Carte blanche à Mircea Cantor — Acte I
Exposition
Carte blanche à Mircea Cantor
Acte I
Passé : 25 mars → 6 juin 2016
Mircea Cantor — Fondation Francès, Senlis En offrant une carte blanche à Mircea Cantor, la fondation Francès de Senlis propose une exposition qui ouvre une fenêtre inattendue sur cet artiste à l'œuvre prolixe.Pour sa 18ème exposition, la fondation Francès dédie l’année 2016 à l’œuvre de l’artiste roumain Mircea Cantor, lauréat du prix Marcel Duchamp en 2011, dont elle a présenté la performance Zera lors de la Foire Internationale d’Art Contemporain 2015 à Paris. Et pour la première fois, la fondation Francès donne carte blanche à un artiste majeur de sa collection. Ce solo show est en 3 actes sur l’année. Acte I. du samedi 19 mars au lundi 6 juin 2016.
————
Après s’être consacré à des projets monumentaux (Biennale de Venise 2015, Bâle Unlimited, Rennie Collection at Wing sang, Musée Picasso…), Mircea Cantor s’approprie l’espace de la fondation Francès dédié à l’art contemporain, dont les murs situés à Senlis sont protégés au titre des monuments historiques et remontent au XVème siècle. La tradition, l’archéologie et l’Histoire se conjuguent ici avec force, résonnant avec cohérence au travail de l’artiste. Un terrain d’expression favorisant la naissance d’une expérience authentique, exclusive et intime.
Dans une mise en scène épurée, l’artiste aborde en toute subtilité la question de la trace laissée par la mémoire physique et mentale. Au travers d’une double lecture, si caractéristique de son travail, à la fois esthétique et critique, Mircea Cantor s’empare de l’espace duquel il fait surgir les réalités d’un trait délicat pour révéler notre humanité et critiquer notre société, sa consommation de masse, ses modèles économiques.
Avec la série Tableaux, l’artiste s’appuie sur un hebdomadaire de référence, The Economist, reconnu pour la qualité de ses analyses sur l’actualité mondiale, plus particulièrement sur l’économie et les relations internationales.
Fondé en 1843 par James Wilson, chapelier écossais, pour faire campagne contre des lois protectionnistes, le titre est aujourd’hui une grande institution de la presse britannique et internationale. Ouvertement libéral, le journal, dont les articles sont toujours publiés anonymement, s’engage politiquement, soutenant certains dirigeants et militants pour des causes telles que le mariage homosexuel ou contre la peine de mort.
Pour un temps indéfini et depuis plus d’une année entière, Mircea Cantor initie une série composée à ce jour de 800 dessins sur les pages de The Economist, dont une large sélection sera exposée à la fondation. Par ses œuvres qui prennent entièrement possession de l’espace, l’artiste donne un caractère esthétique et humain aux articles, une légèreté qui les rend plus accessibles.
Dans un travail toujours en évolution, il sort la réalité de son cadre, agrandit l’image et lui donne un relief différent. En faisant le choix d’une technique traditionnelle, d’un geste ancestral, Mircea Cantor ne s’oppose pas à la société contemporaine, mais vient au contraire la révéler.
C’est de cette société que Mircea Cantor extrait la puissance de la nature humaine et parvient à rendre compte de ses exploits, comme notre capacité perpétuelle à la renaissance, qu’elle soit physique (mutation, biogénétique) ou psychique (force mentale).
L’artiste revient à la nature primaire de l’homme, à la force et l’instinct animal qui l’anime. Le tempérament bienveillant et nourricier illustré par le comportement maternel de l’animal dans la série Maternitas. Et le caractère dominant illustré par le geste du prédateur dans la série Bellum. Ici aucun acte n’est gratuit. Le geste animal, dans sa plus grande violence, ne sert qu’une volonté de survie. En rappelant l’essence même de l’homme, les œuvres questionnent nos actes et leurs fondements. Mircea Cantor révèle le caractère animal de l’homme et nous ramène aux fondamentaux de l’humanité. Il remet au cœur de nos préoccupations le cycle perpétuel dans lequel nous évoluons, entre maternité et survie, dans des modèles que nous construisons. Il stimule notre sens critique et souligne sa force vitale et inégalable.
Mircea Cantor utilise le trait, geste simple, d’une puissance et d’une expression majestueuse, qui revendique et qui apaise, à l’image des calligraphies orientales. Cette notion de trait est un lien entre un environnement et l’être qui le compose, une trace qui les unis. Dans ses œuvres, l’artiste offre ainsi une nouvelle légitimité à l’écrit, un geste qui humanise, qui témoigne et révèle les contours d’une meute à l’origine de l’information et d’un cycle renouvelé.
Dans cette volonté de rendre compte de l’humanité et de stimuler celle-ci dans ses émotions, Mircea Cantor interroge la notion de territoire, d’appartenance ou pas à une Nation, ces drapeaux entrecroisés et sans identité offrent au regardeur la possibilité de prendre possession de l’espace et d’exprimer un sentiment, un moment poétique, riche et à l’écoute de la découverte de l’autre, un territoire inexploré. Tel un mémorial, le matériau utilisé est très résistant et l’œuvre pourrait recueillir des graffitis et conserver les bienveillants. Cette œuvre est élaborée selon la proportion du nombre d’or, utilisée par Léonard de Vinci, et pour Mircea, elle serait un espace divin pour se rencontrer : « Let’s meet at the flags ! ».
———
La fondation Francès affirme son ambition internationale par cette invitation Carte Blanche à Mircea Cantor, mais aussi par une collaboration avec la Dvir Gallery et Jane Neal, commissaire d’exposition indépendante britannique de renom (Galerie S2 de Sotheby’s Londres, Saatchi gallery, Courtauld Institute, et de nombreuses expositions à travers le monde) pour la rédaction des textes des nouvelles éditions publiées pour cette exposition. Cette publication exclusive de deux catalogues réunis dans un coffret est une proposition offerte aux visiteurs de prolonger son immersion dans les œuvres de Mircea Cantor. Ce n’est qu’une première étape pour donner vie à ses œuvres en d’autres lieux et d’autres temps.
Par ailleurs, en partenariat avec l’institut Roumain de Paris, une série de pièces sera frappée à l’effigie de cette exposition, en particulier des séries Bellum et Maternitas et éditées à titre exceptionnel par la Monnaie de Paris.