accrochage4

Exposition

Collage, dessin, peinture

accrochage4

Passé : 6 décembre 2012 → 12 janvier 2013

En cette fin d’année, la galerie Maria Lund présente un accrochage collectif des artistes de la galerie.

Catherine Maria Chapel (née en 1968 en France)

Matière et expression font un pour Catherine Maria Chapel, qui connait intimement le papier et les couleurs fluides de l’aquarelle et de l’encre. Elle « laisse venir » des espaces sans nom ni repères précis, qui apparaissent sur le papier… ils suggèrent le monde sous-marin, le ciel, le végétal ou l’intensité lumineuse de la chaleur. Sur ces fonds, des figures, parfois fragmentaires, existent par un simple contour ou prennent la forme de silhouettes découpées. Les œuvres de l’artiste évoquent un voyage dans l’inconscient, un rêve éveillé. Ses dessins et collages sont des réminiscences poétiques, des fragments de beauté juxtaposés… Ils réveillent en nous les souvenirs d’heures fraîches et bleues, le soleil d’été qui se couche, la caresse de la brise, la transparence de l’eau, des sensations, des sentiments oubliés… L’artiste, fascinée par l’art du tournant du XIXe et XXe siècle — le mysticisme d’Odilon Redon notamment —  diffuse dans ses œuvres une douce et lascive mélancolie. Parallèlement, ses figures sont par leur expressivité, le sensoriel, ce en quoi elles s’inscrivent parfaitement dans notre époque.

Lee Jin-Woo (né en 1959 en Corée du Sud)

Lee Jin-Woo construit ses œuvres en superposant des feuilles de papier traditionnel coréen, le Hanji. Sur ce papier diaphane, il dessine, peint, et dépose de la matière (pigments, encre de Chine, charbon de bois, terre etc.). Puis il recouvre et enterre son travail d’une nouvelle feuille, et recommence le processus de multiples fois… Le résultat final a la forme d’un tableau, un tableau entre deux et trois dimensions dont la surface cache d’autres images, d’autres couleurs, d’autres humeurs ensevelies dans les fibres du papier comme des strates de temps, de mémoire ou de rêve. Les éléments apparaissent parfois en transparence, et le regard se déplace dans un aller-retour entre surface et profondeur, passant d’un point de vue à un autre. Il se dégage du travail de l’artiste un sentiment de calme, de temps arrêté. Comme une invitation à la contemplation.

Peter Martensen (né en 1953 au Danemark)

Délire surréel, quotidien revisité… Depuis plusieurs années, Peter Martensen développe l’univers de personnages qu’il appelle les « spécialistes » — ces personnes qui ont choisi d’explorer un domaine extrêmement restreint, et dont l’activité reste impénétrable pour le commun des hommes. Ces figures en blouse blanche tournant le dos au monde ou errant, l’air pénétré, perdus dans leur réflexion semblent familiers. Pour autant, le contexte sous-jacent où l’on inscrirait normalement les situations que le peintre dépeint est totalement exclu. Ainsi, ces hommes déambulent dans la campagne, dans un espace non-défini, non-reconnaissable, comme des pauvres fous dans le jardin d’un asile. Il en résulte une image énigmatique, absurde, presque cocasse ; le spectateur, troublé, est obligé de voir et de vivre cette situation sans avoir la possibilité de se servir de son appareil conceptuel habituel… Peter Martensen déploie dans son œuvre de l’humour, une douce ironie, et l’on sent dans cette série des « spécialistes » une observation tendre et pointue de l’humanité, ainsi qu’une critique à peine voilée de l’époque. Mais toute tentative pour déterminer les sujets et les thèmes dans les œuvres de l’artiste a ses limites. Ce sont des propositions ouvertes à de multiples interprétations… Ajoutons que les composants figuratifs de ses toiles et dessins ne sont pas uniquement choisis pour leur charge narrative, mais aussi pour leur potentiel visuel, plastique. Ainsi, les œuvres de Peter Martensen résultent aussi d’un jeu formel. C’est là une dimension essentielle à l’appréciation et à l’interprétation de son œuvre, qui se situe entre narration et propos purement plastique.

