A Hole in Time — Vernissage
Opening
A Hole in Time
Vernissage
Past: Thursday, September 27, 2018 6 PM → 10 PM
Curator : Victor Mazière
Retrouvez le communiqué de presse de l’exposition
Invitez vos amis au vernissage via Facebook
Si la notion d’utopie remonte au XVIème siècle et à Thomas More, celle d’uchronie est plus récente. Elle apparaît pour la première fois au XIXème siècle, dans un ouvrage de Charles Renouvier : Uchronie, l’utopie dans l’histoire.
Recueil d’histoires parallèles, le roman philosophique de Renouvier met en place une structure narrative qui deviendra commune à la plupart des récits uchroniques . Elle comporte deux axes principaux : l’auteur d’une uchronie modifie tout d’abord un paramètre historique, puis imagine par la suite une succession d’événements aboutissant à un futur différent. Idée visionnaire dont Renouvier fournit le paradigme, l’uchronie ne connut pourtant pas un succès immédiat. Il faudra attendre le milieu du XXème siècle pour qu’elle devienne un genre littéraire à part entière : le tournant décisif vint ici de la science nouvelle, dont les deux théories, la mécanique quantique et la relativité, révolutionnèrent les concepts d’énergie, d’espace et de temps. Les uchronies trouvèrent alors dans la science-fiction une forme et des moyens de diffusions idéaux : dès les années 30 les fanzines américains relayèrent cette littérature alternative et devinrent, dans les années 60-70, de véritables instruments contre-culturels, auxquels fut sensible un artiste majeur : Robert Smithson.
La mythologie, à la fois entropique et uchronique de Smithson, se retrouve non seulement dans ses écrits théoriques mais aussi dans sa notion même de pratique située. Car le site smithsonien, s’il appartient bien au « champ étendu de la sculpture », pour reprendre le terme de Rosalind Krauss, ne se limite pas à ses seules caractéristiques spatiales : il sculpte également le temps, car il s’étend dans cet hyper-espace inlocalisable que l’uchronie, comme outil conceptuel et non plus simplement narratif, a permis de penser. La première machine à remonter le temps que les arts plastiques ait produite fut peut-être Spiral Jetty : elle fut aussi la première création qui nia le primat anthropocentrique pour lui opposer celui de la sphère objectale, au sens où l’entendent aujourd’hui les théoriciens de l’ Object Oriented Ontology .
L’idée d’une vestigialité du futur fut ainsi essentielle à la formation de la réflexion esthétique qui prit naissance autour de l’uchronie, dont on pourrait dire qu’elle a agi comme un aimant entraînant dans son champ magnétique une constellation de préoccupations écologiques, philosophiques, politiques.
Cette topologie poreuse, où s’inventent d’autres rapports de coexistence, les artistes de A Hole in Time1 nous invitent à en parcourir les détours, les espacements, les ambivalences, tissant peu à peu la trame d’un hypermonde paradoxalement enroulé sur lui-même et disséminé sans fin, comme une bande de Mœbius qui aurait été trouée par un temps spectral.
Victor Mazière
1 Le titre de l’exposition est tiré de Cities of the Red Night , premier volet d’une trilogie uchronique que William Burroughs écrivit dans les années 80.
———
Opening hours
Tuesday – Saturday, 3 PM – 6 PM
Admission fee
Entrée libre pour les expositions
Venue schedule
The artists
- Laura Gozlan
- Bianca Bondi
- Angelika Markul
-
Laura Huertas Millán
-
Émilie Benoist
-
Manon Bellet
-
Lyes Hammadouche
-
Laurie Dall'ava & Victor Mazière