Dynasty — 1 exposition, 2 lieux, 40 artistes, 80 propositions
Exposition
Dynasty
1 exposition, 2 lieux, 40 artistes, 80 propositions
Passé : 11 juin → 5 septembre 2010
Une collaboration inédite entre le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC et le Palais de Tokyo
Cette exposition prospective présente une nouvelle génération d’artistes sur la totalité des espaces d’exposition du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC et du Palais de Tokyo. Dynasty réunit une quarantaine d’artistes sur près de 5 000 m², marquant ainsi un engagement fort de ces deux institutions envers la création émergente et une nouvelle étape dans la collaboration entre les deux ailes du bâtiment.
Selon une règle du jeu préétablie par Fabrice Hergott, Marc-Olivier Wahler et leurs équipes scientifiques, chaque artiste est invité à montrer deux œuvres en résonance : l’une au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, l’autre au Palais de Tokyo, soulignant ainsi la complémentarité des deux institutions et offrant aux artistes une occasion unique de développer plus largement le champ de leur univers créatif.
Stéréo, symétrie, dialectique : à travers la multiplicité des techniques et des approches stylistiques, le projet vise à révéler l’énergie qui habite ces artistes, mais aussi leurs interrogations, leurs ambiguïtés ou leurs paradoxes.
Dynasty s’inscrit dans la continuité d’un travail de prospection mené dès 1977 par l’ARC au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, notamment avec les Ateliers qui ont révélé de nombreux artistes, et par les Modules du Palais de Tokyo, consacrant deux expositions mensuelles à la jeune création depuis 2006.
Le projet se propose de prendre le pouls de la sensibilité artistique émergente en France, d’en marquer les points de rencontres et de divergences et de participer à son rayonnement sur la scène artistique internationale. Il témoigne de l’essor artistique à Paris et en région, des écoles et des centres d’art, des Frac et des lieux alternatifs.
Les artistes exposés
01 — Gabriel Abrantes et Benjamin Crotty présentent Meixue (2010). Suite d’un court-métrage intitulé Liberdade (2009), ce film traite d’une relation amoureuse troublée entre une jeune fille issue de la communauté chinoise aisée et un jeune Angolais. Déplacements, dédoublements linguistiques, géographiques et culturels sont également présents dans Visionary Iraq (2008). Projeté au Palais de Tokyo, ce film est le récit de jeunes Portugais qui décident de quitter le giron familial pour s’engager en Irak. Hommes, femmes ou enfants, Gabriel Abrantes et Benjamin Crotty interprètent tous les personnages de ce drame.
02 — Farah Atassi présente plusieurs œuvres de la même série, réflexion sur le dénuement, le vide et l’absence. Ces tableaux décrivent des espaces pauvres, publics et privés, qu’elle nomme « lieux de transition ». Ainsi, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC présente quatre intérieurs vétustes et désertés (Basement, Transitional home 2, Worker room, Library), habités par le spectre du Bauhaus, du constructivisme ou de Bernard Buffet. Le Palais de Tokyo expose pour sa part Bathroom, The Studio and Tenement II, trois univers en corrélation avec l’espace du Site de création contemporaine et plus particulièrement avec sa friche abandonnée.
03 — Laetitia Badaut Haussmann interroge la mémoire des deux lieux. Ainsi, le cèdre qu’elle présente au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC évoque celui qui se trouvait devant l’Ambassade de Pologne, abattu lorsque l’Ambassade fut rasée pour permettre la construction des deux institutions en 1937. Au Palais de Tokyo, une sonate retentit entre les murs. Elle envoute le visiteur et rappelle les heures sombres de l’Occupation, quand les Allemands entreposaient dans les sous-sols du bâtiment des centaines de pianos confisqués aux familles juives.
