Reboot #3 — Virtualités du sport… potentialités de l’art

Conférence

Techniques mixtes

Reboot #3
Virtualités du sport… potentialités de l’art

Passé : Jeudi 28 avril 2011 à 19:00

Au cours de cette séance, on partira ici d’une hypothèse : qu’il y a autant de distance, et de rapport, entre ce qu’on entend traditionnellement par le mot « sport » et le sport contemporain qu’entre ce qu’on entend traditionnellement par le mot « art » et l’art contemporain. Non pas que ces deux champs aient connu des évolutions parallèles mais au sens où ils soulèvent aujourd’hui des conflits similaires liés, de part et d’autre, à une mécompréhension de la réalité nouvelle de chacune de ces disciplines.

Une grande lamentation anime la majorité des discours sur le sport, qui souligne le poids de la manne financière (« l’argent-qui-pourrit-le-sport »), et se conjugue en outre avec une colère envers un ennemi déclaré : le « sport-spectacle ». Un même mouvement s’empare des discours sur l’art contemporain, entre « le-marché-qui-tue-l’art » et la « peopolisation-du-milieu ». Pour l’un comme pour l’autre, la dénonciation de fausses valeurs s’accompagne de la nostalgie d’un temps passé où l’authenticité, point cardinal de ces disciplines, était garante de leurs qualités morales. Et pourtant, le sport a toujours été un spectacle, et seule la nature du spectaculaire a changé : du théâtral au télévisuel et du télévisuel au numérique. Et l’art a toujours été lié aux réseaux de pouvoir qu’ils soient intellectuels, politiques ou financiers.

Mais si l’on pousse plus loin l’analyse, on remarquera que les modifications du régime spectaculaire du sport, loin de saper uniquement le cœur « authentique » d’une activité, lui ouvrent aussi bien tout un spectre inédit de possibilités, et que c’est l’étrangeté même du sport contemporain qui déroute l’amateur. Il ne reconnaît plus ni les acteurs, ni la scène, ni la dramaturgie qu’il aimait. Les liaisons et les entités nouvelles qu’il établit possèdent, en particulier, une vertu indéniable : elles achèvent de le dénaturaliser en mettant en lumière, de manière frontale, sa dimension artificielle : les corps sont assistés chimiquement et remodelés technologiquement ; Les gestes et les échanges sont recalculés numériquement. Et les terrains perdent tout lien avec le terroir pour se réinventer en tant qu’images.

Cette promotion explicite du sport en tant que construction et le glissement conjoint d’une triade ancienne (acteurs, scène, dramaturgies) à une triade nouvelle (corps, images, technologies) offre une plateforme nouvelle aux échanges du sport et de l’art, manifestée par l’intérêt que les artistes portent, depuis une quinzaine d’années, au domaine sportif. Qu’ils accompagnent cette transformation de façon nostalgique ou qu’ils cherchent, à l’inverse, à en explorer les virtualités marginales dans des formes qui tranchent radicalement avec les représentations modernes du sport. Leurs constructions de monde pouvant porter ces reconfigurations (de l’organique, des vitesses, des espaces) et leurs effets de dénaturalisation jusqu’au seuil de la mutation.

Virtualités du sport… potentialités de l’art cherchera à explorer ces raccords du sport et de l’art contemporains en faisant dialoguer, en trois rounds, artistes, ingénieurs et théoriciens.

Avec : Patrice Blouin, Arnaud, Bertrand, Guillaume Dezoteux et Christophe Kihm.

Patrice Blouin est écrivain, critique de cinéma et professeur d’histoire des idées à la Villa Arson. Il a publié deux livres sur les images du sport : Faire le tour / Voir les jeux (Lanceur, 2010) et Une Coupe du Monde. Télégénie du football, Actes Sud, 2011.

Les frères Dezoteux sont nés à Bayonne. REBOOT3 est leur première collaboration.
L’aîné, Guillaume (1979) est diplômé de l’école d’ingénieurs l’ESTACA. Après son cursus, il commence à travailler dans le sport automobile, notamment chez Renault Sport. Actuellement, il s’occupe de la simulation dans l’écurie de Formule 1 Scuderia Torro Rosso, anciennement Scuderia Minardi à Faenza, en Italie. Son expérience dans la course automobile lui permet d’observer comment les nouvelles normes de la F1 entraînent le développement de technologies de pointe.

Le cadet, Bertrand (1982), est sorti du Fresnoy en 2008. Son travail plastique prend la forme de vidéos et d’animations 3D, avec l’envie de chercher de nouveaux formats : dans Le Corso, il s’essaye au documentaire animalier en 3D. Dans Zaldiaren Orena, il met en scène l’exploration du pays basque par un robot allemand pendant la guerre. Cette dernière pièce a été produite à l’occasion de l’exposition Dynasty au Musée d’art moderne de la ville de Paris et au Palais de Tokyo, et fut montrée plus récemment au festival Hors Pistes au Centre Pompidou.

Le benjamin, Arnaud (1987), prépare actuellement le diplôme du DNSEP à l’École Nationale des Beaux-arts de Paris. Son travail porte sur le tournage en studio et les effets d’incrustation. Il filme des personnes appartenant à différentes communautés (Emokids, danseurs de Jumpstyle), livrées à elles-mêmes dans l’espace bleu du plateau de tournage. Il retravaille ensuite ces images en post-production, et replace ces situations filmées dans des décors de synthèse. Il est intervenu dans le cadre du séminaire « Cinéma & jeu vidéo : pratiques sous influence », à l’Université Lille 3, fin mars.
Remerciements : Mme COURTOIS, chef d’établissement du collège Sacré Cœur à Versailles et Mme GAL professeur d’E.P.S.

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