Elouan Le Bars — Deux vérités, un mensonge

Exposition

Techniques mixtes, vidéo

Elouan Le Bars
Deux vérités, un mensonge

Commence aujourd’hui : 5 novembre 2025 → 11 janvier 2026

Du 5 novembre 2025 au 11 janvier 2026, le Frac Île-de-France présente, dans la Project Room du Plateau, une exposition d’Elouan Le Bars. Artiste diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy en 2024, il explore les logiques de simulation des environnements numériques, le potentiel interactif du jeu vidéo et les dynamiques du monde du travail. Ses films et installations immersives, mêlant images réelles, modélisations 3D et objets du quotidien, créent des espaces fictionnels où l’étrangeté brouille les frontières.

Le travail d’Elouan Le Bars explore les logiques de simulation propres aux environnements numériques, le potentiel spéculatif et interactif du jeu vidéo, les mutations du monde du travail et ses corolaires managériaux. Ses films, tournés en images réelles ou à partir de modélisations 3D, sont élaborés à partir de matériaux documentaires (témoignages, entretiens, artefacts numériques, objets trouvés…). Ils sont souvent intégrés à des installations immersives dans lesquelles des objets du quotidien symbolisent les dynamiques de pouvoir qui s’exercent dans des environnements tels que le musée, les bureaux ou encore une rage room. Par ces allers et retours entre des espaces virtuels et matériels, Elouan Le Bars invente des modalités performatives dans un registre où l’étrangeté brouille les frontières, créant des espaces fictionnels qui tendent à augmenter notre perception du réel.

Le titre de l’exposition Deux vérités, un mensonge est emprunté à un exercice de team building permettant de distinguer le vrai du faux en devinant un mensonge parmi trois faits énoncés. Présenté pour la première fois sous la forme d’une installation, le film Peak Performance, 2024 met en scène sept personnages qui évoluent dans un espace (entre bureau, zone de stockage, ou galerie d’art) qui se modifie au fil des exercices de consolidation et de cohésion d’équipe, des improvisations et des histoires de vies professionnelles partagées. Dans un tel cadre, jeu et travail se mêlent aux perspectives, aux déceptions vécues et aux désirs de progression et d’existence par le biais de la parole individuelle et d’une gestuelle collective.

Le film est l’élément central de l’exposition tandis qu’une partie du matériel de recherche du film y trouve une place indicielle : masques, dessins intégrant des images d’archives, une vidéo à 360 degrés, ou encore des objets de décor et certains costumes qui nous placent sur un pied d’égalité avec les protagonistes du film, comme si nous devenions elles ou eux. La paille, dans laquelle chacun des personnages du film semble chercher un petit quelque chose, accentue le décalage avec la réalité d’un travail le plus souvent dématérialisé et l’aspiration à entrer en osmose avec la nature.

Les exercices de team building s’y renouvellent en scènes improvisées, non scriptées, brouillant sincérité et performance. Les moments de pause, les transitions, les gestes périphériques sont conservés. Les jeux de rôles dessinent un corps unique et poreux qui s’affranchit des frontières entre la fiction filmique et la réalité matérielle de l’espace, une porosité intensifiée par la présence de ces signes plus ou moins visibles.

À l’image du château de cartes de jeu de rôle présent dans l’exposition, les vies professionnelles nous font endosser des rôles d’équilibristes qui doivent en permanence être rejoués voire détournés. Les personnages échangent sur la conformité des corps au travail à travers les codes vestimentaires. Leur propre vestiaire leur permet d’évaluer et de comprendre les modèles de ceux et celles qui les emploient. Les costumes participent à ce décalage, ils ne leur appartiennent pas vraiment et contribuent à une forme d’opacité, d’indétermination, comme un espace flottant où l’identité reste en suspens.

Dans ce théâtre, les émotions deviennent des outils, les histoires personnelles un matériau à modeler, et le collectif un décor à entretenir. Il repose sur des dispositifs de croyance : storytelling, motivation, vision commune, culture d’entreprise. Et les récits se déplient entre réalités matérielles et constructions imaginaires : des petits boulots alimentaires sous-payés, une usine de conserverie de poissons, des paysages artificiels, des neiges éternelles, des rideaux épais, un lit où l’on se jette, des emplois du temps que l’on vérifie.

L’exposition Deux vérités, un mensonge convertit le spectateur en un potentiel participant qui, à son tour, entre dans un jeu qui renvoie aux conditions même des travailleurs contemporains, sommés de « performer » leur engagement, de rendre visible leur enthousiasme et leur adaptabilité en toutes circonstances. Dans cette ronde sans fin et depuis ce laboratoire de comportements, la paille gratte et s’immisce partout, les cauchemars rôdent, les mots se déforment de bouche en bouche, les discours et les corps se conforment. Et dans l’attente d’un repos mérité ou d’une pause interdite, les personnalités se diluent, happées par les squelettes de petites architectures de fortune qu’elles tentent d’édifier dans un rythme collectif.

Maëlle Dault

Elouan Le Bars est né en 1998 à Douarnenez. Il vit et travaille à Paris. Il est en résidence à la Villa Dufraine, Académie des Beaux-arts, à Chars. Après des études d’ingénieur à l’Université de Technologie de Compiègne en 2021, Elouan Le Bars intègre l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy dont il sort diplômé en 2024.

Conversations de Plateau artiste-commissaire avec les artistes Mathilde Denize et Elouan Le Bars et l’équipe du Frac : mercredi 03.12, 19h30 — Gratuit sans réservation

19 Paris 19 Zoom in 19 Paris 19 Zoom out

22 rue des Alouettes

75019 Paris

T. 01 76 21 13 41

www.fraciledefrance.com

Jourdain

Horaires

Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Plateau-Apéro : nocturne le 1er mercredi de chaque mois (sauf soirs de vernissage) jusqu’à 21h 

Tarifs

Accès libre

Programme de ce lieu

L’artiste

  • Elouan Le Bars