04 — Gaëlle Boucand présente au Palais de Tokyo cinq sculptures dont la réalisation est inspirée par un collage de papillons véritables, spécialement traités pour demeurer inaltérables. Ce questionnement de l’éphémère à la conservation oscille entre ésotérisme archaïque et velléité de cryogénisation futuriste. Dans l’espace du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, l’artiste projette Partis pour Croatan (2010), film documentaire qui tire son titre d’une légende indo-américaine rapportée par Hakim Bey. Le film présente une communauté de raveurs dont les vies sont suspendues à une intense expérience collective. Au cœur d’une fête sans fin où la nuit ne tombe jamais et qui dure soixante-douze heures, le spectateur perd ses repères temporels dans une enclave de plus en plus hermétique au monde.
05 — Mohamed Bourouissa projette Temps Mort, film réalisé par le truchement d’un téléphone portable. Cette correspondance pixelisée entre l’artiste et un détenu soustrait l’espace carcéral à l’information pour laisser place à l’imagination. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC présente Légendes, documentaire sur des vendeurs à la sauvette dans le quartier de Barbès à Paris. Le commerce illicite se dévoile au travers d’un procédé filmique précaire : des caméras subjectives sont portées directement par les vendeurs. [media#1608]
06 — Guillaume Bresson interroge les phénomènes narratifs qui se dégagent de ses toiles. Au Palais de Tokyo, l’artiste expose des scènes de parkings souterrains où l’indétermination, voire l’absence d’action, prédomine. Si le drame se montre en négatif, il n’en est pas moins violent. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC accueille quatre tableaux qui décrivent les plans d’une même séquence dans une unité classique de temps, de lieu et d’action. De la mise en scène photographique à la construction picturale, du fait divers à la peinture d’histoire, de l’intrigue à la fugacité du geste, Guillaume Bresson semble inscrire la peinture dans un écart temporel.
07 — Pierre-Laurent Cassière présente l’installation Mag-Net au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC. Un fin fil de cuivre parcourant l’intégralité de l’exposition capte en direct les champs électromagnétiques, avant de les révéler dans les dernières salles sous la forme d’un drone sonore. Au Palais de Tokyo, Pulse (2010) amplifie l’infra-mince grâce à un radiomètre de Crookes. Cet objet scientifique du XIXème siècle, composé d’une ampoule et d’ailettes en mica, est ici traversé par un faisceau laser. Sous l’effet d’une source de lumière externe, les fragiles ailettes se mettent en mouvement et perturbent le faisceau, produisant alors dans l’espace de puissants battements acoustiques.
08 — Yuhsin U. Chang présente Poussière, deux imposantes installations in situ au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC et au Palais de Tokyo. Ces monuments envahissent l’espace de manière surnaturelle comme un corps invisible, inachevé, résiduel. Informes et précaires, ces géants de poussière oscillent entre désagrégation et régénération.
09 — Stéphanie Cherpin a puisé dans les stocks de la voirie de la Ville de Paris afin de réunir un ensemble de matériaux aux formes parfois méconnues. Exploités pour leur potentiel sculptural sémantique, ces « vestiges » aux formes agressives, douces, pleines, maigres sont coupés, séparés, recombinés avec d’autres éléments selon un principe formel. Après avoir créé une résonance plastique entre ces composants, l’artiste a brutalement procédé à leur séparation. Sa sculpture est partagée entre le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC et le Palais de Tokyo.
10 — Pauline Curnier-Jardin présente une « performance-film » révélatrice de ce travail. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC expose Le Salon d’Alone, un opéra pour 80 diapositives, deux musiciens, un narrateur. Qualifiée de « diapopéra psychédélique », cette projection qui mêle l’absurde au métaphysique est l’interprétation chantée d’un cabinet de curiosité. A l’image du diaporama intitulé Ami, présenté au Palais de Tokyo, nombre de ses films, performances, chansons, documentaires, fictions et discours critiques partagent un livret commun.
