Alice De Mont — Retroperspectief — Galerie Dohyang Lee — Exposition — Slash Paris

Passé : 22 juin → 3 août 2013

À l’occasion de la première présentation monographique de son travail hors de sa Belgique natale, Alice De Mont a filmé la mise en espace de son exposition à la galerie Dohyang Lee plusieurs mois avant le début du montage. Dans ce nouveau film, l’artiste met en scène deux personnages en situation d’accrochage avec une sculpture et des plans d’études. En jouant sur les correspondances possibles entre montage cinématographique et montage d’exposition, Retroperspectief (2013) révèle au spectateur les exercices préparatoires du « display » à l’image d’une répétition de théâtre, d’un casting de film ou d’une gamme de piano. Le spectateur fait l’expérience de l’exposition au temps présent tout en assistant rétroactivement au montage qui prédétermine sa visite.

Plutôt que d’envisager l’étape de la monstration comme une représentation figée et dévitalisée du travail, Alice De Mont traite la totalité de l’exposition comme une œuvre en soi — un palimpseste d’hypothèses et de variations dans la lignée des modifications architecturales de Michael Asher, des archives fluides de Joëlle Tuerlinckx, des dessins rétrospectifs de Franz Erhard Walther et des expositions cinématographiques de Philippe Parreno. Si durant tout le XXe siècle, l’exposition n’a développé ni terminologie, ni méthodologie spécifique, c’est sans doute parce qu’elle reste un format impur que les artistes habitent comme la chambre bâtarde du modernisme. Alice De Mont accompagne cette nouvelle production d’un large ensemble d’œuvres réalisées entre 2008 et 2013 qui tentent de définir « la bonne place » d’un objet dans l’espace, envisagé simultanément à l’échelle d’une carte de géographie, d’un accrochage d’exposition et d’une cave à archives.

Alice De Mont considère ses œuvres comme des personnages qu’elle met en scène dans différentes situations de manœuvre. En 2008, elle crée son premier personnage Badpakman Straatkast (en français, « monsieur maillot de bain rue armoire ») : un rectangle noir digital qu’elle orchestre sur des photographies prises avec sa webcam dans des scènes souvent domestiques en relation avec d’autres objets. Le personnage Objet 1 (2010) est une sculpture composée d’une forme géométrique reliée par une barre à une forme organique : la série de photographies qui l’accompagne place l’œuvre dans une multitude de poses jusqu’à son démembrement. Dans le film 12poot (2012), un jeune homme manipule avec le plus grand soin une sculpture réalisée uniquement pour le tournage. Son corps se déplace pas à pas dans la pièce, mais la structure fragile composée de 12 pieds se démembre une fois atteint sa destination sur une table — sa soi-disante « bonne place ».

Commissaire de l’exposition : Florence Ostende