Johan Grimonprez
« I thought I was save until you guys came along, digging up all those other Hitchcock lookalikes. Now we will have to find ways of disposing of them. »
Ron Burrage, Hitchcock double
Johan Grimonprez est passé maître dans la dé/reconstruction de notre vision viciée par l’info mondialisée, la célébrité et les apparences. Il réévalue notre rapport à l’image à travers le rôle prédominant de l’actu sur notre conscience du monde et de nous-mêmes.
Le documentaire dial H-I-S-T-O-R-Y, « un hybride filmique sur les détournements d’avion », annonçait les prémices du 11/09 à travers une analyse anticipatrice de l’infotainment. Le phénoménal succès de dial H-I-S-T-O-R-Y au moment de sa sortie, puis après la pulvérisation médiatico-planétaire du 11/09, a souligné la puissance visionnaire de l’artiste belge, considéré aujourd’hui comme l’une des grandes figures contemporaines de la réflexion sur les mass médias.
L’écriture cinématographique de Johan Grimonprez est basée sur le détournement et la subversion du sens de lecture. Articulant found footage et prise de vue réelle, citation littéraire et invention, ses vidéo-collages jouent sur les limites entre fiction et réalité.
L’artiste a le don de manipuler et superposer toutes sortes de sources, créant son propre langage métaphorique et poétique, développant ainsi une autre narration entre documentaire et fiction. Pour lui, ses films sont les « enfants bâtards » des médias contemporains et du zapping : « Notre rapport au monde à travers sa représentation a modifié notre rapport au réel ».
« Jouer sur les frontières entre le même et presque (ou pas tout à fait) le même, est un thème récurrent de mon travail, explique Johan, d’où mon intérêt dans Hitchcock et Magritte, qui tous deux anticipent sur les questions de doublure et de copie. Pour moi, Magritte est un artiste du copier-coller avant-la-lettre ».
C’est peut-être inconsciemment, au détour de son entretien avec Chris Darke pour l’ouvrage Looking for Alfred que Grimonprez nous livre LE passe pour son œuvre à tiroirs : « Les Dupont et Dupont sont profondément Belges. Dans leur ubiquité on retrouve toute la schizophrénie d’un pays où cohabitent deux langues; l’un reprenant, traduisant ou ironisant sur ce que l’autre dit. En Belgique, tout doit être dupliqué ou traduit. Aussi, le malentendu devient culturel, comme une vraie poésie de l’erreur d’interprétation. Les mots et les choses finissent par être totalement déconnectés. Le fait d’être constamment confronté à l’autre face des choses aiguise votre sens de l’ironie, qui devient comme une seconde nature. »
Johan Grimonprez est né en 1962 à Roeselare (Belgique). Anthropologue de formation, il est par ailleurs professeur à la SCHOOL OF VISUAL ARTS (New York). Récemment, l’œuvre de Johan Grimonprez a bénéficié d’une rétrospective au musée d’art moderne de Munich (Pinakothek der Modern 10/05-19/08 2007), d’une rétrospective en juin 2007 dans le cycle Vidéo et Après de Beaubourg et d’une installation au PLATEAU, de la YouTube-o-theque, Le ciel est peut-être vert et nous daltoniens, réalisée en collaboration avec Charlotte Léouzon.
Son travail figure dans de nombreuses collections dont celles de la Pinakothek der Moderne de Munich, du Centre Georges Pompidou à Paris, de la Hamburger Kunsthalle de Hamburg, du Musée d’art contemporain d’Oslo, du SMAK de Ghent et du Musée d’art contemporain de San Diego.
Johan Grimonprez
Contemporain
Photographie, vidéo
Artiste belge né en 1962 à Roeselare, Belgique.
- Localisation
- Bruxelles, Belgique