessine les mots « bruit blanc » au fond de cette salle figée dans le temps.Mais ici, c’est une toute autre histoire qui se joue. Isabelle Lévénez ne revient de nulle part qu’en elle-même. À y lire ces phrases projetées sur le mur de façon continue : « IL possède en lui le silence vide », « IL se penche en avant et peu à peu son corps quitte l’image », « IL écoute le bruit sourd de la chute de l’image », « IL chute dans le silence de l’image »… On comprend qu’« IL » n’est autre qu’elle, Isabelle Lévénez, et qu’elle installe le regardeur dans un paysage intérieur, le sien. Point de radiographie fidèle, mais plutôt un accès à son état. Les images que l’on imprimera sur notre rétine auront mûri longtemps en elle. Voyage d’hier porte si bien son nom.
Entrer dans cette exposition revient alors à entrer de plain-pied dans son processus de création. C’est sans doute pour cela que rarement parcours n’aura eu telle couleur.
Comme on dit d’une note de musique qu’elle possède une « couleur ». Il y a en effet dans ce voyage introspectif et sensible une atmosphère qui marque durablement. Une empreinte. Tout le dispositif est ainsi fait pour englober les sens, les faire se télescoper et ne retenir qu’une seule idée saisie en un frisson ; le temps passe et nous décompose sans que nous ne le sentions. Les confettis noirs, posés en une montagne sur une table sont là pour nous le rappeler.
Les masses se décomposent, les corps sont destinés à devenir des fragments épars, sans identité. Ainsi parlent les paysages d’IL. Dépeuplés, ils sont pourtant très incarnés.