11 — Mélanie Delattre-Vogt présente deux séries de dessins dont l’inspiration commune est un manuel de congélation des années 1970. Pour le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC, Mélanie Delattre-Vogt réalise neuf dessins de grand format (56 × 76 cm). Certains auront pour origine le manuel de congélation, d’autres seront directement liés au hasard des découvertes, d’objets égarés, de photographies déplacées ou de fragments de textes prélevés aléatoirement. De formats plus réduits, les vingt-et-un dessins présentés au Palais de Tokyo sont traversés par un dispositif acoustique, une « douche sonore » qui transforme le spectateur en auditeur.
12 — Alain Della Negra et Kaori Kinoshita présentent The Coming Race (2010). Ce projet s’articule autour d’une série de photographies présentées au Palais de Tokyo et d’un cycle de conférences données au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC. A travers ces dispositifs, Alain Della Negra et Kaori Kinoshita rendent compte de leur exploration de communautés utopiques européennes et dressent le portrait d’un nouveau genre humain, polymorphe et télépathe, dont la perception psychique et sensorielle s’étend aux mondes invisibles.
13 — Daniel Dewar et Grégory Gicquel présentent un monument au pêcheur inconnu. Cette œuvre explore l’espace entre la sculpture fragmentaire moderne et la contemplation promise par l’industrie du loisir. Les artistes présentent par ailleurs dans le hall du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC une tapisserie monumentale qui déstructure l’espace et pousse les limites de la sculpture.
14 — Bertrand Dezoteux projette deux œuvres récentes. Le Palais de Tokyo présente une fable intitulée Zaldiaren Orena (2010), ou L’Heure du cheval. Située en 1943 au Pays Basque, l’histoire repose sur un décor réel, peuplé d’objets et de situations étranges, emprunts de folklore et de travail agricole. Au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC, l’artiste propose Biarritz (2010), une scène d’inspiration mythologique, un retour aux origines du monde aquatique, filmé sur l’eau et soumis à l’effet des vagues.
15 — Rebecca Digne projette Mains, un film dans lequel l’artiste impose un face à face avec l’image ambigüe d’un jeune homme — homme traqué ou pèlerin ? — dont les mains levées, en position d’orant, lui donnent un aspect étrange et effrayant. Le Palais de Tokyo projette Le Matelas. Ce film muet en noir et blanc, tourné en 16 mm, forme une boucle incessante où l’objet éponyme s’anime d’une force invisible, sans commencement ni fin.
16 — Antoine Dorotte réalise deux nouvelles œuvres. Au Palais de Tokyo, Blow (2010) couvre une surface murale de plusieurs dizaines de m2. L’assemblage de modules, référence aux cassettes en quartz-zinc élaborés pour l’architecture contemporaine, propose un dessin délibérément diffus formant une nébuleuse. Au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, Antoine Dorotte réinterprète l’image symbolique de l’Ouroboros, le serpent qui se mord la queue. Suite d’O (2010) est composée de pièces métalliques servant à l’évacuation des eaux de pluie, gravées à l’eau-forte. Chaque pièce comporte un numéro et s’inscrit dans la suite de Fibonacci, célèbre suite exponentielle de nombres entiers.
17 — Julien Dubuisson propose deux nouvelles œuvres au sein desquelles les formes s’amorcent en négatif et positif. Au Palais de Tokyo, l’artiste présente Visite extérieure d’une grotte (2010). Trop petite pour être une véritable caverne, trop grande pour être une maquette, la sculpture s’étend sur sept mètres en un volume informe, plein, opaque et dense. Au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, l’artiste expose Ghost Dance, des empreintes de pas fossilisées dans une dalle de ciment. Cette œuvre fait référence à une danse amérindienne sacrée dont il reste aujourd’hui peu de traces.
18 — Vincent Ganivet présente Caténaires, un ensemble de sculptures réparties entre le Palais de Tokyo et le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC. Ces arches autoportantes en parpaings de différentes hauteurs, évoquent à la fois des chantiers de construction et des squelettes de cathédrales romanes. Face aux œuvres suspendues, la catastrophe semble imminente, mais toujours reportée. Restent des points de fuite poétiques, résultant du faux-semblant, d’un fonctionnement « à vide » de ses œuvres.
