Bernard Zehrfuss (1911-1996) — La poétique de la structure

Exposition

Architecture

Bernard Zehrfuss (1911-1996)
La poétique de la structure

Passé : 19 juin → 13 octobre 2014

Bernard Zehrfuss, figure majeure de l’architecture des Trente Glorieuses et Grand Prix de Rome en 1939, s’inscrit dans la grande lignée des architectes du courant rationaliste. Engagé très tôt dans la modernité, il adopte les modes de production les plus novateurs de son temps. À travers un ensemble de maquettes, de dessins originaux, de photographies, de plans, de films d’époque, l’exposition déroule l’exceptionnelle maîtrise d’œuvre de l’architecte et dévoile les bâtiments, leur genèse, la force et la beauté de leur architecture.

La Tunisie, laboratoire de la reconstruction

En 1942, Bernard Zehrfuss est chargé d’expertiser les dommages de guerre en Tunisie. On lui confie la direction d’un atelier d’architecture et d’urbanisme voué à établir les plans des grandes villes du pays et à surveiller leur réalisation. À la fois maître d’œuvre et maître d’ouvrage, il assure avec son équipe (Paul Herbé, Jean Drieu La Rochelle, Jason Kyriacopoulos, Jacques Marmey, Jean Le Couteur, Robert Dianoux, Claude Blanchecotte) le contrôle architectural des constructions édifiées sur les territoires du pays, la réalisation d’édifices publics et d’ensembles destinés au relogement des populations sinistrées. Associant à l’expérimentation des théories du mouvement moderne les savoir-faire constructifs de l’architecture vernaculaire, il fait de la Tunisie un laboratoire de la reconstruction.

Le Groupe Espace, la synthèse des arts

À la fin des années 40, en rentrant de Tunisie, Bernard Zehrfuss adhère à l’Union des Artistes Modernes, puis au Groupe Espace fondé en 1951 par André Bloc et le peintre Félix Del Marle. Le groupe a pour ambition de favoriser l’intégration des arts dans la vie quotidienne grâce à une étroite collaboration entre architectes, peintres et sculpteurs. Dès 1953, il en assure la vice-présidence avec Fernand Léger et Paul Herbé, et mettra en œuvre la synthèse des arts dans deux projets industriels majeurs : L’imprimerie Mame à Tours (1948-1953), où il explore l’aluminium un matériau peu en vogue dans le bâtiment et demande à l’artiste Edgard Pillet de concevoir la mise en couleur des intérieurs.

L’usine Renault de Flins (1950-1957)

Grand chantier de la Reconstruction, cette usine-pilote traduit les nouvelles orientations industrielles de la France. Architecte conseil de l’usine, il conçoit aussi les logements du personnel. Il fait appel à l’artiste Félix Del Marle pour la mise en couleur extérieure des logements et des bâtiments industriels.

Le quartier des affaires de La Défense

En août 1950, le plan d’aménagement de La Défense est confié à Bernard Zehrfuss, Robert Camelot et Jean de Mailly. Ne souhaitant pas dissocier l’architecture de l’urbanisme et captivés par l’élaboration de ce manifeste moderne, ils s’efforcent d’associer l’art de la composition urbaine et les théories du mouvement moderne, avec des bâtiments ordonnancés dans l’axe de La Défense.

Le Cnit (1952-1958) est l’un des édifices les plus emblématiques des Trente Glorieuses. Sa couverture, une double coque en béton construite en un temps très court, établit un record mondial de portée. Avec ses 218m de côté et 46m de flèche, le Cnit pourrait abriter la place de la Concorde.

Pour La Défense enfin, Bernard Zehrfuss élabore un projet de gratte-ciel prototype d’« avenue verticale » de 220 m de haut qui devait dominer de façon déportée la composition axiale du quartier. Dépassant l’archétype de l’objet tour, l’architecte réfléchit en urbaniste.

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Centre national des industries et des techniques, La Défense, 1952-1958, vue aérienne de la voûte achevée, fin 1958, Paris © AA/CAPA/Archives d’architecture du XXème siècle

Le siège de l’Unesco (1952-1958) et ses extensions jusqu’en 1978

Le bâtiment est la réponse de Marcel Breuer, Bernard Zehrfuss et Pier Luigi Nervi, à la question posée, au sortir de la guerre, de traduire dans un monument contemporain l’image d’une grande institution internationale, dans le centre historique d’une capitale européenne. Ce manifeste architectural met en œuvre deux concepts majeurs : le fonctionnalisme et l’autonomie de bâtiments remarquables, posés tels de grands objets sur un espace libre

Le Musée de la civilisation gallo-romaine à Lyon (1967-1975)

Face à l’odéon romain, l’idée de Zehrfuss est d’entailler la colline de Fourvière pour libérer l’espace nécessaire à la construction du musée. La façade sud est recouverte par le talus reconstitué dans son inclinaison initiale et les gradins de la colline remodelée répondent à l’amphithéâtre romain cadré par deux « canons à lumière ». Gothique par sa structure et baroque par son jeu d’obliques et de courbes irrégulières, ce musée, œuvre de maturité, sera son dernier édifice d’importance.

Le cadre de vie moderne

Il a aussi réalisé plusieurs sièges sociaux dont ceux de Siemens et Sandoz, un hôtel à Megève, de nombreux logements, dont le grand ensemble du Haut du Lièvre à Nancy et Super Montparnasse, rare exemple de tour mixte bureaux-logements à Paris. Au fil de ces projets, Bernard Zehrfuss collabore avec les plus grands ingénieurs ou constructeurs de son temps (Jean Prouvé, Pier Luigi Nervi, Nicolas Esquillan) et avec de nombreux artistes (Picasso, Miró, Del Marle, Pillet). Bernard Zehrfuss lègue une œuvre vivante que cette exposition invite à redécouvrir. Elle témoigne de la richesse des archives de son agence, qui appartiennent à l’Académie d’architecture et sont conservées à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

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1, place du Trocadéro

75016 Paris

T. 01 58 51 52 00

Site officiel

Trocadéro

Horaires

Du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne les jeudis jusqu’à 21h
Fermeture les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.

Tarifs

Plein tarif 8 € — Tarif réduit 6 €

Les tarifs varient pour les expositions temporaires.

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L’artiste

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