
Chevaliers errantes — Galerie Zlotowski
La galerie Zlotowski invite la commissaire Cécilia Becanovic (cofondatrice de la galerie Marcelle Alix) le temps d’une exposition au titre d’une ambiguïté féconde, Chevaliers errantes, réunissant une vingtaine d’artistes modernes et contemporains, dans un dispositif d’une générosité manifeste, débordant les cadres d’un espace délicieusement restreint.
« Chevaliers errantes — Une carte blanche à Cécilia Becanovic », Galerie Zlotowski du 24 mai au 28 juin. En savoir plus Comme évadées des cimaises, les œuvres pullulent avec la grâce de l’urgence, le bonheur de faire dialoguer dessin et matière, organisation et accident. Aux côtés d’artistes historiques, chacun participe à une présentation qui résonne comme une déclaration de survie. Forte de son expérience et de sa proximité avec ces artistes (auxquels elle consacre, à l’occasion de l’exposition, un formidable texte de présentation né de l’intime de la rencontre, pour mieux en révéler la portée globale), Cécilia Becanovic tisse les fils d’une maturation sur la durée pour en produire l’événement : un manifeste par la touche, un engagement total par la discrétion.Décalées, ambiguës, et capables de nous projeter, chacune, au cœur d’un monde qu’un seul geste suffit à esquisser, les œuvres se rejoignent insidieusement dans leur fugacité : une présence évanescente, propice à laisser toute sa place au regard.
Tout ici fait écho aux stratégies des artistes, à la manière dont leur pratique échappe pour mieux s’arrimer, le temps d’une exposition, au sein d’un dispositif qu’elles habitent autant qu’elles le justifient. Un idéal muséal en miniature, une maison mentale à reconstruire à l’aide de pièces dissonantes et de mobilier vivant — pour filer la métaphore des fantasmes de jeunesse évoqués dans le texte de présentation. C’est ainsi, dans le quotidien, dans la permanence du besoin de créer, que ces artistes atteignent le statut de héros : des chevaliers portés à naviguer dans le monde à dos de leurs obsessions.
L’errance — ce qui s’oppose à la vision idéale d’une vie exclusivement consacrée à l’art — devient peut-être, au sortir de cette accumulation de preuves, l’accès nécessaire à une forme de création en mouvement. Une errance nourrie par cette réinvention (voire cette pulvérisation) de la notion même de lieu de l’art, pour penser un art qui, dans son avènement, crée son propre lieu.