19 — Giraud et Siboni présentent deux nouvelles séries d’œuvres, réparties entre le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris / ARC et le Palais de Tokyo. D’une part, Sans Titre (Et si quelque part quelque chose se mettait simplement à vous remplacer) est un ordinateur calculant, pour un temps chiffrable en millions de milliards d’années, une équation de zéro dont le résultat final ne peut être que zéro. D’autre part, Sans Titre (La vallée Von Uexküll 1920 × 1080) et Sans Titre (La vallée Von Uexküll 4036 × 2048) sont les deux premières œuvres d’une série répondant à un strict protocole : vidéos de coucher de soleil, réalisées sans lentille ni objectif à l’aide d’une caméra de très haute résolution. Ces deux pièces instaurent un monde dont la machine est la mesure : altérité sourde qui déjà exclut l’homme de son système et le renvoie à sa marge.
20 — Camille Henrot présente Dear survivor, let it be known that you are not alone (2010). Ce projet commun au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC et au Palais de Tokyo propose un face à face entre les deux institutions en confrontant deux œuvres monumentales. A partir d’un plat de céramique de cinq mètres de diamètre qu’elle a brisé, l’artiste répartit les morceaux pour créer deux sculptures. Chaque édifice est soutenu par une béquille, présentoir précaire d’une œuvre fragile et massive qui résiste à la destruction.
21 — Louise Hervé et Chloé Maillet proposent L’homme le plus fort du monde (stratigraphie). Le Palais de Tokyo et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris/ARC, implantés dans un même bâtiment néo-romain, deviennent des lieux d’enquête archéologique. A travers des extraits de péplums mettant en scène Hercule d’une part et Maciste de l’autre, le visiteur est appelé à relever des connivences entre ces films et l’architecture du bâtiment construit en 1937.
22 — Armand Jalut présente un ensemble de peintures et dessins au pastel. Au Palais de Tokyo, l’artiste présente notamment son triptyque Lapin Smarties (2008), lapin environné de pastilles de chocolat multicolores, offrant le spectacle d’un festin improbable. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, expose quant à lui la série des Canapés (2008-2010), sofas éventrés par des chats griffeurs dont émanent de fragiles bulles de savon. A la fois kitsch et étranges, ces œuvres participent d’un processus de décalage, de grossissement, voire de sexualisation des formes.
23 — Laurent Le Deunff. Abandon, recyclage et collecte, autant d’états transitoires que l’artiste explore pour DYNASTY. Au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC gît un Matelas de bois érodé par l’océan et un Mammouth (2001) conçu avec des cartons découverts après la fonte des neiges. Le Palais de Tokyo présente un Crâne (2003) amoncelé d’ongles récoltés pendant un an. Ici, le retour à l’état de nature passe inéluctablement par la pratique de la matière.
24 — Benoît Maire présente Le Nez (2010), une sculpture en bronze accompagnée de textes et de dessins, sortes de métadonnées de l’œuvre. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC projette le texte de cette sculpture et accueille La Caverne, une installation composée de miroirs, de chaises et d’un télescope.
25 — Vincent Mauger procède à l’invasion des architectures du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC et du Palais de Tokyo. D’un côté, une structure grimpe au plafond, de l’autre une œuvre prolifère sur le sol. Entre maquettes grandeur nature et panoramas minéraux, l’artiste reconfigure ces lieux d’exposition en territoires hostiles, jungles changeantes étrangement familières.
26 — Robin Meier et Ali Momeni, pour Imaginez Maintenant, proposent une nouvelle installation constituée d’une forêt de haut-parleurs suspendus à hauteur de tête, devant la Salle Dufy du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Dans cet environnement enveloppant et immersif, le visiteur découvre l’activité électromagnétique, invisible mais omniprésente, qui l’entoure. Du 2 juillet au 5 septembre, Robin Meier et Ali Momeni proposent d’établir une connexion en direct avec un observatoire afin d’intégrer l’écoute des étoiles et des pulsars aux autres sources sonores.
