David Lefebvre — Pour le reste
Exposition
David Lefebvre
Pour le reste
Passé : 6 septembre → 18 octobre 2014
À partir de photographies personnelles, prises au gré de ses déplacements et de ses voyages, David Lefebvre peint des portraits de proches (celui de sa compagne à répétition) comme des paysages champêtres ou urbains. Il y a quelques années, le tableau paraissait « inachevé », laissant visible par endroits la toile vierge, « témoin » du support matériel du tableau, comme le tracé au crayon d’une mise au carreau. Il en reste aujourd’hui la présence occasionnelle de marges blanches en bordure du tableau. Le processus de montage de la composition se manifeste par l’existence d’éléments simplement dessinés — façon Hockney — dont la surface d’occupation relative par rapport à la partie peinte est variable jusqu’à réduire celle-ci à une simple bande colorée (Cedar Bridge). Parfois il s’agit juste d’une déchirure aussi étroite qu’un zip (pour faire référence à Newman). Les tableaux de David Lefebvre sont des images mentales : le réalisme de la scène est affecté par la dé-réalisation de certaines zones. Une perte de données touchant souvent l’élément le plus figuratif de l’image initiale, ouvre ainsi une béance dissimulée comme le ferait un camouflage.
Ces surfaces résiduelles et ces déchirures forment une résille cellulaire dont l’effet vitrail tranche avec l’aspect réaliste de l’environnement. Elles peuvent aussi prendre la forme abstraite de taches rouges ou noires aux contours irréguliers crevant la surface. Lefebvre introduit aussi des sortes de « corps étrangers » : figures géométriques uni-colorées, plates (Falls) ou volumétriques.
Un tel processus de prolifération cellulaire inquiète davantage quand il affecte la forme d’une figure et pas seulement d’un objet. Ainsi de Big Sur Campground dont la silhouette féminine debout sur un rocher est gagnée par un virus visuel qui la recouvre entièrement. « Le verbe forer peut renvoyer à mes images peintes dans lesquelles il y a des espaces vides, des trous, même s’ils apparaissent toujours rebouchés », indique Lefebvre.
« Il y avait aussi l’idée de faire une exposition sur la forêt. Finalement, ce sont les interactions qui m’ont intéressé. Je me suis pris au jeu de l’intitulé en anglais et ça a donné “for rest”. Dans “for rest” il y a aussi “le reste” de plus en latin “res” c’est “la chose”, donc peut-être est-ce le reste de la chose. »
David Lefevre est né en 1980. A l’âge du 2.0 et de son flux d’images, ses études à l’École des Beaux-Arts de Grenoble le familiarisent avec les « nouvelles technologies », l’installation et la performance. Cela ne le détourne pour autant pas du dessin et de la peinture. Marqué par l’exposition Cher Peintre, peins-moi au Centre Pompidou (2002), il apprécie Luc Tuymans, Peter Doig et John Currin. Avec le groupe « Basse Def » animé par Stéphane Sauzedde, il s’intéresse aux images pauvres et veut « revenir à des questions sincères, loin des effets spéciaux sans beaucoup de contenu ». De 2007 à 2012, il prend part à l’aventure collective du Centre d’art « Oui » à Grenoble. En 2007 il participe au projet Pilot 3 en off de la Biennale de Venise (University of Arts, London) sur une proposition de Inge Linder-Gaillard alors curator au Centre d’art Le Magasin.
L’artiste
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David Lefebvre