A quoi rêvent les forêts?
Exposition
A quoi rêvent les forêts?
Passé : 1 → 29 juillet 2017
À quoi rêvent les forêts ? — Galerie Les filles du calvaire La galerie Les filles du calvaire accueille jusqu'au 29 juillet une exposition thématique et collective, À quoi rêvent les forêts ?... CritiqueNous pénétrons la forêt. Le voyage dure longtemps par le fleuve. Nous nous enfonçons dans ses rivières. Guidée par le livre d’Eduardo Kohn1, je suis venue chercher ici un langage au-delà de l’humain, par lequel végétaux, animaux et insectes communiquent par des signes, des légendes, des transes, et par le rêve.
Nous sommes ensorcelés par l’apparente aménité de la forêt : les paillettes de lumière sous les canopées, la fraicheur des frondaisons, la symphonie des oiseaux, des insectes, des gouttes d’eau épaisses glissant de larges feuilles, absorbées par la mousse à nos pieds.
Noémie Goudal regarde la forêt thaïlandaise, la décompose, tente d’en identifier chaque élément, chaque son. C’est un puzzle impossible qui échappe à la pensée.
Des images, des souvenirs, des parfums, des bruits surgissent. Ce qui était inconnu se déploie en couleurs, en formes qui ne sont que recompositions hybrides et familières.
Susana Mejia vit dans la forêt amazonienne. L’artiste colombienne y a installé son laboratoire d’alchimiste. Elle fait suer la couleur des plantes et les imprime sur des papiers de fique.
La nuit va tomber. Le chant des grenouilles accompagne notre promenade. Nous allumons le feu qui surgit timidement de l’humidité. La forêt est un refuge. Nous y trouvons le repos longtemps recherché. La création sonore de Jean-Yves Leloup nous rappelle que jamais la voix de la forêt ne se tait. Elle suit d’envoûtantes variations.
La nuit tombe brusquement. Les bruits deviennent inquiétants. Nous avons peur, nous nous sentons perdus dans ce monde versatile. Nous devons dormir à l’affût. Ici, le sommeil est toujours intermittent. Nous, humains et non humains rêvons les uns des autres. C’est un songe qui se poursuit le jour.
Sur la barque, au cœur de l’Amazonie avec François Fleury, l’eau miroite le ballet des branches et des lianes. Tout ondule sans trêve. La forêt est un monde dont les veines, les pores, les strates verticales et horizontales, toutes enchevêtrées, imposent une transcendance en accéléré. Nos yeux se retournent dans leurs orbites : notre cerveau voit !
Nous sommes la forêt. Nous sommes un serpent. Nous sommes une sorcière qui se transforme en poisson et se nourrit de résine. Une fougère. Un champignon fluorescent. Nous sommes un arbre centenaire dans les bras duquel l’artiste russe Olya Kroytor s’est enlacée, chrysalide de film plastique. Nous faisons partie d’un tout. Nous ne nous en dissocions pas.
Des yeux nous épient dans la nuit. Laura Huertas Millán nous fait entrer au cœur d’une forêt artificielle. Elle rappelle la voix des conquérants des siècles passés. La forêt est un espace résistant qui ne se colonise pas. Quel que soit notre volonté de la dominer, la forêt reste libre.
———
1 Eduardo Kohn, Comment pensent les forêts, Vers une anthropologie au-delà de l’humain, éditions Zones sensibles, 2017.
-
Vernissage Samedi 1 juillet 2017 15:00 → 20:00
-
Performance Samedi 1 juillet 2017 à 17:30
« Liquide et électrique, épurée et excessive, sa gestuelle brode les contours d’une
identité ambiguë. Sans la nommer, Kettly Noël tente une pseudo-définition:
mettre son corps en difficulté dans un espace et voir ce qui se passe. »Arrivée à Paris début des années 90, elle monte une compagnie et plusieurs
chorégraphies. Après avoir vécue au Bénin, elle s’installe au Mali en 1999 et crée
L’Espace, un atelier de danse et de recherche chorégraphique, puis « Dense
Bamako Danse », festival international de danse. En 2003 « La Compagnie » de
Kettly Noël sera double laureate à Sanga III (3ème prix et prix RFI Danse) aux
5èmes Rencontres Chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan Indien avec
la pièce : « Ti chèIbè». En 2014, elle est l’actrice principale du film TIMBUKTU de
Abderrahmane Sissako, avec Pino Desperado, Abel Jafri, Hichem Yacoubi -
Conférence Mercredi 12 juillet 2017
Animée par Lucie Touya, commissaire de l’exposition.
« A quoi rêvent les forêts? ». A partir des artistes et œuvres présentés dans
l’exposition, ainsi que du livre d’Eduardo Kohn, nos invités interrogeront cette
anthropologie au delà de l’humain.
17, rue des Filles-du-calvaire
75003 Paris
T. 01 42 74 47 05 — F. 01 42 74 47 06
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 18h30
La galerie est ouverte du 11 au 16 mai aux heures habituelles, puis à partir du 18 mai du jeudi au samedi de 11h à 18h30.
Les artistes
- Noémie Goudal
-
Laura Huertas Millán
-
François Fleury
-
Olya Kroytor
-
Susana Mejia
-
Jean Yves Leloup
-
Kettly Noël