Anselm Kiefer — Die Ungeborenen (Les non-nés)

Exposition

Installations, peinture, sculpture, techniques mixtes

Anselm Kiefer
Die Ungeborenen (Les non-nés)

Passé : 14 octobre 2012 → 23 février 2013

Anselm kiefer 1 grid Anselm Kiefer à la galerie Thaddaeus Ropac — Pantin Baptême du feu pour son nouvel espace de Pantin, cette première exposition dédiée à Anselm Kiefer par la galerie Thaddaeus Ropac es... 2 - Bien Critique

La Galerie Thaddaeus Ropac présente un nouveau groupe d’œuvres d’Anselm Kiefer et inaugure avec ce cycle le nouvel espace d’exposition à Pantin. Sous le titre Die Ungeborenen [Les non-nés], Kiefer réunit un ensemble de toiles et de sculptures monumentales se référant à des mythes et iconographies qui traitent de la naissance, de l’origine, de la création mais aussi du rejet de la vie.

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Anselm Kiefer, Hexenwaage, 2012 105 × 92 × 78 cm Photo © Charles Duprat

Dans ses peintures et installations, Kiefer sonde la sphère hybride de la non-appartenance où vie et vie à naître se situent dans un monde intermédiaire où la question prédominante est : Pourquoi est-on et où a-t-on sa place. Pour aborder ce monde intermédiaire, Kiefer a recours au concept théologique de limbe : l’antichambre de l’enfer, où séjournent les âmes qui attendent d’accéder au paradis. Les mythes juifs qui tournent autour du personnage de Lilith, des histoires du Nouveau Testament, de la création d’enfants de pierre, des mythes alchimiques, du Golem, des balances des sorcières, des mythes concernant la naissance de Vénus ainsi que des légendes sur l’ergot (Mutterkorn), cette substance porteuse de vie et de mort, constituent la base narrative de ces nouvelles œuvres.

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Anselm Kiefer, Himmelsschlucht, 2011-2012 350 × 280 × 210 cm Photo © Charles Duprat

Ainsi y voit-on une vitrine monumentale avec des pierres de lave et des vases contenant des embryons dans le formaldéhyde (en réalité, de minuscules sculptures dans de petits récipients en résine). Cette œuvre renvoie à un passage du Nouveau Testament, Matthieu raconte comment Jean Baptiste avait eu pour mission d’annoncer le jugement des Pharisiens et des Sadducéens et de les exhorter à faire pénitence. Ces guides spirituels d’Israël se référaient à leur père Abraham. Toutefois, Jean récusait leurs prétentions en déclarant : « Car je vous dis que Dieu a pouvoir d’éveiller Abraham à la vie à partir de ces enfants de pierre ». Dans l’œuvre d’Anselm Kiefer, ce travail possède également d’autres connotations car il s’agit très souvent, chez lui, de faire revivre, de donner vie à une matière morte. Or, on pourrait citer dans ce contexte Adalbert Stifter qui décrivait les pierres à la manière d’êtres vivants.

Une sculpture de la série des balances des sorcières (Hexenwaagen) est également exposée. Elle représente une balance utilisée sur les marchés au Moyen-âge pour peser les femmes soupçonnées de sorcellerie. Le fait d’être trop légères les condamnait. Un onguent fait à partir d’embryons humains les aidait à s’envoler vers le sabbat des sorcières.

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Anselm Kiefer, Die bösen Mûtter, 2007 Oil, emulsion, acrylic, shellac, chalk, branches, wood and iron on canvas. — 380 × 560 × 100 cm Photo © Charles Duprat

Dans une série de peintures sur toile avec une dominante de couleur verdâtre obtenue à partir d’un dépôt hydrolytique, la vie à naître est symbolisée par des insertions de diamants et des motifs floraux. Un des thèmes majeurs d’Anselm Kiefer est évoqué ici : le rapport entre le microcosme et le macrocosme. Kiefer y interprète une idée du philosophe anglais Robert Fludd (1574-1637). Sur un côté du tableau monumental intitulé Für Rabbi Loew est accroché une balance en plomb au-dessus d’une marine qui rappelle Gustave Courbet par son intensité dramatique. D’un côté de la balance, un morceau de plomb et de l’autre un embryon dans un vase. Le minuscule embryon soulève le poids placé sur l’autre bras de la balance.

Une autre œuvre intitulée Mutterkorn [ergot] se réfère une fois encore à un champignon qui atteint le seigle et noircit les épis. Cette maladie a jadis provoqué des famines en Europe. Le champignon s’appelle « Mutterkorn » en Allemand soit le « grain de la mère » parce qu’en distillant ce poison on obtenait une potion qui aidait les parturientes pendant le travail. Il s’agit donc d’une substance ambivalente. La vie et la mort se situant ici très proches l’une de l’autre.

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Anselm Kiefer, Oh Halme, ihr Halme, ihr Halme der Nacht, 2011-2012 Oil, emulsion, acrylic, shellac and chalk on canvas. — 380 × 380 × 7 cm Photo © Charles Duprat

Une autre série d’œuvres prend pour thème le golem (informe en hébreu, mais aussi embryon), une figure des légendes juives, très répandue en Bohème. Il s’agit d’un être en glaise éveillé à la vie par magie et qui possède des pouvoirs extraordinaires : il est capable d’obéir aux ordres mais ne parle pas. Dans la tradition rabbinique, ce terme désigne également les femmes qui n’ont pas encore conçu d’enfant. Au Moyen-âge, des golems spécifiques étaient attribués à des érudits juifs ainsi qu’à des alchimistes. Un grand rabbin de Prague, le rabbin Loew (vers 1520-1609), qui exerçait à la cour de Rodolphe II, était devenu célèbre dans ce contexte.

« Ce dont on ne peut parler, il faut le dire en chantant. Telle est selon Mozart la devise de l’opéra. Ce qu’on ne peut articuler ni en chantant ni en parlant, il faut l’exprimer en signes. Probablement ces signes précédèrent-ils la pensée. C’est le commencement de la théorie. Et de ce point de vue, Anselm Kiefer est d’une part un artiste plasticien et un peintre, mais d’autre part aussi un théoricien et un concepteur de signes, de même qu’un compositeur peut se dire un concepteur de sons. C’est là une histoire d’images visibles et invisibles ».

Alexander Kluge, 2012

Un livre contenant une lettre d’Anselm Kiefer ainsi que des textes d’Alexander Kluge et d’Emmanuel Daydé paraîtra à l’occasion de l’exposition.

  • Vernissage Dimanche 14 octobre 2012 15:00 → 18:00
93 Seine-St-Denis Zoom in 93 Seine-St-Denis Zoom out

69, avenue du Général Leclerc

93500 Pantin

T. 01 42 72 99 00

www.ropac.net

Église de Pantin

Horaires

Du mardi au samedi de 10h à 19h

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L’artiste

  • Anselm Kiefer