Cat Soubbotnik — Soft Spaces

Exposition

Installations, photographie, sculpture

Cat Soubbotnik
Soft Spaces

Passé : 25 mai → 29 juillet 2016

De la perception des nuages et des sculptures de lumière

Qui aurait cru que nous pourrons un jour voyager à travers les nuages ? Les artistes ont toujours des idées qui, finalement, peuvent tomber du ciel ! Comment capturer les nuages et les matérialiser ? L’artiste Cat Soubbotnik l’a réalisé, d’une certaine manière.

Il n’est pas aisé de photographier les nuages. Cat Soubbotnik réalise ses prises quand elle est dans un avion, au moment où elle baigne complètement dans cette « mer de nuages ». Elle traque les formes, les mouvements, à travers les hublots, comme si l’avion se déplaçait très lentement, ce qui est une illusion, car la vitesse atteint parfois 900 km/h ! Il faut aller très vite, à la vitesse de l’éclair ! Après ces relevés à des milliers de mètres d’altitude, ces nuages emmagasinés sont saisis de diverses manières. L’artiste prend ses photos avec son appareil Canon, et sous un autre angle, du sol. Elle fixe le ciel et s’empare de ce qui passe ou de ce qui stationne lors des situations météorologiques. Il faut parfois accélérer le mouvement pour que l’appareil photographique les stabilise. Venons-en à l’histoire des nuages ?

Savez-vous que c’est un anglais, Luke Howard (1772-1864), qui a inventé le nom des principaux nuages ? C’est au XVIIIe siècle que ce jeune météorologue qui avait fait des études de pharmacie deviendra le fameux inventeur des nuages. Il en conçoit la nomenclature et les nomme tout d’abord : cumulus, stratus et cirrus. Il les divise en catégories : stratocumulus, cirrostratus. Il utilise les termes de la science naturelle et le latin pour nommer et fixer ces éléments qui évoluent très vite dans la nature de par leurs formes transitoires naturelles, comme il est facile de l’observer par tout un chacun. Un français, Emilien Renou, prendra la suite de la classification en ajoutant deux types de nuages, l’alto cumulus et le stratocumulus, visibles entre 2 km et 7 km de la terre. Donc faciles à photographier. Ce phénomène historique et scientifique a inspiré des artistes et des écrivains.

C’est là que l’œil humain — comme certains peintres (de la Renaissance italienne et quelques peintres anglais) l’ont fait auparavant à une autre échelle — avec un appareil ou un Smartphone peut photographier ces nuages qui passent, par effet d’optique, si près de nous. Ainsi l’œil de Cat Soubbotnik s’approprie cette matière pour construire des tableaux photographiques à plusieurs dimensions. Sa collection de nuages apparaît sur plusieurs supports de plaques aluminium, ces derniers sont superposés à l’image d’ensemble sur le fond du ciel pigmenté de blanc et de bleu, comme atomisé, avec des dégradés de couleur : noir et blanc, etc. La technique de reproduction utilisée pour ces photographies est la sublichromie. Ainsi le transfert de l’image est opéré sur la plaque chauffante afin que les pigments pénètrent à l’intérieur de l’aluminium. La stabilisation de l’image est réalisée ainsi à une haute définition et assure une plus grande résistance de la surface avec le temps.

Cette « matrice » comme l’a nomme l’artiste est à la base de son travail photographique et de sculpture lumineuse. Les nuages deviennent tridimensionnels par l’effet de la superposition de plaques sur la base qu’elle appose sur la première surface. Ces formes décomposées en carrés, ces strates constituent une concrétisation physique des nuages photographiés. Le spectateur peut aussi les déplacer selon son imagination s’il le désire. Ici, l’espace instauré est subtilement zen. La sérénité se déploie, se distille, et enveloppe le spectateur. L’ensemble compose des formes où le regard du spectateur peut, d’une certaine façon, voyager dans la multiplicité des nuages.

Les sculptures tubulaires de Cat Soubbotnik constituent une autre série de son travail. Le matériau utilisé, qui est très résistant, permet de nombreuses manipulations et des torsions diverses. Les formes contiennent à l’intérieur des tubes leds pour la lumière et peuvent être installées sur le sol ou bien être accrochées sur une surface plane ou des socles. Ces sculptures semblent se mouvoir sous l’impact lumineux, elles vibrent dans l’espace et la lumière naturelle ; les volumes ont des apparences qui permettent d’imaginer des évolutions de toutes sortes. L’imaginaire du spectateur peut se mettre en marche et trouver des résonances dans des situations filmiques, par exemple. Ces sculptures provoquent des sensations de tout ordre pour le regardeur. Comme notamment ses photos de surfaces d’eau sur des plans multiples. Une autre série de travaux in progress.

Cat Soubbotnik imagine de nouvelles sculptures avec des tubes en métal lors d’une prochaine étape de son travail. Son projet futur consiste à mettre en scène cet ensemble d’œuvres, ce corpus dans sa variété et dans une certaine perspective plastique et scénographique. Les nombreux matériaux qu’elle utilise sont pour elle des formes du vivant. C’est ce qu’elle essaie de matérialiser dans sa création à travers toutes ces images extraites de la nature. Tout dans cette riche arborescence procède d’un mouvement nerveux et magnétique. Le fil ténu de l’invention. C’est Willem De Kooning qui écrivait : « Je me réjouis de voir simplement/ Que le ciel est bleu, que la terre est terre/ C’est cela le plus difficile : voir un rocher quelque part/ Et puis faire qu’il soit là, rocher couleur de terre/ J’y arrive progressivement. ». Dont acte.

Patrick Amine
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