Claire Decet — tout un monde lointain
Exposition
Claire Decet
tout un monde lointain
Passé : 23 juin → 28 juillet 2012
La forme académique que prend le travail de Claire Decet semble renouer avec un certain classicisme. Nature morte, étude de paysage, ou encore cabinet de curiosité composent son répertoire. En accord avec la grande tradition de ces thèmes fondateurs de l’histoire de l’art, sa pratique, lente et laborieuse rend au temps sa force de cohésion dans l’élaboration de l’œuvre. C’est une tranquille opposition au rythme effréné du monde actuel dont l’emballement mène à la déconnection de la réalité. Réalité oblitérée ou la racine d’une forme contemporaine de l’angoisse.
L’inquiétude est là et s’accompagne d’une prise de conscience, dans le travail de cette artiste qui a pour décor quotidien une centrale nucléaire. La série des Centres de production électrique nucléaire — qui joue sur d’infimes variations du motif des nuages produits en alternance par les quatre cheminées de la centrale au rythme des fermetures officielles pour "maintenance" — exprime le sentiment de répétition ressenti face à cette vue aperçue plusieurs fois par jour. Cette série d’étude sur le paysage acquiert une certaine gravité à la présence du néon 2052 qui annonce la prolongation de la période d’exploitation des quatre réacteurs de la centrale de Cattenom.
Tandis qu’à la campagne, l’intrusion de constructions aléatoires posées au milieu de territoires vastes et plats, interpelle le regard et y réduit la place de la nature environnante; en ville celle-ci semble cette fois s’approprier l’espace urbain. Les pots, jardinières, mais également les indésirables, mauvaises plantes y prolifèrent.
Une certaine mélancolie traverse la série des Misères, où la répétition du motif évoque l’uniformisation de ces décors végétaux recréés par les citadins. En parcourant la ville de Berlin lors d’une résidence en 2009, Claire Decet développe une sensibilité envers cette nature domestiquée, qu’elle nomme les «paysages intérieurs», recomposant des mondes sur les rebords des fenêtres ou dans les vitrines des commerces.
Débutée il y a plusieurs années, Collection compose une sorte d’herbier de fleurs séchées mis en scène à l’aide de vases de fortune. Une végétation à l’abandon, une nature inerte, aride, qui semble recréer un paysage à échelle réduite.
Observatrice méticuleuse de ces phénomènes, Claire Decet pose un regard sur ces questions. Elle nous révèle la troublante beauté cachée dans la noirceur apparente. Paysages de centrale nucléaire, végétations abandonnées, ses sujets sont traités avec une mélancolie toute particulière. Ses œuvres colorées, soignées et d’apparence lisse dévoilent toute la fragilité de nos sociétés.
Horaires
Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous
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L’artiste
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Claire Decet