Berlin-Paris — Un échange de galeries
Exposition
Berlin-Paris
Un échange de galeries
Passé : 28 janvier → 26 février 2011
Kent Monkman appartient à une nouvelle génération d’artistes Indiens nord-américains, déjà exposés dans de nombreux musées canadiens, dont les modes d’expression diversifiés, peinture figurative, films ou performance, explorent la complexité du mythe immuable, bien qu’endommagé, de l’ouest sauvage. En se référant aux traditions artistiques de la peinture occidentale du XIXe siècle, Monkman recrée avec minutie les paysages sublimes du Nouveau Monde en grand format. Cependant une observation attentive nous révèle le leurre de Kent Monkman: ces grands panoramas, peints à l’acrylique et non à l’huile, sont peuplés de « cow-boys et d’Indiens » cabriolant. Jouant avec la notion d’authenticité, ces tableaux réinventés, souvent homoérotisés, renversent et déforment malicieusement les récits et les perceptions traditionnels. En s’appropriant les images et la technique des peintres de paysage du « Nouveau Monde » et en renversant les rôles habituels des cow-boys et des Indiens, Monkman présente une critique non seulement de l’histoire, mais aussi des notions d’authenticité et de culture visuelle comme un exercice pour construire une nation. Il détourne dans son œuvre les frontières et offre de cette manière un éclairage différent, plein d’humour des représentations traditionnelles des livres d’histoire et des musées. Par les reprises subversives des images des premiers colons, Kent Monkman se place à la fois comme cible et sujet d’une esthétique de l’oppression et offre par là même la possibilité de réexaminer le passé. Il participe aussi à la fabrication du mythe contemporain, présentant l’histoire comme une interaction fluide et subjective entre le fait et la fiction. Il récupère ainsi la puissance et les coutumes aborigènes. Le travail de Kent Monkman sera exposé à la Maison Rouge, Paris, au printemps 2011.
Gerd Rohling développe une œuvre originale depuis plus de trois décennies. Son art se joue de la réalité et de l’apparence, crée illusions et similitudes et surtout construit des fictions mêlant l’histoire, le banal, le commun, l’anodin au raffinement et à la précision du détail. L’aspect protéiforme de ses œuvres s’est développé au sein d’une multitude de relations, de liens et de références thématiques. De même ses pratiques artistiques et l’utilisation de matériaux divers ont constamment évolué avec le temps. Lors de ses pérégrinations sur les sites de ses interventions créatives Mumbai, Accra, Bangkok, Naples ou New York, Gerd Rohling cherche, accumule, collectionne les rebuts puis il les façonne, les assemble, leur donne une forme et un statut d’œuvre.
Par le choix des matériaux, nos détritus, nos restes en plastique, faciles à trouver il suffit de les ramasser, faciles à travailler, à couper, à tailler, à peindre ou à mouler et aussi faciles à transporter, légers et peu coûteux, l’artiste détermine une méthode hétérotopique par son intervention hétérochronique, un autre espace-temps, technique que l’artiste décrit comme étant « en mouvement, avec et dans, l’image ». La beauté de chaque sculpture, ressemblant à s’y méprendre aux verres ou jades antiques par leur opalescence, devient particulièrement évidente lors de la présentation des ensembles en véritable installation muséale. En effet Gerd Rohling met en scène ses œuvres au caractère sériel par une présentation sur des socles ou dans des vitrines, éclairées à l’aide de projecteurs. La lumière donne ainsi au travail son aura, sa valeur artistique et sa théâtralité. Pleines d’idées et d’images, grâce à leur sensualité, ces pièces paraissent alors aussi évocatrices que séduisantes, rappelant les collections d’objets antiques. L’originalité, l’imitation et le temps suggèrent de nouveaux rapports face à la valeur et à la dévalorisation de la matière, tout en permettant de repenser nos vestiges contemporains.
Les artistes
- Kent Monkman
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Gerd Rohling