Cui Xiuwen
Exposition
Cui Xiuwen
Passé : 16 novembre 2010 → 26 février 2011
Consciente des bouleversements profonds nés dans la société chinoise de l’après-Mao, Cui Xiuwen est une figure emblématique de cette jeune génération de femmes artistes dont la présence s’affirme avec force sur la scène internationale. Participant de cette actualité grandissante de l’artiste, la Galerie Dix9 présente sa première exposition personnelle en France.
Malgré son apparente simplicité, l’œuvre de Cui Xiuwen recèle un contenu aux multiples significations. Sans intention militante avouée, l’artiste part de son expérience pour évoquer la condition de la femme en Chine et questionner les stéréotypes sur l’identité et le genre.
Née en 1970 dans une famille nombreuse et pauvre dans le Nord de la Chine, Cui Xiuwen commence par peindre. Membre du groupe des « Sirènes », elle expose comme ses trois amies dans son petit appartement, les femmes étant difficilement accueillies dans des espaces publics en ces années 90. Premier signe d’affirmation de son identité de femme émancipée, Cui Xiuwen peint des hommes nus.
Venue à la vidéo au tournant du siècle, l’artiste aborde le problème de la sexualité dans la Chine contemporaine. Lady’s (2000) est le fruit d’une caméra cachée dans les « ladies room » d’un night club de Pékin où des prostituées bavardent en se préparant pour leurs clients. Dans Toot (2001), Cui Xiuwen se met en scène et paraît telle une momie immobile, enveloppée de la tête aux pieds dans du papier toilette — image de la femme soumise aux regards de l’homme. Lentement des gouttes d’eau désagrègent l’enveloppe, laissant la femme nue et triomphante comme La Naissance de Vénus de Botticelli.
Public Space (2000) a pour décor une projection de cinéma en plein air comme il en existait dans les années 70. Diffusant en boucle une scène de déclaration d’amour extraite d’un film de l’époque, l’artiste s’interroge sur la réaction des jeunes d’aujourd’hui face à la même scène.
Sanjie (2003) est une réinterprétation de la Cène de Léonard de Vinci avec pour seule figure une jeune écolière chinoise portant un foulard rouge, symbole des membres du Groupe des Jeunes Pionniers. Ce foulard représente toute une période dans la mémoire de l’artiste. La chemise reste très blanche dans son souvenir. Pourtant Cui Xiuwen est consciente que les mémoires deviennent floues, et que la couleur de l’histoire tente de masquer les dérives et les erreurs du passé. Mais Judas pourrait bien être en chacun d’entre nous.
Cui Xiuwen va dorénavant centrer son œuvre sur l’innocence de la jeunesse avec un personnage qui semble être son alter ego, du moins une sorte d’icône qu’elle place dans différents contextes.
En 2004, elle se tourne vers la photographie. Dans la série Angel (2006 – 2008), la jeune fille, enceinte, est habillée d’une robe d’un blanc virginal. Seule, elle n’exprime pas la sérénité que pourrait supposer son état. Il peut même arriver qu’ une larme coule (Angel 13 ). D’autres photographies de la série démultiplient le personnage et les mettent en scène dans des lieux symboles de pouvoir. Les jeunes filles paraissent contraintes et prisonnières, elles tentent parfois de s’échapper en escaladant une pyramide de sable pour surmonter les murs de la Cité Interdite (Angel 6).
Avec ces modèles, l’artiste évoque le sort des jeunes femmes bridées par les traditions sociales ou la politique de primauté donnée à l’enfant mâle. Vendues autrefois dès leur jeune âge comme épouses, servantes ou concubines, elles sont aujourd’hui kidnappées, victimes d’inceste ou du Sida.
Ici encore se retrouvent des références culturelles composites. Une architecture impériale chinoise, un ciel bleu emprunté à l’art occidental, une adolescente bien contemporaine. Dans cette lumière égale et atemporelle, les incongruités du contexte (que vient faire une écolière seule dans le Palais impérial ?) ou encore le maquillage artificiel, créent une sorte de disharmonie sentie plus que perçue. Un genre de nouvel opéra chinois qui transcende les particularismes de temps et de lieu.
Au retour d’un séjour au Japon, la dernière série de Cui Xiuwen (2009) qu’elle nomme Existential Emptiness, analyse les différents aspects de son moi, variables dans le temps et l’espace. Elle met ici en scène une jeune fille un peu plus âgée qu’avant, accompagnée d’une poupée qui lui ressemble. Assez monochromes, ces photographies s’inspirent de la peinture traditionnelle chinoise dans leur format et leur composition tandis que la poupée rappelle les marionnettes du théâtre japonais bunraku.
Placées ensemble ou séparées, dans des mises en espace très étudiées, les deux figures sont les deux parties d’un puzzle, évoquant la dualité corps/âme, yin et yang, vie et absence de vie. Elles peuvent être allongées en miroir dans la neige, leur tête dirigée vers le centre de la composition (Existential Emptiness 1). Parfois elles sont trés proches, ailleurs leurs silhouettes minuscules dans l’immensité du décor sont éloignées par une distance considérable. L’exagération du format horizontal qui magnifie la rivière blanche rappelle les œuvres méditatives de Sugimoto.
Dans ces paysages gelés du Nord de la Chine, magnifiés par des formats démesurés, Cui Xiuwen opère dans un nouveau style où la poupée accentue le contenu symbolique de l’œuvre. Une œuvre énigmatique et forte, toujours emprise entre modernité et tradition.
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Evénement Samedi 5 février 2011 19:00 → 21:00
Nocturne jusqu’à 21h
Horaires
Du mardi au vendredi de 14h à 19h
Les samedis de 11h à 19h
Et sur rendez-vous