Andrea Fraser
Née en 1965, Andrea Fraser développe, depuis 1986 un œuvre empli d’humour grinçant et d’ironie qui explore la représentation de l’art, les discours qui l’accompagnent tout en insistant sur la place et le regard qu’il impose au corps des femmes.
Après avoir quitté le lycée de sa Californie natale, Andrea Fraser, fille d’une mère artiste et d’un père pasteur (après avoir suivi des études de philosophie) rejoint sa sœur et son frère à New-York où, encore adolescente, elle découvre les expositions majeures de la ville et fréquente assidûment le Metropolitan Museum et s’inscrit dès ses 16 ans à la Visual School of Arts. Là, elle y étudie notamment le dessin, la vidéo et la performance et multiplie les rencontres qui la feront graviter dans la sphère artistique bouillonnante de New-York. Elle enchaîne les collaborations avec artistes et galeries et participe à des mouvements tels que les V-Girls (1986-1996), Parasite (1997-1998) ou Services (1994-2001).
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Ancré dans la question du pouvoir (pouvoir de soumission, de séduction, d’évocation et d’exclusion), son œuvre décline à travers l’écriture, la performance et la vidéo une multiplicité de nuances qui se régalent de ses outrances. L’appropriation devient alors un mode de production et une forme de résistance chez cette artiste qui multiplie les objets comme tout droit sortis du musée (affiches d’expositions, brochures, textes), faisant des biais de l’art un outil de création.
Usant de l’institution muséale comme matière essentielle de nombre de ses œuvres, à l’image de ses vidéos les plus connues telles Museum Highlights : A Gallery Talk où l’artiste propose une conférence grandiloquente autour de tous les objets, artistiques ou non, croisés durant la visite, cette héritière du mouvement de la critique institutionnelle de l’art participe à son renouveau en insistant sur la dimension pratique de cette critique dans le but de changer « effectivement » l’ordre social. Influencée par les pensées de Freud, Lacan ou Bourdieu, sa démarche déconstruit les structures de pouvoir pour mettre à jour une résistance de toutes les minorités.
Particulièrement présent dans les collections européennes et représenté par la galerie Nagel Drexler à Berlin, son travail est plus discrètement célébré aux Etats-Unis où certains de ses projets ont pu éveiller réticences et débats, à l’image de Untitled qui la met en scène en pleine relation sexuelle avec un collectionneur.
En dévoilant ses contradictions, ses inégalités structurantes, ses apories, Andrea Fraser réactive paradoxalement cette question pratique de ce que « peut » l’art et de ce qu’on doit attendre de lui.
Guillaume Benoit
Andrea Fraser
Contemporary
Publishing, installation, performance, video
- Themes
- Corps, culture, espace public / espace urbain , exclusion / précarité, féminisme, histoire, histoire de l'art, identité
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