27 — Théo Mercier expose Le Solitaire (2010), un géant de 3 mètres sculpté en spaghettis. Si Théo Mercier fait du spectaculaire avec de l’alimentaire, son œuvre porte avant tout sur l’attente et la tristesse. Au Palais de Tokyo, l’artiste présente cinq totems, déités de terre, de poils, de verre, de bois et de chair. Généralement absents des musées, ces dieux pauvres, boiteux, vilains et rabougris trouvent ici un piédestal. Des idoles mutantes que l’artiste voudrait à l’image des hommes : difformes, décadentes et borderline.
28 — Nicolas Milhé présente une œuvre monumentale au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC. Enseigne lumineuse, Respublica (2009) prend la forme des néons publicitaires qu’on peut voir sur le toit des immeubles. Au Palais de Tokyo, l’artiste expose un mur fendu, une Meurtrière (2009). Souvenir de la barbarie médiévale, l’œuvre transforme l’espace d’exposition en place forte, un territoire sous surveillance.
29 — Benoit-Marie Moriceau. Dans le cadre d’Imaginez Maintenant, le projet de l’artiste, se définit par la mise en place d’un puissant éclairage concentré sur le parvis bas entre les deux institutions. Avec des projecteurs similaires à ceux utilisés sur les terrains de sport ou de spectacles, l’artiste crée un espace-temps nocturne et fait de l’architecture un extraordinaire point lumineux dans la ville. Cette installation intitulée Bright square Society s’allumera pour la première fois le 1er juillet à 22h30 et restera illuminée jusqu’au 5 septembre.
30 — Jorge Pedro Nunez présente Sans titre. Assemblage hétéroclite de différents objets et de mobilier récupéré dans les réserves du musée, l’œuvre propose une relecture d’Architekton, une série de maquettes-architectures réalisée par Kasimir Malévitch dans les années 1920. L’artiste joue sur le glissement entre des contextes culturels distincts, associant le suprématisme aux objets de la vie quotidienne. Au Palais de Tokyo, Jorge Pedro Nunez érige un sculptural Hommage à Simon Rodia — auteur des célèbres Watts Towers de Los Angeles –, The Watts Towers (nuestro pueblo) (2009). Ce parallèle questionne la manière dont une somme d’objets et d’individus peuvent « faire masse » et s’agglomérer en monument dans un espace public.
31 — Masahide Otani présente Volets clos (2010). Cette série de sculptures identiques répète la forme d’un volet fermé. Installés côte à côte, ces moulages excluent le spectateur, le maintiennent hors d’atteinte de l’œuvre. Au Palais de Tokyo, Masahide Otani expose Je fait (2006), sculpture-structure qui reprend le motif d’un échafaudage. Cette œuvre modulable relève l’inconstante inflexion du vide qui l’entoure. Elle semble annoncer une mise en chantier de l’espace d’exposition, immédiatement démentie par son inanité.
32 — Florian Pugnaire et David Raffini. Dans le cadre d’Imaginez maintenant, les deux artistes proposent une sculpture au niveau 1 de la friche du Palais de Tokyo. D’un promontoire naturel, les spectateurs découvriront « un récit mécanique ». Par la sculpture et le cinéma, les deux artistes exploreront les possibilités narratives d’une destruction. Après plus de vingt ans de fermeture, le public pourra à nouveau accéder au niveau 1. Le projet de Pugnaire et Raffini est l’occasion d’annoncer le début des travaux de réhabilitation de cet étage.
33 — Jean-Xavier Renaud propose au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris La Carrière franco-italienne, un accrochage désarticulé, ponctuant les espaces d’expositions d’images diverses, inspirées de ses excès, de ses engagements et de ses excentricités poétiques. L’espace du Palais de Tokyo accueille un grand dessin à la craie grasse, intitulé Le Conseil municipal (2008).
