Chechu Álava — L’âme et la vie

Exposition

Peinture

Chechu Álava
L’âme et la vie

Passé : 29 octobre → 17 décembre 2022

Nous sommes heureux d’annoncer la première exposition personnelle de la peintre Chechu Álava dans notre espace parisien présentant une douzaine de ses toiles les plus récentes et inédites. Intitulée “L’âme et la vie”, comme le livre de Carl Gustav Jung, l’exposition nous guide vers la frontière vibrante entre le corporel et le spirituel, là où les deux s’entremêlent. A l’entrée de cette zone énigmatique et troublante, tel un royaume des archétypes, on est invité à se poser des questions — ou plutôt des intuitions alchimiques. Celles les plus intimes, les plus universelles, qui plongent autant au-dedans qu’au-delà.

L’un des thèmes principaux des peintures de Chechu Álava est la femme et la féminité. La fragilité se joint à la force, la maternité se confronte à la création artistique : en tant qu’artiste-femme, il est crucial de savoir parler plusieurs « langues » et osciller entre plusieurs réalités, traverser des frontières entre la maison et l’atelier. Les femmes qui habitent les peintures de Chechu Álava rendent hommage aux personnages existant — notamment à toutes ces femmes-artistes, écrivaines, poétesses — Anna Akhmatova, Lee Miller, Suzanne Valadon… — qui sont parvenues à créer, malgré tous les obstacles et nous servent encore de modèles d’inspiration. Parfois, elles incarnent des créatures mythiques, comme Ève ou Olympia, pour se rapprocher de l’idée de la création primordiale. Toutes ces femmes, d’ailleurs, ont souvent été enfermées dans une vision contraignante d’un ‘male gaze’, soumises au pouvoir de son objectification. Les peindre encore et encore est un geste salvateur qui les décontextualise pour les réincarner et les rapatrier de nouveau, mais cette fois avec beaucoup d’empathie, d’amour et d’admiration.

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Vue de l’exposition Chechu Álava, « L’âme et la vie », Xippas, Paris Galerie Xippas, Paris, 2022

La peinture de Chechu Álava, ne se réduit pourtant pas seulement à l’agenda féministe. En tant que peintre, le vrai sujet qui la préoccupe est la peinture per se. C’est d’ailleurs pour cela qu’on y retrouve de nombreuses références à l’histoire de l’art : Cranach, Balthus, Goya, Munch, Courbet, Anguissola… que Chechu Álava revisite sans cesse pour en emprunter des éléments de vocabulaire — une épaule ici, un port de tête là — en brouillant les pistes et en croisant de multiples lignes temporelles, sans pour autant tomber dans l’anachronisme. A travers un tel mélange elle fait un geste très pétrarquéen : lui aussi, se nourrissait des textes des Anciens pour les incorporer dans ses propres créations poétiques et leur donner une seconde vie à la fois dans la contemporanéité et dans l’au-delà. De même, en juxtaposant des références pour les réincarner à sa manière, Chechu Álava cherche à nous mener vers l’atemporel et, par conséquent, l’universel. Il ne s’agit pas tant d’entrer dans le passé que d’accéder à ce qui est immuable, ce qui perdure. On retrouve aussi l’idée que la peinture, et l’art en général, peut être vue comme une course éternelle qui transmet le “flambeau” d’une époque à l’autre, pour l’amener de plus en plus loin. Par ses liens avec les maîtres anciens, Chechu Álava nous ramène également vers l’idée de la Beauté, chassée de l’art du XXème siècle, qu’elle aspire à saisir à nouveau et à faire revenir à travers ses peintures. La beauté comme passerelle entre l’humain et le divin.

Pour elle, peindre est un acte à la fois spirituel et érotique, à mi-chemin entre alchimie et sorcellerie. L’érotisme se manifeste non seulement dans l’amour et le plaisir présents à chaque coup de pinceau et dans la capacité à fusionner avec la peinture, mais aussi dans une certaine ambiguïté insufflée dans les images. On la ressent dans un doigt transperçant la palette des couleurs (Devotion), une cigarette coincée entre les lèvres (The ritual) ou les jambes nues et repliées d’une modèle tournée de 3/4 vers le spectateur (Virginal). Le côté alchimique ressurgit au moment où le pigment se mêle à l’huile — deux éléments bien matériels — pour transcender leur nature physique en faisant naître des images archétypiques. Celles-ci sont à la fois matérielles et immatérielles, car elles incarnent une forme — ou une intuition spirituelle — dans un corps (ou la matière picturale) à travers des couches superposées et mi- transparentes de couleurs. Cette superposition de fines couches crée un effet d’évanescence, et nous invite à regarder à travers des objets et des corps pour se ‘projeter’ dans leur ‘intérieur’ le plus intime. Déjà chez Aristote, l’âme c’est la “forme du corps”. L’art et notamment la peinture ne serait-elle pas alors la meilleure manière de la capturer ? Chechu Álava va plus loin encore, en plongeant le spectateur dans les profondeurs d’introspection psychanalytique (ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’un divan trouve sa place dans ses intérieurs). L’idée de l’âme se concrétise à travers le prisme jungien et se joint à celle de l’anima, de notre alter ego ou plutôt d’une partie ‘aliénée’ de notre Moi qui seule peut nous compléter et nous rendre à nous-même en nous réconciliant avec l’universel. Ici, elle s’incarne dans l’acte de peindre et de créer (en prenant chair simultanément et allégoriquement dans la figure d’Ève), car la peinture, pour reprendre la formule de l’artiste, est un pont vers le transcendant. Elle nous mène vers l’essence des choses, mais aussi de nous-mêmes. La peinture engendre la connaissance : elle ne veut pas faire croire en multipliant les illusions, mais faire connaître. Ultimement — se connaître soi-même. De même, l’art, pour Chechu Álava, se comprend en tant que développement de la conscience, qui s’élargit à travers des intuitions et le contact avec l’inconscient hermétique.

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Vue de l’exposition Chechu Álava, « L’âme et la vie », Xippas, Paris Galerie Xippas, Paris, 2022

Même si l’on est toujours et inévitablement enracinés dans notre temps et dans notre contexte, ce qu’on partage tous reste intact et éternel. Pour revenir à Jung, les archétypes sont des formes pures qui s’adaptent au contenu, en restant malgré tout fidèles à elles-mêmes. Éternelles mais fluctuantes, elles continuent à nous hanter à travers les siècles.

Chechu Álava est née à Piedras Blancas, Asturies (Espagne) en 1973. Elle vit et travaille à Paris. Son œuvre a été montrée dans de nombreuses expositions institutionnelles : en 2020 elle a fait l’objet d’une exposition personnelle Rebeldes au musée Thyssen Bornemisza (Madrid) ; son travail a également été exposé au Museu Fundacion Juan March (Palma de Mallorca), au Musée Lazaro Galdiano (Madrid), au Musée Barjola (Gijon, Espagne), à l’Institut Cervantès (Rome), au musée des Beaux-Arts de Castellón de la Plana (Castellón, Espagne), au Carré de Baudouin (Paris), à la Cité des Arts (Paris). En 2014, son œuvre a été sélectionnée par un jury international pour faire partie du catalogue “100 Painters of Tomorrow”, publié par Thames and Hudson.

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108, rue Vieille du Temple

75003 Paris

T. 01 40 27 05 55 — F. 01 40 27 07 16

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Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au vendredi de 11h à 13h et de 14h à 19h
Les samedis de 10h à 19h

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L’artiste

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