Des lieux de digression — Commissariat de Marion Delage de Luget
Exposition
Des lieux de digression
Commissariat de Marion Delage de Luget
Passé : 24 avril → 21 mai 2015
Un acte de langage, son inscription comme texte procèdent toujours d’une mise en espace parfaitement régulée : il faut respecter scrupuleusement la succession comme les écarts constitutifs entre chaque composant pour dérouler correctement le propos. La « bonne formulation » réclame cette « bonne forme » qui est toujours question d’espacements — ceux-là, indispensables, qui structurent l’assemblage en un tout cohérent, qui le composent pourrait-on dire afin de souligner le parallèle entre le champ de la littérature et celui des arts plastiques. Car qu’il s’agisse des respirations rythmant la phrase, des blancs typographiques ou de ces autres vides, ces autres fonds desquels la forme se détache, et encore de ces marges, distances plus ou moins prononcées que l’on ménage à l’accrochage, c’est égal : tout ce que l’on informe s’articule grâce à ce même principe d’intervalles conjonctifs qui rendent distincts les différents éléments tout en en garantissant du même coup l’ordre, et la liaison. Mais voilà, ces césures servent si bien l’enchaînement que parfois on les en oublie. L’habitude aidant, la convention devient convenance. Acquise, tacite. En bref, suffisamment implicite pour que l’on se prenne à négliger son caractère coercitif — la façon dont elle conditionne l’intelligibilité, mais surtout détermine la teneur même de l’ensemble qu’elle façonne. D’où l’importance de cette notion de digression qui par essence ajourne, déborde, diverge, interfère, autrement dit se joue de tout modèle de spatialisation. Et incite par là à reconsidérer ces espacements dont dépend la conception même de l’œuvre.
Initialement proposée dans l’atelier de Loïc Blairon (juin 2014, Cité Internationale des Arts), Des lieux de digression se décline en deux nouveaux volets : à Progress Gallery (Paris 11ème), du 23 avril au 21 mai 2015, ainsi qu’aux Salaisons (Romainville), du 7 au 24 mai 2015. En proposant ces variations, ces reformulations de la problématique initiale, l’exposition elle-même adopte une forme discursive : celle du délai et de l’écart. Car d’un accrochage aux suivants, d’un lieu à l’autre autant d’embardées possibles — de correspondances, aussi et peut-être surtout de déviations. Ce choix d’un commissariat scindé en deux propositions, synchrones mais radicalement distinctes, entérine une volonté de s’affranchir de toute linéarité : Des lieux de digression investit d’un côté, à Progress Gallery, un white cube — espace qui prétend au maximum de clarté et de transparence, construit pour isoler l’œuvre —, ce cube blanc qui sur-détermine tout ce qu’il accueille, et de l’autre, aux Salaison, une friche industrielle, exact opposé de ces impératifs de dépouillement et de lisibilité auxquels la mise en scène blanche contraint communément les œuvres.
Avec Loïc Blairon / Anne de Nanteuil / Benoît Géhanne / Jean-François Leroy / Maude Maris / Miquel Mont / Sophie Nicol / Florence Reymond
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Vernissage Jeudi 23 avril 2015 18:00 → 21:00
Les artistes
- Benoît Géhanne
- Maude Maris
- Jean-François Leroy
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Florence Reymond
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Miquel Mont
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Loïc Blairon
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Anne De Nanteuil
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Sophie Nicol