34 — Raphaëlle Ricol présente une sélection de ses tableaux. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC accueille notamment La Lutte des places, Le Soleil noir et l’Enfant soldat, autant de titres évocateurs pour ces peintures sans compromis. Au Palais de Tokyo, Raphaëlle Ricol construit un monde campé de personnages tels que Spider(man) ou Michaël Jackson. Cette population de nature divertissante révèle toutefois ses monstres intérieurs comme autant de transformations physiologiques et mentales dont les titres révèlent bien la teneur : paranoïaque inventée, Mutation interne…
35 — Bettina Samson expose au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris /ARC, une série d’œuvres inspirée des Becquerel, Edmond (1820-91) et Henri (1852-1908) qui ont successivement photographié pour la première fois le spectre solaire et découvert la radioactivité. Le Palais de Tokyo présente Warren, 1/4 de seconde en Cinémascope (2007), sept portraits de Warren Oates, matérialisations sculptées à partir de photogrammes issus d’une scène de La Horde Sauvage (Sam Peckinpah, 1969).
36 — Alexandre Singh expose deux variantes d’Assembly Instructions (2008). Par le truchement d’une photocopieuse, deux systèmes iconographiques, deux théorèmes parallèles, semblent décrire l’ordre du monde. En somme, ces vastes machines cartographiques font passer le Big Bang au travers d’une trieuse.
37 — Oscar Tuazon présente une série de sculptures qui visent à révéler les tensions de l’espace. Celles-ci contaminent les salles d’exposition, en altèrent leur perception, leur expérience, voire leur fonction. Au Palais de Tokyo, l’artiste collabore avec Eli Hansen. Tous les deux réalisent Kodiac (2008), une sculpture inspirée par la tentative de construire un lieu de vie dans un espace hostile, l’île Kodiak en Alaska.
38 — Cyril Verde, en collaboration avec Mathis Collins partent de la gravure d’une coupe géologique du terrain traversé par le puits artésien des abattoirs de Grenelle, pour revisiter ensemble l’histoire de Paris et en particulier l’aventure des puits artésiens de la fin du XIXème siècle. Verde et Collins, s’autoproclament héritiers de Louis-Georges Mulot en proposant la réactivation d’un forage oublié à l’emplacement de l’actuel Palais de Tokyo. Réactivation qui dans leur désir le plus fou, donnerait naissance à une fontaine au sein du Palais de Tokyo. Au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris /ARC, les artistes présentent une collection thématique d’objets fabriqués et récoltés durant leurs recherches et constitutifs du Monument pour un huitième puits artésien, Paris, 1842-2010.
39 — Duncan Wylie propose quatre tableaux de grand format. Ils placent le spectateur au cœur d’un événement où l’ordre et le chaos constituent un terrain privilégié d’expérimentations. Au Palais de Tokyo, Duncan Wylie procède de manière inverse, exposant une seule toile de très grand format, inspirée de trois documents, Love All (2010). Le télescopage de ces images tisse des parallèles entre le récent séisme à Haïti, la reconstruction des villes allemandes après la seconde guerre mondiale, la force et la folie de l’homme dans un univers naturel, comme l’évoque Werner Herzog dans Fitzcarraldo (1982).
40 — Chen Yang projette Belle journée (2009). La vidéo met en scène un aquarium sur un chantier de démolition. Les poissons s’agitent pour échapper à l’accumulation de morceaux de sucre, métaphore de la détresse des habitants face à la disparition programmée de leurs logements. Au Palais de Palais de Tokyo Chen Yang projette un film particulièrement intime, Instant (2008). Posée sur le ventre du grand-père de l’artiste, une caméra enregistre le mouvement de sa respiration. Le souffle évoque ici la relation intermittente entre le passé et le présent.
Horaires
Palais de Tokyo :
Tous les jours sauf le lundi de midi à minuit
MAM :
Tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Tarifs
Plein tarif: 9 € — Tarif réduit: 6 €
Le billet donne accès à la visite de l’exposition dans les deux institutions. Valable pour une visite dans chaque institution jusqu’au 5 septembre.