Bertrand Lamarche

Bertrand Lamarche exposait au FRAC d’Orléans et à Tours en avril 2012, analyse de Lise Guéhenneux

Bertrand Lamarche, nominé au prix Marcel Duchamp 2012, déploie son travail entre Tours et Orléans. A Tours, c’est d’abord sur un socle, Lobby, un tube en reptation sur lui-même, sans fin ni début, seul. Puis la mesure d’une forêt de grandes berces du Caucase, jusqu’au plafond, donne sa dimension au lieu ainsi qu’au visiteur. L’artiste joue avec les échelles, celle d’une maquette du Haut-du-Lièvre, un bâtiment conçu par Bernard Zehrfuss à Nancy, suspendue dans l’espace en vision nocturne illuminée par les clignotements des fenêtres. Cosmo Disco, une vidéo sonore, projette une dimension spatiale autre, un tourne-disque filmé par une caméra en rotation comme une grande ellipse de planète tandis que la voix de Kate Bush est diffusée à l’envers sur une autre platine disque et qu’un travelling super huit en boucle revient sur la barre de 400 m de long de Zherfuss. Ailleurs, la brume au raz d’une maquette introduit une météorologie à plusieurs dimensions, celle de son origine comme celle de l’espace environnant.

Bertrand Lamarche, Le Haut du Lièvre, 2012 Courtesy galerie Jérôme Poggi, Paris
Vue de l’exposition au FRAC Centre
Vue de l’exposition au FRAC Centre Courtesy galerie Jérôme Poggi, Paris — Photo © Nicolas Brasseur
Bertrand Lamarche, Map, 2011 Installation, vue de l’exposition « Plutot que rien : démontage », Maison populaire de Montreuil Courtesy galerie Jérôme Poggi, Paris

Au FRAC Centre d’Orléans, dessin en noir et blanc dans l’espace, ici encore, pas d’immersion complète, Bertrand Lamarche risque la confrontation de ses pièces au réel. Différents points de vue, laissent apparente la fabrique des images. L’image de La Réplique est projetée par un simple spot sur la paroi rebondissant sur un algorithme complexe et dérisoire engendré par une machine dessinant sur un papier miroir. Tout bouge à différents rythmes, chaque objet dans son coin. Et ce ballet mécanique donne une sensation d’hyper activité alors que les objets, pris dans leur singularité, distillent une temporalité plutôt lente, jusqu’à parfois s’installer dans une boucle vertigineuse où l’on peut venir se poser. Regarder, comme fasciné, l’objet tout en sachant que ce que l’on voit est une fabrication de ce qui est en train de se dérouler, d’advenir sous nos yeux. Tore, une ellipse projetée à partir d’un vinyle sur un tourne-disque à enceintes, dans un bruit presque blanc de tempête flotte sur le mur. Un spot éclaire la Fog Factory, maquette d’un autre lieu de Nancy, celui du nœud ferroviaire de la gare dominée par une tour. Une machine à fumée crache une brume brouillant cette scène urbaine. Un climat s’installe qui vient du regard qu’a Lamarche sur cette ville emblématique, celle de la densité humaine, des endroits un peu sauvages et non contrôlés, de cette ville stigmatisée par des gestes architecturaux radicaux reçus avec effroi. On s’y enfonce comme dans le Terrain Ombelliférique, les berces, à nouveau, en négatif dans cette vidéo. C’est dans cet étirement fascinant du temps où se tiennent toutes les composantes hétérogènes de la réalité que se situe l’art de Bertrand Lamarche, radical et terriblement juste.

Bertrand Lamarche, The Fog Factory, 2012 Vue de l’exposition au FRAC Centre, The Fog Factory ( 2005-2011) au Premier plan et Réplique ( Baphometre), 2008 en Arrière Plan — Photo © Nicolas Brasseur.
Bertrand Lamarche, Le Terrain Ombellifèrique, 2005 Installation vidéo Courtesy galerie Jérôme Poggi, Paris
Bertrand Lamarche, Lobby (Hyper-tore), 2004 Sculpture — 160 × 160 × 60 cm Collection du centre Pompidou — Courtesy galerie Jérôme Poggi, Paris

Bertrand Lamarche

Contemporain

Architecture, installations, techniques mixtes

Artiste français né en 1966 à Paris, France. 

Localisation
Paris, France
Site Internet
www.bertrandlamarche.com

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