Ariane Loze — On pourrait presque y aller

Cinema

Vidéo

Ariane Loze
On pourrait presque y aller

Passé : Samedi 6 octobre 2018

Avec humour et finesse, Ariane Loze élabore des narrations vidéo épurées dans lesquelles les effets cinématographiques se confrontent aux codes du théâtre. L’artiste y joue littéralement tous les rôles, assume tour à tour les fonctions de scénariste, régisseur, monteur, etc. et interprète chacun des protagonistes. À l’instar d’artistes tels que Claude Cahun ou Cindy Sherman, elle procède au développement d’un régime de fiction singulier ; une mascarade dans laquelle l’identité supposée unique de l’artiste se dissout — autant qu’elle s’affirme — dans une pluralité d’individualités. Chaque court-métrage apparait comme une occurrence pour l’artiste de se réfléchir en se donnant la réplique, au risque de se perdre dans un processus de réification notamment par le prêt de son image à d’autres ou encore par l’exploitation de son propre nom « Ariane Loze International » comme dénomination d’une entreprise à valoriser auprès d’investisseurs (Profitability, 2017).

Pourtant, c’est sans artifice qu’Ariane Loze incarne ses différents personnages, et le passage de l’un à l’autre pourrait rester inaperçu s’il n’était marqué par le jeu de champs-contrechamps, les changements de vêtements ou encore les cheveux instantanément montés en chignon. Par cette économie de moyens, l’artiste affiche un visage qui devient le masque à travers lequel l’altérité se manifeste. Sans doute pouvons-nous déceler dans cette démarche quelques affinités avec l’œuvre de Roman Opalka où c’est précisément dans les apparitions récurrentes du visage de l’artiste que s’exprime sa disparition monochrome. Une disparition propice à l’énonciation d’une crise identitaire portée par une seule et même voix avec laquelle Ariane Loze formule les désaccords schizophréniques qui marquent notre époque.

Invariablement, les fictions conçues par l’artiste répondent aux spécificités contextuelles dans lesquelles elles s’inscrivent, éprouvent les qualités architecturales du lieu (L’Ordre intérieur, 2015) ou résonnent avec l’immobilisme social (Impotence, 2017).

À Orsay, Ariane Loze réalise Vacances et détourne les origines de cette ancienne station de villégiature parisienne pour s’amuser de notre relation aux vacances. Avec anxiété ou désinvolture, les personnages appréhendent le moment du départ, l’espèrent autant qu’ils le redoutent, y voient l’occasion d’un changement.

Rémy Albert
91 Essonne Zoom in 91 Essonne Zoom out

4 avenue Saint-Laurent

91400 Orsay

T. 01 60 92 80 28

Horaires

Du mercredi au vendredi de 15h à 18h
Samedi et dimanche de 15h à 19h

Tarifs

Accès libre

L’artiste