Min Jung-Yeon (née en 1979 en Corée du Sud)

Dans les œuvres de Min Jung-Yeon les lignes droites et les formes géométriques côtoient les lignes fluides. L’artiste évoque des formes féminines qui incarnent la douceur et des structures masculines porteuses d’énergie… Ces composants, aux qualités contraires et complémentaires, constituent l’univers de Min Jung-Yeon. Un monde étrange ou l’air matérialisé, léger comme une bulle de savon, évolue lentement, et se brise comme du verre au contact du monde (L’air fragile, 2011) . Un monde figuratif, minutieusement décrit, si prosaïque que cet air fragile n’y résiste pas, se fêle, s’ébrèche, se brise, laissant sur le sol des débris acérés… Ainsi s’exprime l’éternel processus de création, construction, évolution et destruction qui nous entoure dans un perpétuel mouvement.

Lyndi Sales (née en 1973 en Afrique du Sud)

C’est après qu’on lui ait détecté un trouble de la vision que Lyndi Sales a développé une interrogation sur la perception : ce que nous choisissons de croire que nous voyons, ce que nous ne voulons pas voir ou ce que nous souhaitons voir sans y arriver. Dans cette quête de vision intensifiée, comparable à la méditation, l’hypnose, les hallucinogènes ou la psycho-analyse, l’artiste transforme des images dérangeantes ou banales de la réalité — notices d’enfants disparus, tabloïds, nuanciers etc. — en découpant dans la matière même de ces papiers pour en créer des visions délicates, d’immenses dentelles maintenues par des simples aiguilles. D’un scan de son œil vu sous microscope par exemple, elle redessine le contour de sa cornée qu’elle déforme pour créer une image abstraite. Aussi concret que puisse être le point de départ d’une œuvre, Lyndi Sales se l’approprie pour le modifier avec un désir d’évasion, d’utopie, de déformation et de transformation devant une réalité parfois laide et douloureuse.

Maibritt Ulvedal Bjelke (née en 1967 au Danemark)

Maibritt Ulvedal Bjelke pratique depuis vingt ans une peinture où seuls comptent le processus, la couleur, la matière ainsi que l’engagement corporel et intellectuel de sa personne. Depuis 2009, l’artiste a abandonné la peinture gestuelle qui caractérisait son œuvre jusqu’alors pour des compositions plus graphiques, plus géométriques — la couleur et la lumière restant des composantes essentielles de son travail. La série étude-de-stella représente une évolution de sa série Tangram-suite d’étude (2010) qui s’inspirait du Tangram, jeu solitaire de « casse-tête » chinois, composé de sept formes géométriques. L’artiste réalise ainsi des collages carrés de petit format, chacun constitué de huit triangles découpés dans des surfaces rayées de fines coulures de peinture. La combinaison de couleurs vives, de juxtapositions et ruptures de coulures donne une impression de mouvement éclaté, de vibration lumineuse. Ces peintures-objets à la surface légèrement bombée font songer au minimalisme américain. Le fameux mot de Frank Stella, « Light is Life » trouve ici un écho particulier. Cependant, ces étoiles de papier ne sont pas dépourvues de la substance émotive que Stella voulait éliminer de l’art puisque l’œuvre de Maibritt Ulvedal Bjelke est depuis toujours subtilement imprégnée d’émotions…

Yoo Hye-Sook (née en 1964 en Corée du Sud)

Le sentiment qui sous-tend l’ensemble de l’œuvre de Yoo Hye-Sook est le désir. Jusqu’à présent, ce désir animal, fondamental, elle le révélait dans chacun des objets du quotidien qu’elle choisissait d’étudier avec la minutie troublante qui caractérise son travail. Une chevelure anonyme, des sous-vêtements, un manteau de fourrure dépassaient leur simple forme physique pour devenir des specimens sensuels, intrigants, parfois même quasi-angoissants.

Avec cette nouvelle série, c’est un autre corps auquel s’attaque l’artiste. Dans ces œuvres plus abstraites, plus en matière, le désir devient pulsion destructrice. C’est à coup de mine de plomb qu’elle transperce le Hanji, ce papier traditionnel coréen extrêmement fin, qu’elle a marouflé sur une toile ronde et noire. Le résultat est étonnant : Vue cosmique ou infiniment petit ? Fragment ou Grand Tout ? Le cercle intrigue, attire, entraîne et ces objets de curiosité sans titre troublent en ce qu’ils semblent familiers, mais demeurent impossibles à définir.

Maria Lund et Margaux Brugvin
  • Vernissage Jeudi 6 décembre 2012 21:00 → 18:00
Galerie Maria Lund Galerie
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