Le bas-relief dans tous ses états — Suzanne Tarasieve, Loft 19 — Exposition — Slash Paris

Passé : 16 janvier → 15 mars 2014

Le bas-relief est une pratique artistique qui a traversé le temps et les civilisations, de l’Antiquité à nos jours. Aujourd’hui encore nous croisons des chefs d’œuvres qui échappent à nos yeux, Paris est un musée à ciel ouvert.

Suzanne Tarasieve, dans le choix personnel des œuvres de cette exposition, met en lumière les développements du bas-relief au cours des deux derniers siècles. A l’origine réalisé en plâtre, céramique ou matériaux divers, le bas-relief voit très souvent son aboutissement en bronze.

C’est le cas pour Joan Miró qui réalise en 1971 neuf bas-reliefs en bronze, pièces rares car ce sont les seules de son œuvre. Le bas-relief présenté, pièce unique, est une fonte au sable de la fonderie Parellada de Barcelone.

Alberto Giacometti réalise quelques rares bas-reliefs dans sa vie. L’Amérique, bronze de la fonderie Susse, est symbolique car il date de 1931-32, période à laquelle Giacometti se sépare de ses amis surréalistes. Il se retrouve alors seul, sans femme, comme le montre le paysage nu dans lequel il se représente à cheval. Cette œuvre figurait dans la grande exposition consacrée à Giacometti au Centre Pompidou en 2007-2008.

Du Surréalisme au Nouveau Réalisme il n’y a qu’un pas que franchit allègrement Jacques Villeglé. La fonte de fer Nouveau Réalisme de 2010 sacralise ce mouvement artistique crée en 1960 par Yves Klein et Pierre Restany. Un célèbre béton d’Arman, une trompette, vient lui faire écho.

Certains peintres, en particulier Jean Messagier, se sont essayés au bas-relief. On verra de lui une œuvre en plâtre originale et un bronze patine noir. La céramique de Gérard Drouillet, en grès émaillé noir, est un autre exemple de ce passage du langage de la peinture à celui de la sculpture. Disparu en 2011, un hommage lui est rendu à travers la monographie parue en 2013 aux Editions du Regard.

Deux artistes allemands prestigieux, A.R. Penck et Markus Lüpertz, se sont également essayés au bas-relief. Relief für Robotron Werk de Penck est une œuvre muséale en bronze de 1966. Quant à Markus Lüpertz, son choix est une surprise à découvrir ensemble ! Si vous passez à Paris devant le Palais de la Porte Dorée, pensez à Alfred Janniot, élève d’Antoine Bourdelle, qui en a réalisé tous les bas-reliefs. L’œuvre en plâtre présentée à la galerie est une étude pour ses façades. De Joseph Csaky un magnifique petit bronze, pièce unique fonte Rudier de 1948, intitulé Jeune fille à la frange, révèle par la pureté de ses lignes le talent de l’artiste. De Gilbert Privas, qui participe à l’Exposition Universelle à Paris en 1937 et à New York en 1938, est exposé un bas-relief en plâtre, Idylle, représentatif de la dimension romantique du travail de l’artiste.

Disparu en 1989, Volti laisse une œuvre très sensuelle. Comme il le disait, « ce qui m’enchante dans un corps de femme, ce sont les rythmes et les volumes ». Défendu depuis toujours par Suzanne Tarasieve, Volti a réalisé d’immenses et magnifiques bas-reliefs pour l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle dans les années 70. Pour cette exposition, un grand bas-relief en plâtre fut réalisé en bronze, Les Trois Grâces, ainsi qu’un petit bronze pièce unique, Femme à la Lyre.

Enfin, le bas-relief est de plus en plus exploré aujourd’hui par les jeunes artistes. Eva Jospin nous en donne l’exemple avec une œuvre en bois et carton représentant une forêt. Angelika Markul, avec son univers post-apocalyptique, propose une œuvre en cire noire d’une beauté inquiétante. Quand au couple de jeunes artistes russes Recycle Group, ils réalisent de spectaculaires bas-reliefs en plastique et caoutchouc, des pièces uniques inspirées de l’antiquité romaine et des fresques soviétiques, actualisées par des références aux technologies les plus contemporaines.