Travail à la chaîne — Vincent Ganivet
Exhibition
Travail à la chaîne
Vincent Ganivet
Past: October 2 → December 11, 2010
VINCENT GANIVET, FUNAMBULE DU FIL DU RASOIR
L’araignée d’Alice
L’installation de Vincent Ganivet est comme une araignée pleine de pattes en parpaing. Elle est trop grosse pour la pièce qui l’accueille. Envahissante, elle se dérobe à la vue, ce n’est que de dehors, de l’autre côté de la baie vitrée qu’elle se laisse appréhender pleinement. A se placer entre ses pattes, c’est l’écrasement par le vertige : la crainte de l’effondrement.
L’arc et le système
Il y a une joyeuse contradiction dans les arcs en parpaing de Vincent Ganivet. La banalité du matériau contredit la noblesse de la forme, l’arc des romains ou des cathédrales. Vincent Ganivet réinvente une histoire de l’arc. Il a d’abord construit des arcs en plein-cintre, des roues, puis il a complexifié le système. Avant d’arriver au gothique, à l’arc brisé, il prend une autre voie celle de l’arc « interrompu » qu’il nomme l’arc « déboutant » . Son travail consiste à chercher l’équilibre tout en s’approchant au plus près du point de rupture. À chaque nouvelle œuvre, le défi est un peu plus osé, le risque augmente avec la maîtrise technique.
Art et architecture
Deux disciplines se rencontrent dans les œuvres de Vincent Ganivet : l’architecture, créatrice d’espace couvert, et les arts plastiques, créateurs d’espace ouvert. Avec les techniques de l’architecture, l’étude des forces de traction et de compression, Vincent Ganivet réalise un objet qui est l’inverse de l’architecture : des arcs sans voûte, sans édifice, à la fois flottant dans l’espace et violemment plantés dans le sol. L’arc se décline en ricochets, aspirant à la hauteur, il s’élève, se sépare, se multiplie en un élégant bouquet de béton, lourd et fragile. On a beau connaître le procédé qui les fait tenir ensemble, on s’étonne de les voir au-dessus de nos têtes.
Les parpaings et les murs
Dans l’accumulation la banalité parpaing se fait oublier, il devient un objet extraordinaire, un peu comme les balles du jongleur : posées au sol ce sont des balles, jetées en l’air elles deviennent des équilibres en mouvement et des objets de féerie. Le matériau est transfiguré, il se découvre des qualités esthétiques. L’uniformité du gris, sévère et solide, l’aspect granuleux mais lisse donne à l’ensemble une surface et une matière qui se détache du lieu qui la reçoit. A La Maréchalerie, les parpaings soulignent la texture hétérogène du lieu et frappent par leur unité et leur harmonie.
Équilibre et accident
Les institutions s’entourent des précautions maximales pour éviter l’accident. Vincent Ganivet joue à ne pas faire tomber. Il évite l’accident tout en travaillant à augmenter le risque. En effet, les structures de Vincent Ganivet cherchent l’équilibre en s’approchant le plus possible du point de rupture : pour complexifier le challenge, il ouvre et redresse les arcs. Certes, c’est la maîtrise technique qui lui permet d’accéder à des formes nouvelles, mais la possibilité d’un effondrement reste plausible. Ça peut tomber si… si un acte volontaire, si les matériaux travaillent, si un accident survient. L’institution et le principe de précaution. Un bureau de contrôle vérifie et garantit que rien dans la construction ne vient compromettre la sécurité des personnes : ici que les arcs tiennent. En matière de sûreté, les institutions cherchent des garanties de sécurité maximales, parfois à l’excès, ce qui peut les conduire à l’auto-censure et à l’inaction. La nature équilibriste des installations de Vincent Ganivet oblige l’institution à revoir son seuil de précaution au minimum, c’est-à-dire à un équilibre stable, car pour que son œuvre existe un risque doit persister.
Entrée via l’ENSA Versailles
au 5 avenue de Sceaux 78 000 Versailles
78000 Versailles
T. 01 39 07 40 27
Opening hours
Tuesday – Friday, 2 PM – 6 PM
Saturday & Sunday, 2 PM – 7 PM
Fermé les lundis et les jours fériés
Admission fee
Free entrance