Dana Cojbuc — Out in here — Galerie Catherine Putman — Exposition — Slash Paris

Dans 10 jours : 9 novembre → 21 décembre 2024

Pour sa première exposition personnelle à la galerie, Dana Cojbuc fait le choix de réunir différentes séries sur lesquelles elle travaille depuis 2019 et de nombreuses œuvres inédites.

Après avoir développé un travail photographique pendant plusieurs années, Dana Cojbuc effectue une singulière et sensible transition vers le dessin. À l’occasion d’une résidence artistique au Sunnhorland Museum en Norvège en 2019, elle passe d’une approche purement photographique à une vision dessinée du paysage.

En partant de ses propres tirages, l’artiste extrapole, redéfinit les limites et réinvente le sujet par le dessin. La frontière entre la photographie et le travail au fusain est subtile, mystérieuse et ouvre la voie à des lieux imaginaires. Ce prolongement agit comme un révélateur du caractère graphique et plastique du paysage réel, dans lequel elle intervient parfois au préalable, à la manière d’un artiste du Land art.

Dana Cojbuc grandit dans un petit village en Roumanie et son rapport à la nature est profondément marqué par cette enfance à la campagne. Elle porte un regard poétique sur le paysage, joue avec lui et n’hésite pas à le mettre en scène. Il lui arrive de déplacer ou d’ajouter des éléments : troncs, branches, farine. Son investissement physique est au cœur de sa pratique. À pied ou à bicyclette, elle arpente, forêts, rivages, landes et chemins, avec une endurance remarquable. Elle hume, regarde, cherche, ressent.

Dana Cojbuc place au cœur de son exposition la question de la composition. Sa maîtrise en est tout de suite perceptible dans son travail : dans la prise de vue, le choix des formats, l’équilibre entre l’espace réservé à l’image photographique, au dessin et au blanc du papier. La grande variété de formats et la récurrence d’images présentées en diptyque sont des aspects essentiels de ses réalisations.

Elle reprend des images de la série fondatrice Yggdrasil, 2019, dont certaines jamais exploitées, qu’elle souhaite présenter dans un accrochage en îlot de miniatures. Dans un souci de contraste, elle prépare de grands formats, paysages issus de différentes régions, qu’elle veut réunir par le dessin sur les œuvres, mais également directement sur les murs.

Cette volonté de mélanger des images souligne la dimension imaginaire de son travail. La réunion — par le dessin — de paysages saisis en Roumanie, en Provence, dans les Landes, au Pays-Basque, en Normandie et en Norvège permet un voyage en dehors d’une réalité géographique, comme un paysage sans frontière. Si l’idée de garder le souvenir photographique de certains lieux est à l’œuvre, ce n’est pas une quête nostalgique qui guide l’artiste. Il s’agit davantage de laisser émerger des réminiscences platoniciennes ou plus personnelles. Le dessin ensuite prend place dans les marges, importantes, les blancs destinés à évoquer le non-fini, comme une invitation à une balade dans un monde en mutation, à parcourir.

Dana Cojbuc est née en Roumanie en 1979. Diplômée de l’école des Beaux-arts de Bucarest, elle vit aujourd’hui à Paris.

« Je surprends d’abord le réel par la photo. Je le prolonge ensuite par le dessin, tout en lui restant fidèle, pour l’amener vers un monde inventé. La photographie enregistre mon regard et le dessin offre une nouvelle expérience où se nouent et se raniment mes mémoires. Je photographie les éléments de cette nature puis en esquisse les contours infinis pour les réinventer a posteriori. Fragile tentative anthropocéne de mêler mes forêts intérieures à celles qui
m’entourent alors. Les traits de fusain tracés dans la continuité de la photo lui confèrent l’aspect d’un dessin amenant le spectateur en dehors du cadre photographique. » Dana Cojbuc 2023